23 février 2015 1 23 /02 /février /2015 12:46

 

Première partie :

Chine : l'économie socialiste de marché.

 

La Chine est devenue communiste le premier octobre 1949 avec la victoire de Mao sur son rival Tchang Kaï-Chek. 

01

 A- Les « quatre modernisations » et la « triple représentativité ».

Deng Xiao Ping et les « quatre modernisations » :

021) modernisation de l'agriculture : l'agriculture est décollectivisée, les prix sont libéralisés, ce qui provoque une augmentation de la production agricole et la hausse des revenus des paysans

2) modernisation de l'industrie : Pékin attire la technologie et les investissements étrangers, en créant dès 1980 4 Z.E.S. (Zones Economiques Speciales) offrant des avantages aux investisseurs étrangers.

3) modernisation des sciences

4) modernisation de la défense nationale.

Ne manque que la « cinquième modernisation », réclamée par les dissidents : la démocratie…

Pour en savoir plus :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Deng_Xiaoping

Zhu En Lai

03

- Fondateur de la branche européenne du Parti communiste (PCC) en 1927

- Chef du parti communiste de la République soviétique chinoise en 1931

- Ministre des Affaires étrangères de 1949 à 1958

- Premier représentant de la Chine à l'étranger

- Premier ministre, il participa à la Conférence de Bandung en avril 1955

Pour en savoir plus :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Zhou_Enlai

04 Hu Yao Bang (1915-1989) a été le secrétaire général du Parti communiste de 1980 à 1987. En 1987 il est limogé de ses fonctions à la tête du Parti suite à des manifestations étudiantes qu'il avait sans doute soutenues dans leurs revendications démocratiques.

Pour en savoir plus :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Hu_Yaobang 

05 Li Peng a été le président du Comité permanent de l’Assemblée nationale populaire de la République populaire de Chine de 1998 à 2003 et fut le numéro deux du Parti communiste  après Jiang Zemin au sein du Comité permanent du bureau politique jusqu’en 2002. Il fut Premier ministre entre 1987 et 1998. Obsédé par la stabilité sociale et politique, Li Peng a mené une politique prudente de réformes économiques en Chine. Durant son mandat de Premier ministre il a supervisé une économie qui progressait grossièrement au rythme de 10 % l’an en termes de PNB. Parce qu’il fut le responsable politique de la violente répression des manifestations de la place Tian'anmen en 1989, il ne fut jamais très populaire en Chine.

Pour en savoir plus :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Li_Peng

Jiang Ze Min et la théorie de la « Triple Représentativité », formulée en février 2000.

06Elle représente sa contribution à l'évolution de la pensée politique chinoise. La première « représentation » met fin au mythe selon lequel le parti assumerait sa dictature au nom du prolétariat. Il devient le « parti des producteurs », y compris et surtout celui des entrepreneurs et des hommes d'affaires.  La deuxième « représentation » signifie que « modernisation » ne se confond pas forcément avec « occidentalisation » et peut donner lieu à une interprétation nationaliste. La troisième « représentation », d'inspiration confucéenne, met fin à la vision du monde de Mao qui reposait sur la lutte des classes et le conflit permanent entre deux lignes. Jiang Ze Min explique que « la pensée importante de Triple Représentativité constitue le marxisme développé et adapté à la réalité de la Chine au XXIème siècle et les principes directeurs à observer par le PCC et le peuple de tout le pays pour poursuivre l’œuvre de nos prédécesseurs et frayer le chemin à l’avenir, évoluer avec le temps et construire en grand une société au niveau de vie aisé. »

Pour en savoir plus :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Jiang_Zemin

L’économie socialiste de marché – Caricature de Plantu.

07 ■ Ces dernières années, le régime s'est trouvé confronté à une multitude de mouvements spontanés et isolés de protestation sociale. Voir ce sur ce sujet l’article de C. GOUESET, « Violentes manifestations en Chine », publié le 15/06/2011. 

08« La Chine est secouée par des mouvements de contestation contre l'incurie des autorités locales, dans un contexte d'inflation en hausse.

La Chine a été secouée par de violents accès de protestation ces dernières semaines qui illustrent le ressentiment croissant d'une grande partie de la population à l'égard du pouvoir. Ces mouvements de grogne ont surtout ciblé les autorités locales accusées de corruption, d'abus de pouvoir et d'expropriations illégales. 

