14 janvier 2014 2 14 /01 /janvier /2014 17:41

 

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I- LE VIETNAM DANS LA MONDIALISATION.

 

« Vietnam : croissance économique de 5,4% au 1er trimestre », Agence France Presse - 29 mars 2011.

« Le Vietnam a enregistré une croissance de 5,4% en rythme annuel au premier trimestre 2011, mais le pays doit faire plus d'efforts pour stabiliser son économie, a indiqué mardi le Département général des Statistiques (DGS) local.

Ce chiffre reflète une légère baisse par rapport à celui de 5,83% des trois premiers mois de 2010, année durant laquelle l'économie vietnamienne avait connu une croissance de 6,8%. "En dépit de certains résultats positifs obtenus dans certains secteurs (...), la production et les activités commerciales vont affronter de nombreux défis et difficultés, alors que l'inflation demeure élevée", a averti le DGS dans un rapport officiel.

Le gouvernement s'efforce actuellement de stabiliser l'économie, et notamment l'inflation et le déficit commercial, après avoir longtemps privilégié la croissance. L'inflation a enregistré son taux le plus élevé depuis deux ans en mars à près de 14% et la Banque centrale a annoncé une dévaluation de 9,3% du dong en février, pour la quatrième fois en 14 mois. Le gouvernement a fait de la lutte contre l'inflation sa priorité et il a déclaré que le pays allait suivre "une politique monétaire de rigueur et de prudence" en "réduisant l'investissement public et (...) en maîtrisant le déficit commercial", qui a atteint 12,4 milliards de dollars en 2010.

Sur les trois premiers mois de 2011, le déficit commercial a été en légère baisse, s'établissant à 3,03 milliards de dollars. Certains économistes ont exprimé leur soutien aux premières mesures mises en place par les autorités en faveur d'une politique monétaire plus rigoureuse et d'un contrôle des grands indicateurs de son économie ».

A- Une économie en transition. 

« Du communisme au capitalisme : la longue marche du Vietnam », par J. ALLARD, de l’Université de Sherbrooke, 16-11-2009.

          « On connait surtout le Vietnam parce qu'il a été le théâtre d'une guerre longue de plus de trente ans entre les camps communiste et capitaliste. Les États-Unis, qui s'y sont impliqués à divers niveaux, soutiennent le régime anticommuniste et nationaliste du Sud-Vietnam. Ils se désengagent néanmoins progressivement à partir de 1969, plus particulièrement avec le traité de Paris de 1973, laissant éventuellement la marge de manœuvre nécessaire à une offensive décisive de la part des communistes du Nord-Vietnam. Ces derniers s'emparent finalement du reste du pays en 1975 et procèdent à sa réunification sous le régime du Parti communiste vietnamien (PCV) en juillet 1976.

          L'émoi causé par la victoire est toutefois de courte durée pour les communistes vietnamiens, puisque les années suivantes (1976-1980) sont pour le moins lamentables. Le PCV établit son Plan quinquennal d'après-guerre autour d'objectifs très ambitieux. En réalité, ils sont probablement trop ambitieux pour un pays ravagé par vingt années de guerre totale contre la première puissance militaire du monde. Entre 1976 et 1980, la croissance annuelle moyenne n'est que de 0,4 %, alors que le Plan visait plutôt 13 % à 14 %. L'inflation annuelle frôle quant à elle les 450 % et la moitié de la population vit sous le seuil de la pauvreté. Durant la même période, 1,3 millions de Vietnamiens quittent ce pays exsangue et frappé de surcroît par une catastrophe alimentaire en 1979-1980.

