Première partie :
Chine : l'économie socialiste de marché.
■ La Chine est devenue communiste le premier octobre 1949 avec la victoire de Mao sur son rival Tchang Kaï-Chek.
A- Les « quatre modernisations » et la « triple représentativité ».
■ Deng Xiao Ping et les « quatre modernisations » :
1) modernisation de l'agriculture : l'agriculture est décollectivisée, les prix sont libéralisés, ce qui provoque une augmentation de la production agricole et la hausse des revenus des paysans
2) modernisation de l'industrie : Pékin attire la technologie et les investissements étrangers, en créant dès 1980 4 Z.E.S. (Zones Economiques Speciales) offrant des avantages aux investisseurs étrangers.
3) modernisation des sciences
4) modernisation de la défense nationale.
Ne manque que la « cinquième modernisation », réclamée par les dissidents : la démocratie…
Pour en savoir plus :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Deng_Xiaoping
■ Zhu En Lai
- Fondateur de la branche européenne du Parti communiste (PCC) en 1927
- Chef du parti communiste de la République soviétique chinoise en 1931
- Ministre des Affaires étrangères de 1949 à 1958
- Premier représentant de la Chine à l'étranger
- Premier ministre, il participa à la Conférence de Bandung en avril 1955
Pour en savoir plus :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Zhou_Enlai
■ Hu Yao Bang (1915-1989) a été le secrétaire général du Parti communiste de 1980 à 1987. En 1987 il est limogé de ses fonctions à la tête du Parti suite à des manifestations étudiantes qu'il avait sans doute soutenues dans leurs revendications démocratiques.
Pour en savoir plus :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Hu_Yaobang
■ Li Peng a été le président du Comité permanent de l’Assemblée nationale populaire de la République populaire de Chine de 1998 à 2003 et fut le numéro deux du Parti communiste après Jiang Zemin au sein du Comité permanent du bureau politique jusqu’en 2002. Il fut Premier ministre entre 1987 et 1998. Obsédé par la stabilité sociale et politique, Li Peng a mené une politique prudente de réformes économiques en Chine. Durant son mandat de Premier ministre il a supervisé une économie qui progressait grossièrement au rythme de 10 % l’an en termes de PNB. Parce qu’il fut le responsable politique de la violente répression des manifestations de la place Tian'anmen en 1989, il ne fut jamais très populaire en Chine.
Pour en savoir plus :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Li_Peng
■ Jiang Ze Min et la théorie de la « Triple Représentativité », formulée en février 2000.
Elle représente sa contribution à l'évolution de la pensée politique chinoise. La première « représentation » met fin au mythe selon lequel le parti assumerait sa dictature au nom du prolétariat. Il devient le « parti des producteurs », y compris et surtout celui des entrepreneurs et des hommes d'affaires. La deuxième « représentation » signifie que « modernisation » ne se confond pas forcément avec « occidentalisation » et peut donner lieu à une interprétation nationaliste. La troisième « représentation », d'inspiration confucéenne, met fin à la vision du monde de Mao qui reposait sur la lutte des classes et le conflit permanent entre deux lignes. Jiang Ze Min explique que « la pensée importante de Triple Représentativité constitue le marxisme développé et adapté à la réalité de la Chine au XXIème siècle et les principes directeurs à observer par le PCC et le peuple de tout le pays pour poursuivre l’œuvre de nos prédécesseurs et frayer le chemin à l’avenir, évoluer avec le temps et construire en grand une société au niveau de vie aisé. »
Pour en savoir plus :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Jiang_Zemin
■ L’économie socialiste de marché – Caricature de Plantu.
■ Ces dernières années, le régime s'est trouvé confronté à une multitude de mouvements spontanés et isolés de protestation sociale. Voir ce sur ce sujet l’article de C. GOUESET, « Violentes manifestations en Chine », publié le 15/06/2011.
« La Chine est secouée par des mouvements de contestation contre l'incurie des autorités locales, dans un contexte d'inflation en hausse.
La Chine a été secouée par de violents accès de protestation ces dernières semaines qui illustrent le ressentiment croissant d'une grande partie de la population à l'égard du pouvoir. Ces mouvements de grogne ont surtout ciblé les autorités locales accusées de corruption, d'abus de pouvoir et d'expropriations illégales.
La région de Canton, dans le sud du pays, est l'une de celles qui ont connu la semaine dernière de violents incidents. Une altercation dans la ville de Xintan (Zengcheng) entre des membres des forces de sécurité et un couple de travailleurs migrants, des vendeurs ambulants, sont à l'origine des affrontements qui ont duré tout le weekend. Selon le site Aujourd'hui la Chine, les policiers municipaux, "désireux de déloger le couple, car la vente à la sauvette (bien que très répandue) est illégale, auraient violemment bousculé la femme, qui était enceinte, provoquant la colère de la foule alentour, et d'immenses manifestations.
" Une foule de centaines de personnes en colère a jeté des briques et des bouteilles sur des policiers, selon l'agence de presse officielle Chine nouvelle. La manifestation a été dispersée par la police, qui a fermé les routes à la circulation, et 25 personnes ont été arrêtées. Des centaines de policiers ont été déployés, ainsi que des blindés (…)
Des centaines d'habitants ont par ailleurs affronté les policiers la semaine dernière dans une autre ville de la province du Guangdong, Chaozhou, après qu'un ouvrier a été blessé à l'arme blanche, en raison d'un conflit salarial.
La province du Guangdong, considérée comme l'atelier du monde, concentre un grand nombre d'usines qui produisent pour l'exportation. Elle attire des milliers de mingong, ces ouvriers migrants, originaires des régions rurales de Chine, confrontés au travail précaire et sous-payé ainsi qu'à l'exploitation de leurs logeurs. Mais depuis quelques années déjà, les mingong relèvent la tête et n'acceptent plus aussi facilement les mauvais traitements qui leurs sont infligés.
Inflation au plus haut depuis 3 ans
Des heurts avaient également opposé plus de 1.500 personnes à la police, le 9 juin, à Lichuan, dans la province du Hubei, dans le centre du pays, lors d'une manifestation de protestation contre la mort en garde à vue d'un élu local. "Des problèmes locaux ont tendance à dégénérer en raison de l'inquiétude croissante causée par d'autres questions comme l'inflation", selon Russell Leigh-Moses, analyste installé à Pékin. Face aux carences du système judiciaire, des Chinois se retrouvent souvent poussés à des actions violentes pour exprimer en dernier ressort leur désespoir, explique-t-il.
L'inflation en Chine a atteint en mai son plus haut niveau en près de trois ans, et la hausse des prix est potentiellement explosive. De nombreuses catégories de Chinois subissent de plein fouet l'envolée des prix, notamment les paysans, les retraités et les ouvriers migrants. La sécheresse et les inondations qui ont frappé ces dernières semaines des régions du centre et du sud de la Chine ont aggravé la crise.