La région de Canton, dans le sud du pays, est l'une de celles qui ont connu la semaine dernière de violents incidents. Une altercation dans la ville de Xintan (Zengcheng) entre des membres des forces de sécurité et un couple de travailleurs migrants, des vendeurs ambulants, sont à l'origine des affrontements qui ont duré tout le weekend. Selon le site Aujourd'hui la Chine, les policiers municipaux, "désireux de déloger le couple, car la vente à la sauvette (bien que très répandue) est illégale, auraient violemment bousculé la femme, qui était enceinte, provoquant la colère de la foule alentour, et d'immenses manifestations.  

" Une foule de centaines de personnes en colère a jeté des briques et des bouteilles sur des policiers, selon l'agence de presse officielle Chine nouvelle. La manifestation a été dispersée par la police, qui a fermé les routes à la circulation, et 25 personnes ont été arrêtées. Des centaines de policiers ont été déployés, ainsi que des blindés (…)

Des centaines d'habitants ont par ailleurs affronté les policiers la semaine dernière dans une autre ville de la province du Guangdong, Chaozhou, après qu'un ouvrier a été blessé à l'arme blanche, en raison d'un conflit salarial.  

La province du Guangdong, considérée comme l'atelier du monde, concentre un grand nombre d'usines qui produisent pour l'exportation. Elle attire des milliers de mingong, ces ouvriers migrants, originaires des régions rurales de Chine, confrontés au travail précaire et sous-payé ainsi qu'à l'exploitation de leurs logeurs. Mais depuis quelques années déjà, les mingong relèvent la tête et n'acceptent plus aussi facilement les mauvais traitements qui leurs sont infligés.  

Inflation au plus haut depuis 3 ans

Des heurts avaient également opposé plus de 1.500 personnes à la police, le 9 juin, à Lichuan, dans la province du Hubei, dans le centre du pays, lors d'une manifestation de protestation contre la mort en garde à vue d'un élu local. "Des problèmes locaux ont tendance à dégénérer en raison de l'inquiétude croissante causée par d'autres questions comme l'inflation", selon Russell Leigh-Moses, analyste installé à Pékin. Face aux carences du système judiciaire, des Chinois se retrouvent souvent poussés à des actions violentes pour exprimer en dernier ressort leur désespoir, explique-t-il. 

L'inflation en Chine a atteint en mai son plus haut niveau en près de trois ans, et la hausse des prix est potentiellement explosive. De nombreuses catégories de Chinois subissent de plein fouet l'envolée des prix, notamment les paysans, les retraités et les ouvriers migrants. La sécheresse et les inondations qui ont frappé ces dernières semaines des régions du centre et du sud de la Chine ont aggravé la crise. 

En avril, les chauffeurs de poids lourds du port de Shanghai - le plus grand port de conteneurs au monde - s'étaient mis en grève plusieurs jours d'affilée, pour protester contre la baisse de leur pouvoir d'achat et la hausse du coût du gazole. 

Et le mois dernier, la région autonome chinoise de Mongolie intérieure a vu des manifestations sans précédent de Mongols contre la surexploitation de leurs ressources minières ou la marginalisation de leur culture. Pékin, après avoir déployé de très importantes forces de l'ordre, a été forcé d'annoncer une refonte de l'industrie minière dans la zone. » 

http://www.lexpress.fr/actualite/monde/asie/violentes-manifestations-en-chine_1002495.html

■ Les organisations de masse. Province de Jiangxi : répétitions en vue de la commémoration du 62ème anniversaire de la fondation de la République populaire de Chine.

09.png■ Beaucoup d’éléments montrent que toutes les institutions de contrôle et de répression héritées de Mao (et de Staline) sont toujours présents et efficaces dans la Chine actuelle : matraquage idéologique, manipulation de l'information, appel à la dénonciation, et travail accompli dans les prisons et dans les camps (les « Laogai »).

10

Pour en savoir plus sur le système répressif en Chine :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Prison_en_R%C3%A9publique_populaire_de_Chine

■ Les dissidents. L’exemple de Liu Xiao Bo, prix Nobel de la Paix.

11Pour en savoir plus :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Liu_Xiaobo-300.jpg

■ Le Parti redoute qu'on puisse remettre en cause sa mainmise sur le pouvoir, comme le prouve la mise hors-la-loi de la secte Falungong (société secrète associant bouddhisme et taoïsme).

13Le Falun (roue de la Loi) contient le symbole taoïste du Taiji et le Svastika bouddhiste. C'est l'emblème du Falun Gong.

14.pngPour en savoir plus :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Falun_Gong

B- La démocratie est-elle envisageable en Chine ?

■ Le printemps de Pékin, 1989.

15« Les manifestations de Tian'anmen, largement désignées dans une grande partie du monde par le terme « massacre de la place Tian'anmen », se déroulent entre le 15 avril 1989 et le 4 juin 1989 sur la place Tian'anmen à Pékin, la capitale de la République populaire de Chine.