         Devant l'ampleur de la situation, le Vietnam entreprend quelques réformes économiques dès 1979. Cependant, elles ne sont systématisées et annoncées officiellement que sept ans plus tard, lors du VIème congrès du PCV en décembre 1986. Devant l'échec de l'économie planifiée des années précédentes, un important processus de transition économique, baptisé le « Doi moi » (« renouveau »), est mis en branle. Ce nouveau plan a pour objectifs « la libéralisation et la décentralisation économiques », « la restructuration de l'appareil productif » et « l'insertion internationale ». (…)

          Libéralisation progressive de l'économie - En premier lieu, soulignons que l'orientation prise par le Doi moi laisse croire que le Vietnam ne s'est pas appuyé uniquement sur ses propres échecs pour concevoir son plan de transition économique. Le Vietnam lorgnait certainement du coin de l'œil les succès remportés par son imposant voisin, la Chine, qui avait entrepris des réformes vers une économie de marché depuis 1978. De fait, la nouvelle stratégie économique adoptée par le Vietnam est sensiblement la même que celle déjà déployée par la Chine, soit une stratégie de croissance économique axée sur l'augmentation des exportations et caractérisée par une libéralisation progressive de l'économie.

          Le Vietnam libéralise d'abord le secteur agricole en rétablissant la possibilité d'une exploitation des terres sur une base familiale et privée. Du même coup, le gouvernement vietnamien retire graduellement les mesures de rationnement et les subventions qui avaient été introduites lors des pénuries alimentaires des années précédentes. Ces nouveaux incitatifs amènent le secteur agricole à se diversifier et à augmenter rapidement sa production, propulsant le Vietnam rapidement à un état d'autosuffisance, voire même à un rôle d'exportateur important en matière d'alimentation.

           Aussi, un an après le lancement du Doi moi, en décembre 1987, le Vietnam met en place un pilier important de son cadre légal menant à une économie de marché. Il adopte la Loi sur l'investissement direct étranger (Foreign Direct Investment Law, ou FDI Law), laquelle lui sert pendant plusieurs années à attirer des investisseurs en sol vietnamien et l'aide à se forger une place dans le commerce international.

            Croissance et restructuration économiques - Les années 1990 sont également marquées par l'implantation progressive de réformes visant la libéralisation de l'économie. Il s'agit d'une décennie déterminante pour la transition vietnamienne. Elle est caractérisée par un développement économique accéléré et par des mutations structurelles importantes.

            De fait, entre 1992 et 2002, la croissance annuelle moyenne est de 7,4 % pour le PIB et 5,8 % pour le PIB par habitant. Par ailleurs, la répartition des fruits de cette croissance soutenue s'est faite de sorte que le pourcentage de personnes sous le seuil de la pauvreté est passé de 51 % durant les années 1976 à 1980 à moins de 20 % en 2006.

           Puis, toujours entre 1992 et 2002, la dépendance envers le secteur agricole s'est amoindrie au profit d'une expansion des secteurs de l'industrie et des services. Le poids moyen du secteur agricole dans le PIB passe de 41 % entre 1986 et 1991, à 23 % en 2002. Quant aux secteurs de l'industrie et des services, leur poids moyen passe respectivement de 25,1 % et 33,9 % entre 1986 et 1991, à 38,5 % chacun en 2002.

Insistons sur le fait que toutes les mesures de transition ont été introduites avec parcimonie. L'économie vietnamienne est encore à ce jour considérée comme étant en transition, plus de vingt ans après l'introduction du Doi moi. L'État joue encore un rôle dans l'économie, mais ce rôle va en diminuant.

            D'ailleurs, le nombre d'entreprises détenues par l'État a grandement et graduellement diminué avec les années. Il est d'abord passé de 12 000 en 1993 à 5 800 en 2001, puis à environ 3 000 en 2005. Néanmoins, malgré la dénationalisation d'un bon nombre d'entreprises, l'État demeure un détenteur imposant de parts dans l'économie vietnamienne. Désormais il y a en quelque sorte coexistence entre grandes entreprises industrielles d'État et petites unités de production privées. Les firmes privées ont tout de même vu leur nombre croître rapidement jusqu'à atteindre environ 200 000 en 2006. Cette croissance accélérée a été rendue possible notamment par l'adoption en 2 000 de la Loi sur l'entreprise (Enterprise Law), qui offrait un cadre légal rassurant pour le secteur privé.