En avril, les chauffeurs de poids lourds du port de Shanghai - le plus grand port de conteneurs au monde - s'étaient mis en grève plusieurs jours d'affilée, pour protester contre la baisse de leur pouvoir d'achat et la hausse du coût du gazole.
Et le mois dernier, la région autonome chinoise de Mongolie intérieure a vu des manifestations sans précédent de Mongols contre la surexploitation de leurs ressources minières ou la marginalisation de leur culture. Pékin, après avoir déployé de très importantes forces de l'ordre, a été forcé d'annoncer une refonte de l'industrie minière dans la zone. »
http://www.lexpress.fr/actualite/monde/asie/violentes-manifestations-en-chine_1002495.html
■ Les organisations de masse. Province de Jiangxi : répétitions en vue de la commémoration du 62ème anniversaire de la fondation de la République populaire de Chine.
■ Beaucoup d’éléments montrent que toutes les institutions de contrôle et de répression héritées de Mao (et de Staline) sont toujours présents et efficaces dans la Chine actuelle : matraquage idéologique, manipulation de l'information, appel à la dénonciation, et travail accompli dans les prisons et dans les camps (les « Laogai »).
Pour en savoir plus sur le système répressif en Chine :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Prison_en_R%C3%A9publique_populaire_de_Chine
■ Les dissidents. L’exemple de Liu Xiao Bo, prix Nobel de la Paix.
Pour en savoir plus :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Liu_Xiaobo-300.jpg
■ Le Parti redoute qu'on puisse remettre en cause sa mainmise sur le pouvoir, comme le prouve la mise hors-la-loi de la secte Falungong (société secrète associant bouddhisme et taoïsme).
Le Falun (roue de la Loi) contient le symbole taoïste du Taiji et le Svastika bouddhiste. C'est l'emblème du Falun Gong.
Pour en savoir plus :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Falun_Gong
B- La démocratie est-elle envisageable en Chine ?
■ Le printemps de Pékin, 1989.
« Les manifestations de Tian'anmen, largement désignées dans une grande partie du monde par le terme « massacre de la place Tian'anmen », se déroulent entre le 15 avril 1989 et le 4 juin 1989 sur la place Tian'anmen à Pékin, la capitale de la République populaire de Chine.
Elles prennent la forme d’un mouvement d'étudiants, d'intellectuels et d'ouvriers chinois, qui dénoncent la corruption et demandent des réformes politiques et démocratiques. La contestation s'étend à la plupart des grandes villes, comme Shanghai, et aboutit à Pékin à une série de grandes manifestations et de grèves de la faim organisées sur la place Tian'anmen. Après plusieurs tentatives de négociation, le gouvernement chinois instaure la loi martiale le 20 mai 1989 et fait intervenir l'armée le 4 juin 1989.
La répression du mouvement provoque un grand nombre de victimes civiles (de quelques centaines à quelques milliers selon les sources), et de nombreuses arrestations dans les mois qui suivent. Plusieurs dirigeants politiques favorables au mouvement sont limogés et placés en résidence surveillée, notamment le secrétaire général du Parti communiste chinois, Zhao Ziyang. Par la suite, un coup d'arrêt durable est porté aux réformes politiques en République populaire de Chine. Le gouvernement expulse les journalistes étrangers et contrôle strictement la couverture de l’évènement par la presse chinoise. À l'étranger, la répression provoque une condamnation générale du gouvernement chinois. »
Suite de l’article :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Manifestations_de_la_place_Tian%27anmen
« Des responsables chinois corrompus ont détourné plus de 122 milliards de dollars en moins de vingt ans, selon une étude de la banque centrale chinoise rendue publique cette semaine.
De 16 000 à 18 000 cadres gouvernementaux ou de sociétés étatiques ont fui à l'étranger ou tout simplement disparu après avoir reçu des pots-de-vin pour un montant total estimé à 800 milliards de yuans (122 milliards de dollars canadiens), selon cette étude.
Les plus hauts responsables ayant détourné les sommes les plus importantes ont fui vers des pays développés tels que les États-Unis, le Canada ou l'Australie, tandis que ceux d'un rang moindre ont eu tendance à jeter leur dévolu sur des pays moins éloignés, tels que la Russie ou la Thaïlande.
Hong Kong, région administrative spéciale, a souvent été utilisée par les responsables corrompus comme une porte d'entrée vers les pays du Commonwealth. D'autres sont passés par des pays africains ou latino-américains, le temps d'obtenir des documents pour s'installer dans un des pays occidentaux.
Quelques-uns se sont enfuis en emportant les sommes détournées sous forme d'argent liquide, dans leurs bagages, a relevé l'étude.
Le pouvoir chinois n'a cessé de prendre des mesures anticorruption depuis le lancement des réformes économiques il y a plus de 30 ans, sans guère réussir à endiguer ce fléau qui mine la légitimité du Parti communiste et nourrit le mécontentement de la population.
Le président chinois Hu Jintao a déclaré à de nombreuses reprises qu'il était vital pour le Parti d'éliminer la corruption de ses cadres ».
http://www.cyberpresse.ca/international/asie-oceanie/201106/17/01-4410194-la-corruption-a-coute-122-milliards-en-20-ans-a-la-chine.php
« La censure n'est pas la seule tare du journalisme en Chine. Mal connue, la corruption des journalistes est pourtant monnaie courante, rajoutant un biais à une information déjà amputée d'un certain nombre de sujets interdits par l'Etat.
La pratique est aussi mal connue qu'elle est répandue. Elle pourrait se résumer à une image : une enveloppe rouge glissée entre les pages d'un dossier de presse.
C'est l'autre plaie du journalisme chinois : la corruption, ou comment des journalistes sont achetés par des entreprises pour leur silence, ou pour leurs éloges.
Lors des conférences de presse des entreprises, il est tout à fait habituel que les journalistes invités trouvent, dans le dossier de presse, une enveloppe rouge pleine de billets.
Pour les entreprises, c'est un moyen de s'assurer une bonne couverture médiatique; pour les journalistes, il s'agit d'arrondir des fins de mois qui, sans cela, seraient moins faciles.
"Les jeunes journalistes commencent en général entre 2000 et 4000 yuans par mois à Pékin. Vu le coût de la vie, ça ne fait pas beaucoup", explique Xu Chao, jeune journaliste pour le magazine indépendant Caijing. Selon la jeune fille, le magazine a pour sa part défini une politique de refus catégorique de ces faveurs.
Un cercle vicieux
Une position ferme également adoptée par d'autres médias, mais difficilement applicable. "Dans notre journal, les journalistes n'ont pas le droit d'accepter ces enveloppes, et ceux qui le font encourent une sanction. Mais en réalité, il est assez difficile de savoir qui le fait ou pas. C'est une pratique très courante dans le journalisme économique", confirme Chen Lingshan, directeur du service étranger au Beijing News.