Elles prennent la forme d’un mouvement d'étudiants, d'intellectuels et d'ouvriers chinois, qui dénoncent la corruption et demandent des réformes politiques et démocratiques. La contestation s'étend à la plupart des grandes villes, comme Shanghai, et aboutit à Pékin à une série de grandes manifestations et de grèves de la faim organisées sur la place Tian'anmen. Après plusieurs tentatives de négociation, le gouvernement chinois instaure la loi martiale le 20 mai 1989 et fait intervenir l'armée le 4 juin 1989.

18.pngLa répression du mouvement provoque un grand nombre de victimes civiles (de quelques centaines à quelques milliers selon les sources), et de nombreuses arrestations dans les mois qui suivent. Plusieurs dirigeants politiques favorables au mouvement sont limogés et placés en résidence surveillée, notamment le secrétaire général du Parti communiste chinois, Zhao Ziyang. Par la suite, un coup d'arrêt durable est porté aux réformes politiques en République populaire de Chine. Le gouvernement expulse les journalistes étrangers et contrôle strictement la couverture de l’évènement par la presse chinoise. À l'étranger, la répression provoque une condamnation générale du gouvernement chinois. »

Suite de l’article :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Manifestations_de_la_place_Tian%27anmen

■ La corruption. Cf article « La corruption a coûté 122 milliards en 20 ans à la Chine », AFP, juin 2011.

19.png

« Des responsables chinois corrompus ont détourné plus de 122 milliards de dollars en moins de vingt ans, selon une étude de la banque centrale chinoise rendue publique cette semaine.

De 16 000 à 18 000 cadres gouvernementaux ou de sociétés étatiques ont fui à l'étranger ou tout simplement disparu après avoir reçu des pots-de-vin pour un montant total estimé à 800 milliards de yuans (122 milliards de dollars canadiens), selon cette étude.

Les plus hauts responsables ayant détourné les sommes les plus importantes ont fui vers des pays développés tels que les États-Unis, le Canada ou l'Australie, tandis que ceux d'un rang moindre ont eu tendance à jeter leur dévolu sur des pays moins éloignés, tels que la Russie ou la Thaïlande.

Hong Kong, région administrative spéciale, a souvent été utilisée par les responsables corrompus comme une porte d'entrée vers les pays du Commonwealth. D'autres sont passés par des pays africains ou latino-américains, le temps d'obtenir des documents pour s'installer dans un des pays occidentaux.

Quelques-uns se sont enfuis en emportant les sommes détournées sous forme d'argent liquide, dans leurs bagages, a relevé l'étude.

Le pouvoir chinois n'a cessé de prendre des mesures anticorruption depuis le lancement des réformes économiques il y a plus de 30 ans, sans guère réussir à endiguer ce fléau qui mine la légitimité du Parti communiste et nourrit le mécontentement de la population.

Le président chinois Hu Jintao a déclaré à de nombreuses reprises qu'il était vital pour le Parti d'éliminer la corruption de ses cadres ».

http://www.cyberpresse.ca/international/asie-oceanie/201106/17/01-4410194-la-corruption-a-coute-122-milliards-en-20-ans-a-la-chine.php

■ « Corruption : l'autre tare de la presse chinoise », par B. GAUDUCHEAU, Aujourd’hui la Chine, 16 mai 2011.

00« La censure n'est pas la seule tare du journalisme en Chine. Mal connue, la corruption des journalistes est pourtant monnaie courante, rajoutant un biais à une information déjà amputée d'un certain nombre de sujets interdits par l'Etat.

La pratique est aussi mal connue qu'elle est répandue. Elle pourrait se résumer à une image : une enveloppe rouge glissée entre les pages d'un dossier de presse.

C'est l'autre plaie du journalisme chinois : la corruption, ou comment des journalistes sont achetés par des entreprises pour leur silence, ou pour leurs éloges.

Lors des conférences de presse des entreprises, il est tout à fait habituel que les journalistes invités trouvent, dans le dossier de presse, une enveloppe rouge pleine de billets.

Pour les entreprises, c'est un moyen de s'assurer une bonne couverture médiatique; pour les journalistes, il s'agit d'arrondir des fins de mois qui, sans cela, seraient moins faciles.

"Les jeunes journalistes commencent en général entre 2000 et 4000 yuans par mois à Pékin. Vu le coût de la vie, ça ne fait pas beaucoup", explique Xu Chao, jeune journaliste pour le magazine indépendant Caijing. Selon la jeune fille, le magazine a pour sa part défini une politique de refus catégorique de ces faveurs.