             Insertion dans l'économie internationale - Parallèlement aux réformes intérieures, le Doi moi met de l'avant un projet d'insertion dans l'économie mondiale, d'abord par l'ouverture aux capitaux étrangers, dont les capitaux occidentaux, puis par l'adhésion à des organisations internationales, notamment à vocation économique. 

            Ainsi, d'une part, la libéralisation du commerce et la promotion des investissements directs étrangers permet à la valeur des exportations vietnamiennes de croître de 21.6 % annuellement sur près de vingt ans, passant de 0.9 milliard de dollars US en 1986 à 36.5 milliards de dollars US en 2005 (en dollars US constants de 2005). D'autre part, en janvier 1995, le Vietnam dépose une candidature d'adhésion à l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Il y adhère finalement en janvier 2007. Durant le processus d'admission, des oppositions sont exprimées à l'effet que le pays s'expose ainsi à une « concurrence internationale exacerbée », particulièrement après l'entrée de la Chine à l'OMC en 2001. D'autres intervenants, partisans de l'adhésion du Vietnam ceux-là, y voient plutôt un « moyen d'accélérer la restructuration économique en cours et, par les multiples opportunités d'échanges qu'elle offrira, de permettre une meilleure contribution du commerce au développement du pays ».

            En bout de ligne, la prudence, la patience et l'audace qui caractérisent la transition économique du Vietnam ont placé ce pays dans une position qui semble vouloir donner raison aux seconds sur les premiers ».

           Voir aussi http://www.cairn.info/revue-economie-internationale-2005-4-page-27.htm

 

Villes et campagnes : Hô-Chi-Minh ville, et la région de Mai Chau à Son la (dans le nord du pays) – Photos personnelles.

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B- Hanoï et Pékin : des relations agitées et complexes.

 

L’exploitation de la bauxite sur les Hauts Plateaux -  Voir l’article de S. PAMBRUN : « Vietnam : la bauxite de la discorde »

        « Le Vietnam est doté des troisièmes plus importantes réserves de bauxite au monde. Cette matière première de l'aluminium est un véritable jackpot pour le gouvernement communiste de Hanoi, qui multiplie les licences d'exploitation au plus grand mépris des conséquences pour l'environnement.

           Le Premier ministre vietnamien Nguyen Tan Dung en a fait une priorité nationale. Objectif : attirer plus de 15 milliards de dollars d’investissements étrangers d’ici 2025 dans l’exploitation de mines de bauxite et de raffineries d’aluminium. Une volonté politique qui provoque une véritable levée de boucliers à travers tout le Vietnam, notamment depuis l’affaire des boues rouges toxiques de l’usine d’aluminium qui a contaminé des villages entiers de Hongrie l’année dernière. Une affaire qui a relancé la fronde contre les projets du gouvernement de transformer les hauts plateaux vietnamiens en mines à ciel ouvert. Car l’essentiel des réserves du Vietnam est enfoui dans cette région unique, à l’écosystème fragile, où pousse le café et vivent quelques minorités ethniques. Des régions jusque-là épargnées par la course au développement et qui servent de réservoir au Mékong.

05            Boues rouges toxiques - « L’ouverture de la première mine à Tan Rai est déjà inquiétante, nous explique l’un des opposants au projet. C’est une région plutôt sèche et les planteurs utilisent l’eau d’un lac pour irriguer les théiers et les caféiers. Ce lac pourrait être transformé en réservoir de boues rouges ». Connus depuis des décennies, les gisements des Hauts Plateaux sont d’excellente qualité. Ils se trouvent dans les provinces de Dak Nong et de Lam Dong. Ressorti des tiroirs au début des années 80, le projet d’exploitation a été plusieurs fois reporté. D’un côté, l’investissement global est très élevé, plus de 15 milliards de dollars sur 15 ans, et la rentabilité dépend de la grande volatilité des prix sur le marché international. De l’autre, l’exploitation de la bauxite est un véritable casse-tête écologique. Les mines sont à ciel ouvert et le traitement du minerai produit, en grandes quantités, des « boues rouges » très toxiques, qu’il faut emmagasiner afin de protéger les sols et les cours d’eau. Des boues qui contiennent 70% d’hydroxyde de sodium et qui ont déjà fait des dégâts considérables en Hongrie et en Inde. Les polluants imprègnent les nappes phréatiques et les poussières de bauxite polluent l’air. L’alumine est en effet extraite de la bauxite via un processus chimique puis transformée en aluminium. On estime que chaque tonne d’alumine génère ainsi trois tonnes de déchets !