D'autant que même pour les journalistes scrupuleux, garder son intégrité n'est pas forcément évident. "Pour les journalistes qui n'acceptent pas d'enveloppes rouges, les relations avec leurs collègues peuvent devenir compliquées, expliquait en 2008 Zhan Jiang, doyen de l'école de journalisme de l'Université des Jeunes de Sciences Politiques de Pékin, à Forbes. Les autres journalistes les considérerons comme des ennemis, (ou) comme dangereux, car "ils pourraient écrire sur nous".
Le système est donc bien implanté et pour les entreprises, même étrangères, il est également difficile de ne pas y souscrire.
"Si on veut faire venir du monde à nos conférences de presse, nous sommes obligés de glisser des enveloppes rouges dans les dossiers de presse, explique un entrepreneur français sous condition d'anonymat. Or, avoir des articles dans la presse chinoise donne un crédit important et souvent nécessaire auprès des différents interlocuteurs chinois dont nous avons besoin. C'est un cercle vicieux!"
Ne pas publier d'articles, un gagne pain rentable
Mais la corruption n'est pas uniquement utilisée pour acheter les faveurs de journalistes : elle est également un bon moyen d'étouffer des affaires gênantes.
Il est donc très courant que des entreprises payent des journalistes pour ne pas publier des articles qu'elles jugent gênants. La pratique est également très courante, à tel point que certains en font carrément leur gagne pain.
Il n'est ainsi pas rare qu'une flopée de journalistes (et/ou de gens se présentant comme tel) débarque au moindre coup de grisou dans les nombreuses mines du pays et se rendent immédiatement auprès de la direction pour réclamer leur dû.
Et l'affaire est sans doute rentable, car entre les désastres écologiques, les mines meurtrières, les abus sociaux et les scandales alimentaires, la Chine ne manque pas d'affaires à ne pas publier.
"Le coupable, c'est le système chinois, qui fait faire n'importe quoi aux journalistes, qui suivent les ordres venus d'en haut et sont privés de tout sens de l'honneur et de l'estime de soi", analyse Li Datong, rédacteur en chef du China Youth Daily, interrogé récemment par le South China Morning Post.
La censure et la corruption seraient donc peut-être liées : en effet, il est sans doute moins choquant de modifier la réalité à la demande d'entreprises quand on le fait déjà par ailleurs souvent pour coller à la ligne officielle du Parti. »
http://chine.aujourdhuilemonde.com/corruption-lautre-tare-de-la-presse-chinoise
Deuxième partie :
VIETNAM ET LAOS : SUR LES TRACES CHINOISES ?
A- Le « doi moi » vietnamien
■ En 1986, le Vietnam adopte des lois autorisant les investissements étrangers : c'est le doi moi, terme qu'on peut traduire par « restructuration », « réforme », « changement » ou encore « rénovation », équivalent vietnamien de la perestroïka soviétique. C’est, comme en Chine, un « projet de conciliation entre les valeurs du socialisme et les forces du marché ».
■ Une libéralisation en deux temps :
1) développement de l'agriculture : loi de 1987 réformant le système agricole. Les paysans peuvent à nouveau exploiter leurs terres à usage privé et leurs droits sur les terrains sont reconnus.
2) les investissements directs étrangers (IDE) sont encouragés. Ils servent à donner un coup de fouet indispensable pour dynamiser la croissance, créer des emplois, bénéficier de l'introduction de nouvelles technologies et améliorer la qualité des biens produits.
■ Mais pas de libéralisation politique, et une répression qui continue à s’abattre régulièrement sur les dissidents : représentants de l'Eglise bouddhiste unifiée ou du clergé catholique, membres des ethnies minoritaires, et opposants politiques. Exemple : Cu Huy Ha Vu
http://www.observatoire-avocats.org/2011/04/13/cu-huy-ha-vu-vietnam/
B- La « République démocratique populaire lao »
■ En décembre 1975, la monarchie laotienne est abolie, et la « République démocratique populaire lao » est officiellement proclamée. Souphanouvong (photo) devient le président de la nouvelle république révolutionnaire. Le gouvernement nationalise les entreprises et crée des fermes collectives. Près de 400 000 Laotiens opposants au nouveau régime révolutionnaire, quittent le pays. 100.000 Laotiens sont envoyés dans des camps de travail (sur le modèle des « goulags » soviétiques), où plus de 30.000 personnes périront assassinées ou dans la torture, parmi lesquels le roi, la reine, le prince héritier, des ministres, des officiers supérieurs, des fonctionnaires du gouvernement royal, sans oublier de nombreux hmong, car réputés anticommunistes.
■ Une presse sous contrôle.
L’art.3 de la « Loi sur la presse » (2000) « interdit aux groupes ou aux individuels de se servir de leur droit d’expression pour parler ou écrire en public contre les intérêts de l’État ». L’art.4 exige de la presse d'« informer, faire la propagande, défendre la ligne et la politique du Parti, les lois de l’État ». L’art.13 demande aux associations de journalistes d'« être solidaires dans leurs professions pour servir la politique du Parti ». L’art.24 interdit aux journalistes de « critiquer et attaquer la République démocratique populaire lao ». Et depuis le 24 octobre 2000, le Comité national de l’Internet du Laos a décrété qu’il était « interdit à tout individu, toute organisation, toute société au Laos de mentir, de décevoir, ou de persuader les gens à l’intérieur ou à l’extérieur du Laos en vue de protester contre le Parti populaire révolutionnaire lao et contre le gouvernement du Laos […] sous peine d’amende, de rééducation, d’expulsion ou de condamnation selon la loi de la République démocratique populaire lao »
■ La répression des minorités : l’exemple des Hmongs.
Voir sur ce sujet l’article : http://fr.wikipedia.org/wiki/Hmong
■ Le contrôle du clergé.
C’est le ministère de l’Intérieur qui encadre et dirige les moines bouddhistes. Il exige d’eux qu’ils étudient le marxisme-léninisme, qu’ils envoient des rapports hebdomadaires au ministère de l’Intérieur, et qu’ils obéissent aux directives du Parti.
Troisième partie :
COREE DU NORD ET MYANMAR : ENTRE AUTARCIE, ARCHAISME... ET OUVERTURE ?
A- La Corée du Nord, dernier régime stalinien du monde.
■ Kim Il-Sung (1912-1994) a été le fondateur et le premier dirigeant de la Corée du Nord de 1948 jusqu'à sa mort. Kim Il-sung a occupé les postes de Premier ministre de 1948 à 1972 et de Président de la République à partir de 1972, tout en occupant de manière permanente le poste de Secrétaire général du Parti du travail de Corée. Il était couramment désigné du titre de Grand Leader. Il était surnommé le « Président éternel » ou « professeur de l'humanité tout entière ». Il a instauré un culte de la personnalité démesuré, à l'imitation de ceux de Staline et de Mao.