            Après avoir longtemps hésité, les autorités vietnamiennes ont cependant franchi le pas en 2007, en signant un accord de coopération avec le géant chinois de l’aluminium, Chinalco. La participation des Chinois à l’exploitation des gisements a donné une nouvelle dimension au débat. Pékin a en effet fermé ses propres mines en raison des dommages causés à l’environnement. « On s’attend à l’arrivée de plus de 10 000 Chinois dans cette région, explique Thich Quang Do, l’un des chefs de file de cette opposition anti-bauxite. Des villages entiers de mineurs vont pousser comme des champignons et il ne faut pas compter sur les Chinois pour protéger notre environnement ». Une opposition qui vire au nationalisme antichinois dans ce pays colonisé pendant 1000 ans par l’Empire du Milieu et marqué par une guerre sanglante en 1979. Les plaies restent très vives et les préoccupations environnementales se mêlent désormais aux considérations patriotiques.

06            "Irresponsabilité du régime" - Depuis plusieurs mois, la fronde est générale au Vietnam. Intellectuels, scientifiques, militaires et même leaders religieux dénoncent « l’irresponsabilité du régime ». Le dernier à être monté au créneau est le général Giap. Le plus grand héros militaire du pays et dernier camarade toujours en vie de Ho Chi Minh, le père de la nation. Il parle d’« aberration nationale et environnementale. Nos dirigeants font une immense erreur », estime le vainqueur de Diên Biên Phu.

Mais pour l’heure, le gouvernement maintient le projet. Le site devrait produire plus de 1,2 million de tonnes d’aluminium par an, employer plus de 2000 personnes, et faire du Vietnam l’un des principaux producteurs au monde. Le Premier ministre a bien commandité dans l’urgence une étude environnementale sur le projet minier. Mais nul doute que ces conclusions risquent d’être biaisées. « Le Vietnam se lance dans l’exploitation de ses ressources minières et en fait une priorité, confirme Dominic Scriven, directeur du Fonds d’investissement Dragon Capital, spécialisé dans le secteur minier au Vietnam. Le pays a d’importantes réserves minérales. Il y a bien sur la bauxite, mais aussi le fer, le cuivre, l’or ou le zinc. Jusque-là, elles ont été peu exploitées, mais le gouvernement semble vouloir investir massivement dans ce secteur ». Des enjeux financiers considérables et qui laissent peu de place aux arguments environnementaux ».

http://www.novethic.fr/novethic/planete/environnement/pollution/vietnam_bauxite_discorde/133155.jsp

 

« L’ogre chinois n’est pas le bienvenu », par Anh Le Tran, professeur d’économie au Lasell College (Massachusetts), 06.07.2009.

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         « La défiance des Vietnamiens à l’égard du voisin du nord est ancienne. Mais les récentes tentatives de celui-ci pour étendre sa sphère d’influence attisent les inquiétudes.

          S’il existe un sentiment commun aux Vietnamiens de tous horizons, qu’ils vivent au pays ou à l’étranger, c’est sans aucun doute la méfiance envers la Chine. Depuis des temps immémoriaux, pour tout ce qui touche à la sécurité nationale, ils observent avec attention le grand voisin du nord. Même s’ils sont extrêmement fiers de leurs victoires contre les envahisseurs étrangers tout au long de leur histoire, le souvenir de mille ans de domination chinoise demeure suffisamment douloureux pour qu’ils restent constamment sur leurs gardes. Et, sur trois points, l’évolution récente de la situation les incite à redoubler de vigilance. En premier lieu, la participation chinoise au projet d’exploitation de mines de bauxite [servant à la fabrication d’aluminium] dans les provinces de Lam Dong et de Dak Nong [cette dernière abritant à elle seule 3,4 des 5,5 milliards de tonnes des réserves du pays], sur les hauts plateaux du centre, provoque une levée de boucliers depuis quelques mois. La liste des intentions cachées des Chinois est longue, allant de la dégradation de l’environnement à la mise en péril de la sécurité nationale. Le phénomène est sans précédent et montre le fossé qui se creuse entre la population et le gouvernement sur la question des investissements chinois. Un simple coup d’œil sur la manière dont les entreprises chinoises réalisent leurs grands projets au Vietnam permet de comprendre cette réaction. Pour construire les énormes centrales électriques, cimenteries, sites miniers et usines chimiques au Vietnam, ces sociétés font venir leur propre personnel au lieu de procéder à des embauches locales. Il s’agit pour la plupart d’ouvriers non qualifiés, interdits de travail au Vietnam en vertu de la législation en vigueur. Les médias populaires ont récemment fait état d’un afflux de main-d’œuvre chinoise dans les projets à capitaux chinois, certains sites accueillant plus de 2 000 travailleurs. Pour l’opinion, une telle politique se fait non seulement au détriment de l’emploi local, mais elle met également en danger la sécurité du pays et de la population. Qui plus est, comme le soulignent des observateurs vietnamiens, le transfert de technologies déjà anciennes et peu respectueuses de l’environnement dans beaucoup de ces projets fait craindre que leur pays ne devienne une poubelle pour déchets industriels. A cet égard, le fait que les firmes chinoises remportent un nombre croissant d’appels d’offres portant sur de gros projets dans des secteurs clés et sur l’ensemble du territoire national n’est pas de nature à dissiper les craintes.

           En second lieu, les relations économiques avec la Chine en général tournent par certains aspects au désavantage de l’économie locale. Depuis 2001, les échanges commerciaux avec la Chine sont constamment dans le rouge. En 2008, le déficit commercial annuel avec ce pays a atteint un niveau ahurissant, soit 11 milliards de dollars [7,8 milliards d’euros], environ 12 % du produit intérieur brut. Ce chiffre colossal pèse non seulement sur la balance des paiements courants, mais il met aussi les entreprises vietnamiennes compétitives en difficulté, car nombre de biens importés de Chine pourraient être fabriqués sur place. Les articles chinois à prix cassé inondent le marché vietnamien. Dans des pays comme les Etats-Unis ou l’Inde, une telle invasion aurait donné lieu à une myriade d’enquêtes sur des pratiques comme le dumping. Mais le gouvernement vietnamien, pour des raisons politiques et de moyens légaux, ne s’est pas risqué à répondre aux préoccupations grandissantes des milieux d’affaires locaux.
            Enfin, les revendications territoriales des deux pays à propos des îles Paracel et Spratly, en mer de Chine méridionale (que les Vietnamiens appellent mer de l’Est), se sont intensifiées. Fin 2007 et début 2008, le gouvernement vietnamien, soucieux d’éviter toute crise diplomatique avec Pékin, s’est efforcé d’étouffer la colère de la population face aux prétentions chinoises sur ces territoires. Mais, les Chinois se montrant de plus en plus résolus, il encourage désormais la recherche de preuves historiques et juridiques propres à étayer ses revendications. Dans ce contexte de litige territorial, le renforcement des capacités militaires chinoises dans la mer de Chine méridionale, avec par exemple la construction présumée d’une base secrète de sous-marins nucléaires sur l’île de Hainan, suscite de vives inquiétudes chez de nombreux Vietnamiens. Ce pourrait être en réaction à ces projets chinois que Hanoi s’est récemment porté acquéreur, paraît-il, de six sous-marins russes pour un montant de 1,8 milliard de dollars. Mais, compte tenu de ses ressources économiques limitées, le Vietnam n’entend certainement pas s’engager dans une course aux armements avec la Chine. Il ne peut cependant pas non plus rester les bras croisés et regarder la marine chinoise continuer de prendre ses aises dans la région ».

http://www.courrierinternational.com/article/2009/07/06/l-ogre-chinois-n-est-pas-le-bienvenu

  

C- Vietnam et etats-unis : entre renforcement des relations et ombres du passé.