Pour en savoir plus : http://fr.wikipedia.org/wiki/Kim_Il-sung
■ Kim Jong-Il a succédé à son père, Kim Il-sung, qui a dirigé le pays entre 1948 et 1994. Appelé le « Cher dirigeant », il a occupé jusqu'à sa mort très récente les fonctions de président du Comité de la défense nationale et de secrétaire général du Parti du travail de Corée. La Corée du Nord est, selon sa constitution, placée « sous la direction du Parti du Travail de Corée » et le Comité dirige l'Armée populaire de Corée, dont le rôle est prépondérant dans le pays. La constitution de Corée du Nord, révisée en 1998, précise que le président du Comité est le « Dirigeant suprême de la République populaire démocratique de Corée ». Kim Jong-il était donc l'équivalent du chef de l'État de la République populaire démocratique de Corée, bien que, sur un plan strictement juridique, ce poste pouvait également être attribué à Kim Yong-nam, président de l'Assemblée populaire suprême. Le rôle de ce dernier est cependant en retrait par rapport à celui de Kim Jong-il.
■ Portrait d'un dictateur "irrationnel" et "imprévisible", par Philippe Pons, Lemonde.fr, 19 décembre 2011.
« Rarement une figure politique aura été plus énigmatique que celle de Kim Jong-il, héritier de la première dynastie communiste. Paré de toutes les vertus par le régime nord, comme son père, Kim Il-sung, d'un culte qui n'a jamais atteint ailleurs – et pour aussi longtemps – une telle ferveur, il passait à l'étranger pour un "lunatique", "irrationnel", "imprévisible" et sybarite à ses heures. Il est mort samedi 17 décembre à 8 h 30 locales.
Son image avait évolué à la suite du premier sommet intercoréen en juin 2000. Pour le président du Sud, Kim Dae-jung, le dirigeant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) savait "faire preuve de discernement" et il était "conscient de la nécessité de réformes". C'était aussi l'opinion de l'ex-secrétaire d'Etat américaine, Madeleine Albright qui s'entretint avec lui à Pyongyang en octobre 2000 : "Il m'a surpris par son sens pratique et son caractère décidé", avait-elle déclaré.
A la suite de son second voyage en RPDC en 2004, le premier ministre japonais Junichiro Koizumi le décrivait comme un "homme intelligent", "prêt à plaisanter". "Kim Jong-il n'est pas Satan… mais un cruel produit de plus d'un demi-siècle de révolution en Corée du Nord", écrit Alexandre Mansourov de l'Asia-Pacific Center for Security Studies (Honolulu).
LE MYTHE DE L'ENFANT GÉNÉRAL
La RPDC a été fondée en 1948. Dans le "roman familial" des Kim, qui se confond avec l'histoire nationale, un morceau de bravoure est l'hagiographie de ce "dictateur post-moderne", selon l'historien spécialiste de la Corée, Bruce Cummings, par le mélange d'archaïsmes (les mythes fondateurs du régime) et de promesses d'un futur "radieux" attachées à sa personne.
Le sacré occupe une place non négligeable dans le régime nord-coréen, qui s'est écarté du marxisme léninisme pour intégrer à son idéologie des éléments de la culture traditionnelle. Ainsi, Kim Jong-il serait-il né le 16 février 1942 dans une cabane sur le Mont Paekdu – lieu mythique de la fondation de la Corée devenu le foyer de la révolution et de la lutte anti-japonaise. Une étoile serait apparue au firmament et un arc-en-ciel aurait salué la venue au monde de "l'enfant général". Ce mythe apparu au début des années 1980, époque où se mettait officiellement en place la succession du père par le fils.
Une venue au monde sur le Mont Paekdu "légitime" une succession dynastique puisque "l'enfant général" est censé être animé, du fait de sa naissance en ce haut lieu de la guérilla, par "l'esprit révolutionnaire" paternel. Kim Jong-il "a grandi dans des vêtements imprégnés de l'odeur de la poudre", écrit de son fils Kim Il-sung dans ses Mémoires.
DE YURA À JONG-IL
Selon toute vraisemblance, Kim Jong-il est né plus prosaïquement dans le village isolé de Vyatskoïe, à 70 km au nord de Khabarovsk, où son père et un groupe de partisans s'étaient repliés au cours de l'hiver 1940. La date de sa naissance est aussi douteuse : il aurait vu le jour un an plus tôt mais la propagande choisit 1942 afin que l'année de sa venue au monde soit un multiple de celle de son père (1912). L'enfant reçut le nom russe de Yura et son frère cadet, celui de Shura.
Ce n'est qu'après le retour de la famille Kim à Pyongyang dans les fourgons des Soviétiques fin 1945 que les deux garçons reçurent des prénoms coréens : Jong-il pour l'aîné et Pyong-il pour le cadet. L'enfance du jeune Jong-il a été troublée par la mort prématurée de sa mère (en 1949), la noyade accidentel de son jeune frère puis le remariage rapide (1951) de son père avec une femme de vingt ans plus jeune et enfin la guerre qu'il passa dans la province chinoise de Jilin. Turbulent et rebelle, il retourna à Pyongyang en 1953 pour étudier au lycée Mangyongdae destiné aux enfants des révolutionnaires puis à l'université Kim Il-sung. Diplômé en 1964, il entra la même année au comité central.
Passionné de cinéma (il a dirigé six films) et féru d'art (auteur des livrets de cinq opéras révolutionnaires), il fera de Pyongyang une ville à la gloire de la Révolution incarnée par son père. Il supervisa la construction du Musée de la Révolution, de la gigantesque statue de bronze de ce dernier et de la tour Juche (170 mètres), érigée pour le 70e anniversaire de Kim Il-sung avec 25 500 blocs de granit blanc (un pour chaque jour de la vie) et il parsema le pays de 35 000 statues du "Grand Dirigeant".
L'ASCENSION DU "COMMANDANT SUPRÊME"
Il y a dans ce déploiement de loyauté une part d'intérêt personnel : sans grande réalisation à son actif, Kim Jong-il ne pouvait construire sa légitimité que sur la fidélité au "Père de la Nation". Comme tout enfant en RPDC, il avait été nourri de l'hagiographie paternelle et des vertus confucéennes (telle que la piété filiale) qui mâtinent l'idéologie du régime.
Le processus de succession s'est mis en place au début des années 1970. Kim Jong-il est présenté alors comme "théoricien hors pair" de la doctrine juche (dogme du régime fondé sur l'indépendance et l'autosuffisance). A sa sortie l'université, il avait été affecté au département d'organisation et de propagande du Parti du travail, dirigé alors par son oncle Kim Yong-ju (frère de Kim Il-sung). Il deviendra secrétaire du comité central en 1973 et, l'année suivante, membre du bureau politique. Sa progression est scandée des titres honorifiques pour le désigner sans le nommer : "Centre du parti" (1973), "Dirigeant unique" (1975) ; "Cher Dirigeant" (1980) ; "Commandant suprême" (1983)… Premier vice-président de la commission de défense (1990) puis commandant en chef de l'armée (1991), il fut élevé au grade de maréchal (1992).
A partir des années 1980, Kim Jong-il avait pris progressivement en main les affaires de l'Etat dans l'ombre de son père. Les services de renseignements américains et sud-coréens l'accuseront d'avoir ordonné un attentat à Rangoon en 1983 (17 morts parmi les membres du gouvernement de Séoul) et, quatre ans plus tard, contre un appareil de Korea Airlines (117 morts). Les années 1970-80 sont aussi marquées par des enlèvements : de Japonais et, en 1977, d'un metteur en scène sud-coréen et de son ex-femme, actrice. Le couple sera traité royalement par Kim Jong-il, qui souhaitait qu'ils contribuent à améliorer la qualité du cinéma nord-coréen. Dix ans plus tard, ils s'échapperont à la faveur d'un voyage en Europe.
Parallèlement à la promotion de Kim Jong-il, arrivent à des postes dirigeants des technocrates et des militaires, enfants eux aussi de la "génération guérilla", c'est-à-dire des partisans ayant combattu les Japonais avec son père. A la mort de celui-ci (1994), la "vieille garde" pesait encore d'un poids important.
Après les trois ans de deuil national, Kim Jong-il devint secrétaire général du Parti du travail (1997) et président de la Commission de défense (1998). Kim Il-sung demeurait "président pour l'éternité". Afin de consolider la continuité fusionnelle entre le père et le fils fut instauré en juillet 1997 le "calendrier Juche". Ce calendrier remplace le système grégorien en faisant de 1912 – date de naissance de Kim Il-sung – sa première année : 1997 devenant ainsi la "86ème année Juche".
L'"ère Kim Jong-il" a été marquée par un changement dans la structure de l'Etat : l'armée devint l'épine dorsale du régime, reléguant le Parti au second plan. Aux termes de la nouvelle constitution (1998), la commission de défense nationale, présidée par Kim Jong-il, est l'"organe militaire suprême chargé de la souveraineté de l'Etat". Et l'année suivante, le slogan "Primauté à l'armée" confirme que l'Etat s'est restructuré autour de son appareil militaire.
Inquiet de l'effondrement des régimes en Europe de l'Est, Kim Jong-il a vu en l'armée le rempart à une éventuelle "contre-révolution". Une nouvelle page de l'histoire s'ouvrait : d'Etat communiste fondé sur la "dictature du prolétariat", la RPDC devient un Etat sous la tutelle militaire.
ÉCONOMIE MORIBONDE ET FAMINE
Kim Jong-il hérite d'un pays au bord du gouffre. La détérioration de la situation économique avait été accélérée par l'abandon des alliés stratégiques de la RPDC. L'effondrement de l'URSS et la nouvelle orientation économique de la Chine la privent de l'assistance des "pays frères". En raison de l'arrêt des approvisionnements en énergie à coût préférentiel, les industries tournent au ralenti et l'agriculture, privée d'engrais, peine à nourrir la population. Les désastres naturels du milieu des années 1990 porteront le coup de grâce à une économie moribonde : une famine ravage le pays entre 1995 et 1998, causant la mort de 600 000 personnes (près de 4 % de la population).
A la fin de la première décennie 2000, la RPDC restait dépendante de l'aide alimentaire internationale et son industrie continuait à stagner en dépit de la relative libéralisation de juillet 2002. Loin de s'inscrire dans un processus volontariste "par le haut" à la Deng Xiaoping en Chine, ces réformes entérinaient un état de fait : avec l'effondrement du système de distribution publique et la désorganisation de l'Etat au cours de la famine était apparue une économie de facto de marché, que le régime n'avait fait que légaliser.
A peine l'économie commençait-elle à se dégager de l'ornière que s'ouvrait un nouveau front : la tension avec les Etats-Unis. Alors qu'à la fin du mandat de Bill Clinton, une détente se dessinait, la confrontation s'installe peu après l'arrivée de l'administration Bush.
CRISE NUCLÉAIRE
Pour essayer de dégager la RPDC de son isolement, Kim Jong-il tenta des ouvertures : en direction de la Corée du Sud (sommet intercoréen de juin 2000) et du Japon afin de normaliser les relations entre les deux pays. Lors de la visite du premier ministre japonais Junichiro Koizumi à Pyongyang en septembre2002, il reconnut que ses services avaient enlevé des Japonais dans les années 1970-1980 et présenta ses excuses.
Ce processus de détente va tourner court avec le déclenchement en octobre 2002 de la crise nucléaire : Washington accuse Pyongyang de poursuivre un programme clandestin d'enrichissement d'uranium. Une crise qui met fin à l'accord de 1994 qui gelait la production de plutonium sous la surveillance de l'Agence internationale de l'énergie atomique. En dépit des souffrances subies par la population à la suite des sanctions internationales, Kim Jong-il chercha à rétablir un rapport de force avec les Etats-Unis.
Sortie du traité de non-prolifération en janvier 2003, la RPDC reprend ses activités de retraitement. Ce n'est qu'après l'essai nucléaire d'octobre 2006 que Washington accepte une négociation tenant compte des demandes nord-coréennes. Un accord est signé en février 2007 dans le cadre des pourparlers à Six (Chine, deux Corées, Etats-Unis, Japon et Russie). Sa mise en œuvre sera laborieuse. Un nouvel écueil – sur les vérifications de la dénucléarisation – intervenait en septembre 2008, alors que les rumeurs commençaient à circuler que Kim Jong-il avait été victime en août d'un accident cardio-vasculaire ».
■ « Comment Kim Jong-il succéda à son père », par Philippe Pons, Lemonde.fr, 19 décembre 2011.
« La première succession dynastique dans un régime communiste ne s'est pas opérée sans résistance et elle a pris plus de vingt ans. Kim Il-sung avait évité de justesse que la déstalinisation n'affecte la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et il avait assisté, non sans appréhension, à la "démaoïsation" en Chine. Aussi, pour garantir la continuité de son régime, sa propre place dans l'histoire (comme sa sécurité personnelle) et éviter des batailles de clans, il décida de placer au pouvoir son propre fils.
Au début des années 1970, le "Grand Dirigeant" disposait d'un pouvoir absolu. Bien qu'une succession du fils par le père ait pu apparaître "naturelle" à une partie de la population passée du colonialisme nippon au socialisme sans avoir connu d'expérience démocratique, elle était loin d'aller de soi pour l'élite. Le processus commença par des campagnes idéologiques destinées à promouvoir l'image de Kim Jong-il, dans les années 1970.
NÉPOTISME
A cette époque apparaît le terme de "Centre du Parti" pour désigner, sans le nommer, le futur héritier. L'autorité du Parti du travail de Corée est censée émaner de ce "Centre", auquel il est fait référence comme à une personne puisque les membres étaient invités à lui témoigner "affection" et "fidélité". En février 1977, un texte publié par l'Association des Coréens au Japon, pro-Pyongyang, et destiné à ses cadres, annonçait la décision du comité central de désigner le "Cher Dirigeant" comme successeur du "Grand Dirigeant".