« Les Etats-Unis s'engagent à approfondir leurs relations avec le Vietnam », 1/01/11.

           « L'Administration du président Barack Obama s'engage à approfondir ses relations avec le Vietnam comme avec d'autres pays émergents de la région Asie-Pacifique, a affirmé l'assistant du secrétaire d'Etat américain chargé des questions de l'Asie de l'Est et du Pacifique, Kurt M. Campbell, lors d'une séance de travail jeudi au Congrès américain.

            Le Vietnam est un des partenaires de plus en plus important des Etats-Unis dans cette région, avec l'Indonésie, la Malaisie, la Mongolie, la Nouvelle-Zélande, Singapour et l'Inde, a estimé M. Campbell. Il est également l'un des huit parties à négocier avec les Etats-Unis l'Accord de partenariat économique stratégique trans-pacifique (TPP).

            M. Campbell a rappelé que lors de sa visite au Vietnam en 2010, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton et le Premier ministre vietnamien Nguyen Tan Dung ont convenu que les relations entre le Vietnam et les Etats-Unis sont destinées à être portées à celles de partenariat stratégique.

            Les Etats-Unis s'engagent également à renforcer leur participation au sein des organisations internationales et régionales concernant l'Asie-Pacifique que sont le Forum de coopération économique d'Asie-Pacifique (APEC), l'Association des nations d'Asie du Sud-Est (ASEAN), le Forum régional de l'ASEAN (ARF), la Conférence des ministres de la Défense de l'ASEAN élargie (ADMM+), le Sommet d'Asie de l'Est (EAS), ainsi que le Forum des îles du Pacifique (PIF).

            Selon M. Campbell, le président Obama va participer cette année à l'EAS en Indonésie qui sera consacré à l'amélioration de la sécurité en mer dans la région, à celle des capacités des pays en terme de résilience aux catastrophes naturelles et humanitaires, ainsi qu'à la non-prolifération des armes nucléaires.

En outre, les Etats-Unis travailleront avec l'ASEAN pour définir les mesures à prendre, ce qui aidera cette association régionale à mettre en oeuvre son Plan d'action. Le président Obama co-présidera également le Sommet Etats-Unis-ASEAN. –AVI »

http://fr.vietnamplus.vn/Home/Les-EtatsUnis-sengagent-a-approfondir-leurs-relations-avec-le-Vietnam/20114/14916.vnplus

 

■ « Vers un nettoyage de l’agent orange au Vietnam », par Lidia Falcucci, 23 juin 2010, Le Monde diplomatique.

B         « 300 millions de dollars : c’est le coût estimé du nettoyage des nombreux sites encore contaminés par l’agent orange, cet herbicide hautement toxique déversé sur le Vietnam par l’armée américaine au plus fort de la guerre (1953-1975). Dans un rapport rendu public le 16 juin, le groupe bilatéral vietnamo-américain créé pour trouver un arrangement sur le sujet, dans le cadre d’une normalisation des relations entre les deux pays rappelle que, de 1961 à 1971 l’armée américaine a répandu 75 millions de litres du produit chimique sur un quart de la surface du Sud-Vietnam, affectant 400 000 hectares de terrain agricole. Près de trois millions de Vietnamiens en subissent encore les séquelles, et, depuis trente-cinq ans, n’ont reçu aucun dédommagement.

           En 1984, les vétérans américains touchés par l’agent orange avaient déjà conclu un accord, dans le cadre d’un procès contre les fabricants de ce produit : en échange de l’arrêt des poursuites, Monsanto et six autres entreprises — Dow Chemical, Thompson, Diamond, Hercules, T-H Agricultural & Nutrition Company et Uniroyal — avaient versé la somme de 180 millions de dollars à un fond de compensation. CWashington a longtemps traîné des pieds, prétextant que les données scientifiques impliquant l’agent orange dans l’explosion des malformations congénitales étaient insuffisantes. Responsables de cette guerre chimique, les Etats-Unis s’exemptent de toutes poursuites internationales concernant des actes commis en temps de guerre.