Selon la biographie officielle de Kim Jong-il (2001), ce dernier avait été désigné successeur dès 1974 "conformément à la volonté unanime du Parti". Ce népotisme suscita quelques résistances. Au sein du clan des Kim, d'abord : de la part de Kim Jong-ju, frère de Kim Il-sung, qui avait un temps fait figure successeur, et de la belle-mère de Kim Jong-il, qui entendait placer son fils aîné sur les rangs. D'autres vinrent du Parti et de l'armée. Une opposition qui n'apparut jamais au grand jour, mais ces "déviationnistes" furent peu à peu rayés des rangs du Comité central. Une bonne partie de la "vieille garde" se rallia à l'idée d'une succession dynastique. Outre les capacités à gouverner que les anciens partisans reconnaissaient à l'héritier, cette formule évitait d'ouvrir une lutte pour le pouvoir qui pouvait être désastreuse pour le régime.
Lors du sixième congrès du Parti du travail, en octobre 1980, Kim Jong-il fut intronisé comme le successeur désigné. Membre du présidium du bureau politique et premier secrétaire du comité central, il occupait la troisième position dans la commission de défense, derrière son père et le maréchal O Jin-u. »
■ « De quelle Corée du Nord hérite Kim Jong Un ? », Lemonde.fr, 19 décembre 2011.
« La mort soudaine du dirigeant nord-coréen intervient alors que le pays est au milieu du gué, essayant de se dégager de son isolement international et de redresser une économie moribonde. Elle se produit à la veille des célébrations, le 15 avril 2012, du centième anniversaire de la naissance du "père fondateur" de la nation, Kim Il-sung, mort en 1994, qui doivent marquer l'avènement d'un "pays fort et prospère" et auxquelles se préparait Pyongyang, proie depuis des mois à de grands travaux, et alors que le processus de succession de Kim Jong-il par son troisième fils, Kim Jong-un, est à peine commencé.
Annoncé par la télévision lundi 19 décembre en milieu de journée, le décès est survenu samedi matin à bord d'un train dans lequel Kim Jong-il avait pris place pour une de ses visites sur le terrain. La destination n'a pas été révélée. Kim Jong-il aurait été victime d'une crise cardiaque fulgurante. Son fils Kim Jong-un (28 ans) a été présenté par les médias officiels comme le successeur désigné du dirigeant défunt. "Tous les membres du parti, les militaires et le peuple doivent suivre fidèlement l'autorité du camarade Kim Jong-un" et "renforcer le front uni formé du parti, de l'armée et du peuple". Les funérailles ont été fixées au 28 décembre. La personne qui sera désignée pour présider ces cérémonies sera une indication de la nouvelle structuration du pouvoir autour de la figure du successeur désigné. Apparemment, la nouvelle était connue de la population dès le début de la matinée : dans les universités, les étudiants sanglotaient sur leur pupitre, rapporte un témoin. Selon des résidents étrangers, il pèse sur Pyongyang un silence prostré.
La seconde succession dynastique en République populaire démocratique de Corée (RPDC) est présentée par le régime comme la "meilleure solution" afin d'assurer la continuité et la stabilité du pays, qui se considère toujours menacé par les Etats-Unis. Arguments qui avaient déjà été utilisés pour légitimer la mise en place de la succession de Kim Il-sung par son fils Kim Jong-il dans les années 1970-1980. La progression de Kim Jong-il dans l'appareil du parti et de l'Etat avait pris une dizaine d'années. Dans le cas de Kim Jong-un, il est apparu au grand jour il y a à peine deux ans : nommé général à quatre étoiles et vice-président de la commission militaire centrale du Parti du travail au cours de l'assemblée de ses membres en septembre 2010. Par la suite, il avait accompagné régulièrement son père dans des visites sur le terrain, notamment d'unités de l'armée.
Bien que, pour l'instant, tout porte à croire que cette succession a été acceptée par l'élite dirigeante, les experts en Corée du Sud restent prudents, estimant que le jeune Kim sera le symbole de la continuité du régime, mais vraisemblablement solidement encadré par l'entourage immédiat de son père (famille, proches conseillers et militaires) et qu'il ne disposera pas de la même autorité : dans un premier temps au moins, la direction du pays sera collégiale. L'organe suprême de l'Etat est la Commission de défense nationale que présidait Kim Jong-il. Elle comprend, outre de hauts gradés, le beau-frère du dirigeant défunt, Jang Song-taec, qui devrait jouer un rôle charnière dans l'après-Kim Jong-il.
Kim Jong-un et l'élite dirigeante héritent d'un pays en transition. Sous l'apparente immuabilité du régime et la chape de plomb de la répression, la société évolue. L'apparition de facto d'une économie de marché, après la famine de la seconde moitié des années 1990, a donné naissance à une nouvelle classe de marchands et d'affairistes. Cette économie parallèle a aussi accru les disparités sociales et est à l'origine d'une corruption qui s'est étendue à toute la société : l'argent est devenu le fluidifiant indispensable des affaires.
En même temps, l'information, venue de Chine, circule davantage. Conjuguée à cette entre-ouverture de fait d'une partie de la société, l'extension du marché a élargi l'horizon des jeunes au-delà des objectifs collectifs. Le rôle du parti, dont l'appartenance garantissait des privilèges, s'est amenuisé.
Soutenue par la Chine, la RPDC est aussi devenue plus dépendante économiquement et politiquement de son seul allié et plusieurs grands projets de développement économique ont été lancés à la frontière entre les deux pays. De nouvelles mesures visent en outre à attirer les investissements étrangers. "Grâce au général Kim Jong-un, la stabilité politique est garantie dans notre pays", nous disait, il y a quelques semaines à Pyongyang, Kim Ji-hyok, conseiller juridique de la Commission pour les investissements étrangers.
La mort de Kim Jong-il intervient alors que se dessinait une reprise du dialogue avec les Etats-Unis, qui devrait conduire à un retour à la table de négociations à Six (Chine, Corées, Etats-Unis, Japon et Russie) sur la question des ambitions nucléaires nord-coréennes. Un dossier qui appelle des choix que Kim Jong-il avait sans doute l'autorité d'imposer aux éléments les plus durs du régime. En sera-t-il de même pour la nouvelle équipe dirigeante ?
■ « Un nouveau dirigeant méconnu Jong-un, le troisième des Kim », Lemonde.fr, 19 décembre 2011.
« Kim Jong-un est tout le portrait de son grand-père Kim Il-sung lorsqu'il avait son âge (la trentaine). Même corpulence, même coupe de cheveux, même costume Mao. Une ressemblance cultivée afin de rassurer la population, avancent des experts à Séoul.
Troisième fils de Kim Jong-il, né de son union avec une danseuse de la troupe Mansudae, Ko Young-hee, décédée en 2004, Kim Jong-un est peu connu. Sa photo a été publiée pour la première fois dans l'organe du parti, Rodong sinmun, quelques jours après la tenue de l'assemblée des membres du Parti du travail de septembre 2010. Selon les médias officiels, il serait diplômé de l'université militaire Kim-Il-sung et parlerait plusieurs langues étrangères. Il aurait été étudiant en Suisse. Sa date de naissance est inconnue.
Quelques semaines avant la mort de son père, Kim Jong-un était présenté à Pyongyang comme son successeur. Il avait été promu général à quatre étoiles et désigné vice-président de la Commission centrale de défense du Parti du travail. Il a rencontré à plusieurs reprises des dirigeants étrangers. Il aurait le soutien de Pékin.
Une chanson (La Trace), dans laquelle il est mentionné comme le "commandant", et des plaques marquant son passage en certains lieux (usines, unités militaires, écoles) visités en compagnie de son père témoignent de la volonté du régime de lui vouer un culte à la même enseigne que son père et son grand-père. La question est maintenant de savoir si cela lui suffira pour asseoir son autorité.
■ « 4 questions pour comprendre le programme de missiles de la Corée du Nord », Lemonde.fr, 27 mars 2014.
"Le Conseil de sécurité de l'ONU tient des consultations, jeudi 27 mars après-midi, sur les récents tirs de missiles par la Corée du Nord, a annoncé mercredi 26 mars la mission luxembourgeoise auprès de l'ONU. Pyongyang a procédé mercredi matin à des tirs d'essai balistiques en réponse au sommet de La Haye (Pays-Bas) entre le Japon, la Corée du Sud et les Etats-Unis, qui ont dénoncé une "escalade provocatrice".
Que sait-on du programme de missiles nord-coréens ?
En violation des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies sanctionnant son programme nucléaire, le régime nord-coréen a lancé deux missiles qui sont apparemment des variantes de missiles Rodong (épelés "Nodong" en Corée du Sud), considérés comme des missiles à moyenne portée avec un maximum allant de 1 000 à 1 500 kilomètres. Lors des quatre dernières semaines, la Corée du Nord a également procédé à de nombreux lancements de missiles Scud de courte portée et de fusées, alors que les Etats-Unis et la Corée du Sud organisaient leurs exercices militaires conjoints annuels. Le dernier essai présumé de missile Rodong par Pyongyang remontait à juillet 2009.
« Pyongyang est soupçonné d'avoir lancé des missiles pour protester contre la pression internationale pour la dénucléarisation exprimée lors du Sommet sur la sécurité nucléaire à La Haye (Pays-Bas) et contre les exercices militaires conjoints en cours entre Séoul et Washington, ainsi que pour montrer la capacité de ses missiles balistiques », selon le Korea Times.
« Le lancement a également eu lieu le jour même où la Corée du Sud commémore le quatrième anniversaire du naufrage de la corvette Cheonan, qui avait été touchée par une torpille nord-coréenne en mer Occidentale, une zone de forte tension. Pyongyang nie toujours son implication dans l'incident qui a tué 46 marins. », ajoute le quotidien sud-coréen.
Comment ce programme de missiles s'est-il étendu ?
Ces tirs montrent aussi l'étendue du programme de missiles nord-coréens. Pyongyang dispose en effet de plusieurs centaines de missiles, essentiellement à courte et moyenne portée, qu'elle a acquis et développés depuis une trentaine d'années.
Le programme d'acquisition et de développement de missiles de la Corée du Nord aurait commencé vers 1975, selon l'IISS (International Institute for Strategic Studies) de Londres. A partir de cette date, Pyongyang a notamment importé d'Union soviétique des missiles Scud-B à courte portée et a développé à partir de cette technologie ses propres missiles, Hwasong-5 et Hwasong-6, en accroissant leur portée à respectivement 300 et 500 kilomètres.
Ces missiles peuvent frapper des cibles dans toute la péninsule coréenne – un objectif tactiquement utile pour les dirigeants communistes, mais qui ne remplit pas un des objectifs stratégiques : pouvoir frapper des cibles au Japon, bases américaines comprises.
Aussi, la Corée du Nord a décidé d'importer des missiles, probablement de Russie, pour développer à partir de 1988 le Rodong. Il a été testé à partir de 1993. Donnant satisfaction, il a commencé à être exporté à partir de la deuxième moitié des annés 1990, notamment en Iran et au Pakistan – respectivement renommés Shahab-3 et Ghauri.
La Corée du Nord est ainsi devenue un Etat proliférant, accroissant l'instabilité de la planète. La portée de ce missile est de 900 kilomètres. Il peut toucher une partie des bases japonaises et américaines au Japon ou des objectifs civils. Mais le missile n'a été testé que sur 500 kilomètres. En 2010, Pyonyang a présenté une nouvelle version améliorée, le Nodong-2010, qui pourrait théoriquement atteindre 1 600 kilomètres et toucher Okinawa, dans le sud de l'archipel.
Mais Pyongyang cherche aussi à se doter de missiles intercontinentaux depuis la fin des années 1980. Le missile Taepodong-1 a été testé le 31 août 1998, provoquant un choc, notamment au Japon, le missile passant au-dessus du territoire.
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Quelle portée peuvent avoir ces missiles ?
Sous la pression internationale, Pyongyang accepta, quelques mois plus tard, en 1999, un moratoire sur les tests de missiles à longue portée, en échange de la levée des sanctions économiques instaurées par les Etats-Unis, moratoire auquel elle mit fin en 2006. Depuis, le Taepodong-1 n'a pas été testé. Reconnaissant ses limites opérationnelles, les ingénieurs nord-coréens ont planché sur une nouvelle version, le Taepodong-2, à partir des années 1990. Il a été testé pour la première fois en 2006. Mais le test de ce missile dont la portée serait d'au moins 4 000 kilomètres a échoué.
Un autre missile, le Unha-2 – dont on ne sait pas s'il est une réplique du Taepodong-2 ou s'il s'agit d'un nouveau système – a été lancé en 2009. Ce fut également un échec. Mais selon l'IISS, son développement pourrait servir soit au lancement de petits satellites, soit comme missile à longue portée, entre 6 500 et 10 000 kilomètres. Un autre missile à plus courte portée (2 400 ou 4 000 kilomètres, selon les sources), le Musudan, n'a pas encore été testé et est en cours de développement. Enfin, le Unha-3 a été testé, le 12 décembre 2012, avec succès. Il pourrait atteindre, théoriquement, jusqu'à 10 000 kilomètres de portée, atteignant ainsi largement l'intérieur des Etats-Unis ou l'Europe de l'Ouest.
La portée de ces missiles serait donc, pour certains, considérable, mais elle n'est pas confirmée tant le programme est opaque et l'industrie nord-coréenne technologiquement peu avancée. Par ailleurs, certains systèmes sont difficilement détectables, étant installés sur des rampes mobiles. La Corée du Nord disposerait de 200 rampes mobiles de lancement de missiles balistiques, soit le double de ce qui avait été estimé auparavant par les experts sud-coréens, selon l'agence Yonhap, se référant à l'Institut coréen de recherche aérospatiale.