            Défoliant composé d’agents nocifs et puissants tels que la dioxine, son composant principal, l’agent orange trouble les fonctions immunitaires, hormonales et reproductives. Il est responsable de cancers (poumons et prostate), de maladies de la peau, du cerveau et du système nerveux, de problèmes respiratoires et circulatoires, de cécité et de diverses anomalies survenant à la naissance. Molécule très stable, la dioxine reste présente dans l’environnement, et continue à empoisonner l’agriculture et les générations de vietnamiens nés après la guerre ».

http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2010-06-23-agent-orange

 

■ Sur le sujet, voir aussi l’article suivant : « Au Vietnam, l’agent orange tue encore », par Francis Gendreau, janvier 2006, Le Monde diplomatique.

http://www.monde-diplomatique.fr/2006/01/GENDREAU/13085

 

■ Pour lire un article du mois d'août 2012 sur la décontamination du site de Datang, cliquet ici

  

II- SOCIETE ET POUVOIRS : REFORMES ET ADAPTATIONS.

A- Une population jeune.

■ Evolution de la population de 1960 à 2008.

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       ■ Evolution de la mortalité infantile depuis 1975.        

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       ■ Evolution de la fécondité depuis les années 1960.

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       ■ Structure par âge de la population.

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■ La démographie du Vietnam «  se caractérise par une population jeune et féminine, une forte diversité ethnique et un regroupement de la population dans les plaines littorales, principalement les deltas du fleuve Rouge et du Mékong. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale jusqu'à 1954, la population a crû chaque année de 1,5 %, puis de 4 % de 1954 à 1960. De 1960 à 1975, la hausse s'est stabilisée à 3 % avant de retomber à 2,2 % jusque dans les années 1990. Depuis lors, la croissance annuelle de la population s'établit à 1 %. Ces taux élevés n'ont été égalés, dans l'Asie du Sud-Est, que par les autres pays de la péninsule indochinoise, le Cambodge et le Laos. Ils ont conduit à un doublement de la population en 32 ans. Ils s'expliquent par un recul constant de la mortalité depuis 1945, jusqu'à atteindre les 7 ‰ actuelle — avec toutefois d'importantes disparités selon les ethnies — et en particulier une mortalité infantile relativement faible par rapport aux autres pays asiatiques. Parallèlement, les taux de fécondité et de natalité se sont maintenus à des niveaux élevés jusque dans les années 1970, respectivement à hauteur de 6 naissances par femme et de 40 ‰. Passée cette date, la natalité a subi un repli constant jusqu'à atteindre les 18 ‰ actuels. Le Viêt Nam a donc achevé sa transition démographique ».

http://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9mographie_du_Vi%C3%AAt_Nam

 

■ Embouteillage de vélos et de motos à Hanoï et à Hô-Chi-Minh-ville :  

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B- L’évolution des institutions.   

■ Les institutions : « Le Vietnam est officiellement une république socialiste. Un seul Parti est autorisé, le Parti communiste vietnamien qui contrôle toutes les institutions politiques du pays.

            L'article 4 de la constitution de 2001 stipule : « Le Parti communiste du Vietnam, détachement d'avant-garde de la classe ouvrière, représentant fidèle des intérêts de la classe ouvrière, du peuple travailleur et de toute la nation, adepte du marxisme-léninisme et de la pensée de Ho Chi Minh, est la force dirigeante de l'État et de la société ». Le préambule de la constitution entend institutionnaliser « la relation entre le Parti communiste qui dirige, le peuple qui maîtrise et l'État qui administre ».

            L'organe suprême de l'État est l'Assemblée nationale vietnamienne renouvelée tous les cinq ans. Celle-ci est élue au suffrage indirect par tous les vietnamiens âgés de plus de 18 ans. Par ailleurs, l'Assemblée Populaire élit le Président de l’État vietnamien au rôle symbolique et le Premier Ministre et son Gouvernement. Ils sont les deuxième et troisième personnage de l'État.