Sur ces 200 rampes, 100 sont destinées aux missiles courte portée Scud, 50 pour les missiles de moyenne portée Rodong, et 50 pour les missiles de moyenne portée Musudan. Selon les experts militaires, ces rampes de lancement sont déployées dans des régions permettant de frapper les bases sud-coréennes et américaines situées dans le sud de la péninsule coréenne.
Quelles sont les conséquences régionales ?
Cet arsenal est d'autant plus inquiétant que Pyongyang développe un programme nucléaire militaire et qu'elle pourrait, dans un avenir peu clair, doter ses missiles balistiques d'ogives nucléaires. Elle a déjà réalisé trois tests nucléaires en 2006, 2009 et 2013.
Par ailleurs, le face-à-face militaire entre Nord et Sud de la péninsule coréenne est impressionnant, ce qui ne va pas dans le sens d'un apaisement des tensions. Alors que Pyongyang a l'avantage quantitatif, mais dispose de matériels souvent obsolètes, Séoul déploie des forces beaucoup plus modernes, appuyées par un contingent militaire américain de 22 000 hommes. Et la Corée du Sud ne cesse de moderniser ses forces. Ainsi, elle devrait acheter prochainement quarante avions de combat furtif F-35 aux Etats-Unis, creusant encore l'écart qualitatif avec sa rivale du nord.
Face à ces menaces, la Corée du Sud, mais aussi le Japon, cherchent à se protéger en développant un programme de défense antimissile."
B- La fin de la dicature en Biramnie ?
■ Au sortir de l'indépendance en 1948, la Birmanie est confrontée aux revendications autonomistes de ses minorités. L’ethnie birmane ne représente que 70 % de la population, soit 35 millions de personnes. Parmi les minorités, il y a les Arakanais (2 millions), les Chin (1 million), les Kachin (500 000), les Shan (3-4 millions), les Môn (0,5 à 1 million), les Rohingya (200 000) et surtout les Karens (3 millions) qui se soulèvent contre le gouvernement birman dès l'indépendance en 1948.
■ Pour rétablir l'ordre, le Premier ministre fait appel au général Ne Win, qui réprime férocement l'insurrection.
Pour en savoir plus : http://fr.wikipedia.org/wiki/Ne_Win
■ En 1988, un coup d'État militaire est organisé et la loi martiale est instaurée à la suite de répressions sanglantes. Le SLORC « Conseil d'État pour le Rétablissement de la Loi et l'Ordre » est en place et on rebaptise le pays sous le nom de « Myanmar » (« pays merveilleux ») puis, à partir de 1989, l’« Union de Myanmar ».
■ Les élections législatives de mai 1990 sont marquées par l’écrasante victoire du parti d'opposition, la « Ligue nationale pour la démocratie », dirigée par Aung San Suu Kyi (fille d’Aung San, héros de l’indépendance). Mais le pouvoir refuse la tenue de la « convention de l'Assemblée du peuple » et poursuit sa politique de répression et de nettoyage ethnique.
■ Aung San est un militaire, homme politique et dirigeant nationaliste. Il est le père d'Aung San Suu Kyi.
Pour en savoir plus : http://fr.wikipedia.org/wiki/Aung_San
■ Depuis que les militaires exercent les pleins pouvoirs, c’est le général en chef des Forces armées qui exerce l'autorité législative et exécutive, avec l'aide d'une « Assemblée constituante » en principe élue. La junte au pouvoir muselle les médias, emprisonne les journalistes étrangers, interdit toute forme d'expression dissidente et réprime dans le sang les manifestations en faveur de la démocratie.
■ La Birmanie est dirigée par une véritable narco-dictature. Les régions de production du pavot sont situées dans des zones contrôlées soit par l'armée nationale soit par les milices qui ont signé des accords avec le pouvoir. Les revenus de ce trafic permettent au pouvoir d’augmenter les effectifs de l’armée (45 % du budget de l’État est consacré à l’armée) et de contrôler, par exemple, l’État shan pour réaliser ses grands projets hydro-électriques.
■ La recherche de légitimité. Les militaires se montrent, chaque fois qu'ils le peuvent, en compagnie de moines ou de ressortissants des minorités ethniques en costume national. L’objectif est de convaincre le peuple de l'adhésion des couches les plus influentes de la société civile.
■ La propagande.
■ Aung San Suu Kyi et la lutte pour la démocratie.
Fille du leader de la libération Aung San (assassiné en 1947), Suu Kyi est née à Rangoon en 1945, juste avant que la Birmanie ne se libère de la tutelle colonisatrice de la Grande-Bretagne. Sa mère est diplomate et Suu Kyi est élevée en Inde et en Grande-Bretagne. Elle fait des études de philosophie, d’économie et de sciences politiques à Oxford. Elle poursuit une carrière académique jusqu'à ce qu'elle rentre en Birmanie, en 1988, pour soigner sa mère malade.
En juillet 1988, le général Ne Win, à la tête d’une junte militaire depuis 1962, est obligé de démissionner. Les troubles qui suivent cet événement sont brutalement réprimés par l'armée. Influencée par la philosophie et les idées du Mahatma Gandhi et de Martin Luther King, Suu Kyi et ses amis politiques fondent, en 1988, la Ligue nationale pour la démocratie (LND). Son engagement, non violent, en faveur de la mise en place d'un régime démocratique lui vaut un grand succès auprès de la population. Ce succès va amener, en 1989, la junte militaire au pouvoir à assigner Suu Kyi à domicile afin de diminuer son influence, mais cette mesure ne va pas empêcher la LND de remporter presque 80% des sièges lors des élections de 1990. Les militaires au pouvoir vont refuser le résultat démocratique sorti des urnes et vont au contraire augmenter la répression et les persécutions vis-à-vis de l'opposition et des minorités ethniques. Malgré cela, Suu Kyi, appelée «la Dame», continue de résister.
Pour plus de détails, voir l’article :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Aung_San_Suu_Kyi
■ Le général Than Shwe.
Pour en savoir plus : http://fr.wikipedia.org/wiki/Than_Shwe
■ Les émeutes de 2007. Les évènements politiques d'août et septembre 2007 en Birmanie ont pour origine l'augmentation brutale du prix de plusieurs sources d'énergies décidée par le régime à partir du 15 août. Les manifestations ont débuté le 19 août à Rangoon. Ces manifestions pacifiques se sont étendues et poursuivies avec le soutien de centaines de bonzes accompagnés de plusieurs dizaines de milliers de personnes, atteignant jusqu'à 100 000 manifestants. Réprimées à partir du 26 septembre, elles n’ont eu aucune conséquence politique.
Pour en savoir plus :
http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89v%C3%A9nements_politiques_de_2007_en_Birmanie
■ Un pays en pleine mutation depuis 2011.
Pour comprendre les changements en cours, vous pouvez consulter le complément du cycle de conférences consacré entièrement à la Birmanie contemporaine : ici