            En effet, au Vietnam, le premier personnage de l'État est le Secrétaire Général du Parti communiste vietnamien.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Politique_du_Vi%C3%AAt_Nam

 

■ Affiches pour le 80ème anniversaire du Parti Communiste. Photos prises en avril 2010 à Hanoï.

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 Témoignage de l'ancien colonel Bui Tin à propos de Dien Bien Phu :

           « Il y a 50 ans, à l'issue d'une sanglante et coûteuse bataille qui dura près de deux mois, les Vietnamiens infligeaient aux Français une cinglante défaite dans un trou perdu à la frontière du Laos : Diên Biên Phu. En avril 1954, j'ai servi là-bas pendant trois semaines, à la tête d'un groupe de vingt officiers subalternes qui avaient pour mission de remplacer ceux qui étaient tombés. De ces vingt hommes, seuls trois ont survécu. Quand je repense à cette victoire, je ressens une profonde tristesse face au secret qui entoure encore aujourd'hui nos pertes militaires. Cinquante ans après, les pertes vietnamiennes à Diên Biên Phu restent difficiles à évaluer. Je me souviens que, durant la bataille, nous respections l'ordre du général Giap de ne pas indiquer dans nos rapports le nombre de blessés. Le silence devait être total. C'était la discipline. Les textes officiels des autorités vietnamiennes citent aujourd'hui le chiffre de 10.000 hommes tués dans les combats. D'après moi, il faudrait plutôt parler de 12.000 à 15.000 morts et d'un nombre comparable de soldats grièvement blessés. Je repense également aux quelque 3000 prisonniers français qui sont morts dans nos camps entre le 7 mai et la mi-septembre 1954, soumis à des marches forcées, pieds nus sur des sentiers de boue et de cailloux. Il est aujourd'hui presque impossible de rejeter sur qui que ce soit la faute de ce drame historique. C'était la conséquence naturelle, inévitable d'une vision du monde fermée pour laquelle il était seulement question de lutte des classes et de l'impitoyable dictature du prolétariat, où des mots comme "humanisme", "humanité", voire "vie", avaient un sens tout autre que celui que nous leur attribuons habituellement. Je me demande souvent s'il était vraiment nécessaire que nous endurions ces terribles sacrifices pour acquérir notre indépendance nationale. Plus le temps passe, plus j'en doute. Nous nous sommes battus sous la bannière de l'indépendance, mais, en réalité, la bataille de Diên Biên Phu fut avant tout considérée et saluée par les dirigeants du Parti communiste vietnamien comme une formidable conquête de l'empire communiste. Cette victoire assouvissait leur soif de pouvoir et de territoire ; ils étaient fiers que le Vietnam soit devenu un pion sur l'échiquier mondial sous l'étiquette de "démocratie populaire" - un type de régime inventé par Joseph Staline, qui n'était ni populaire ni démocratique -, poste avancé du communisme dans le monde de la guerre froide. Aujourd'hui, l'empire communiste a disparu, mais le Vietnam n'a pas encore pleinement retrouvé son indépendance, toujours prisonnier de cette doctrine étrangère. L'indépendance marche main dans la main avec la liberté et le bonheur, nous enseignait Hô Chi Minh - du moins, en théorie. Dans le monde où nous vivons, une indépendance nationale authentique doit s'accompagner de valeurs démocratiques et de libertés fondamentales qui sont les jalons de la dignité humaine. Tout le contraire de la situation actuelle au Vietnam, où la liberté de la presse, la liberté d'expression et de culte, le droit de vote sont jugés subversifs. C'était pourtant pour ces libertés que nous nous sommes battus à Diên Biên Phu et, cinquante ans plus tard, cette idée hante toujours nos esprits. A cette date anniversaire, je repense au destin tragique des véritables héros de la bataille (…). La seule façon d'honorer la mémoire de ceux qui sont tombés à Diên Biên Phu est d'œuvrer à la démocratisation du Vietnam et à son intégration au sein de la communauté internationale des démocraties ».







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