Un cercle vicieux

Une position ferme également adoptée par d'autres médias, mais difficilement applicable. "Dans notre journal, les journalistes n'ont pas le droit d'accepter ces enveloppes, et ceux qui le font encourent une sanction. Mais en réalité, il est assez difficile de savoir qui le fait ou pas. C'est une pratique très courante dans le journalisme économique", confirme Chen Lingshan, directeur du service étranger au Beijing News.

D'autant que même pour les journalistes scrupuleux, garder son intégrité n'est pas forcément évident. "Pour les journalistes qui n'acceptent pas d'enveloppes rouges, les relations avec leurs collègues peuvent devenir compliquées, expliquait en 2008 Zhan Jiang, doyen de l'école de journalisme de l'Université des Jeunes de Sciences Politiques de Pékin, à Forbes. Les autres journalistes les considérerons comme des ennemis, (ou) comme dangereux, car "ils pourraient écrire sur nous".

Le système est donc bien implanté et pour les entreprises, même étrangères, il est également difficile de ne pas y souscrire.

"Si on veut faire venir du monde à nos conférences de presse, nous sommes obligés de glisser des enveloppes rouges dans les dossiers de presse, explique un entrepreneur français sous condition d'anonymat. Or, avoir des articles dans la presse chinoise donne un crédit important et souvent nécessaire auprès des différents interlocuteurs chinois dont nous avons besoin. C'est un cercle vicieux!"

Ne pas publier d'articles, un gagne pain rentable

Mais la corruption n'est pas uniquement utilisée pour acheter les faveurs de journalistes : elle est également un bon moyen d'étouffer des affaires gênantes.

Il est donc très courant que des entreprises payent des journalistes pour ne pas publier des articles qu'elles jugent gênants. La pratique est également très courante, à tel point que certains en font carrément leur gagne pain.

Il n'est ainsi pas rare qu'une flopée de journalistes (et/ou de gens se présentant comme tel) débarque au moindre coup de grisou dans les nombreuses mines du pays et se rendent immédiatement auprès de la direction pour réclamer leur dû.

Et l'affaire est sans doute rentable, car entre les désastres écologiques, les mines meurtrières, les abus sociaux et les scandales alimentaires, la Chine ne manque pas d'affaires à ne pas publier.

"Le coupable, c'est le système chinois, qui fait faire n'importe quoi aux journalistes, qui suivent les ordres venus d'en haut et sont privés de tout sens de l'honneur et de l'estime de soi", analyse Li Datong, rédacteur en chef du China Youth Daily, interrogé récemment par le South China Morning Post.

La censure et la corruption seraient donc peut-être liées : en effet, il est sans doute moins choquant de modifier la réalité à la demande d'entreprises quand on le fait déjà par ailleurs souvent pour coller à la ligne officielle du Parti. »

http://chine.aujourdhuilemonde.com/corruption-lautre-tare-de-la-presse-chinoise

 

Deuxième partie :

VIETNAM ET LAOS : SUR LES TRACES CHINOISES ?

A- Le « doi moi » vietnamien

 21■ En 1986, le Vietnam adopte des lois autorisant les investissements étrangers : c'est le doi moi, terme qu'on peut traduire par « restructuration », « réforme », « changement » ou encore « rénovation », équivalent vietnamien de la perestroïka soviétique.  C’est, comme en Chine, un « projet de conciliation entre les valeurs du socialisme et les forces du marché ».

22■ Une libéralisation en deux temps :

1) développement de l'agriculture : loi de 1987 réformant le système agricole. Les paysans peuvent à nouveau exploiter leurs terres à usage privé et leurs droits sur les terrains sont reconnus.

2) les investissements directs étrangers (IDE) sont encouragés. Ils servent à donner un coup de fouet indispensable pour dynamiser la croissance, créer des emplois, bénéficier de l'introduction de nouvelles technologies et améliorer la qualité des biens produits.

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■ Mais pas de libéralisation politique, et une répression qui continue à s’abattre régulièrement sur les dissidents : représentants de l'Eglise bouddhiste unifiée ou du clergé catholique, membres des ethnies minoritaires, et opposants politiques. Exemple : Cu Huy Ha Vu

http://www.observatoire-avocats.org/2011/04/13/cu-huy-ha-vu-vietnam/

B- La « République démocratique populaire lao »  

25■ En décembre 1975, la monarchie laotienne est abolie, et la « République démocratique populaire lao » est officiellement proclamée. Souphanouvong (photo) devient le président de la nouvelle république révolutionnaire. Le gouvernement nationalise les entreprises et crée des fermes collectives. Près de 400 000 Laotiens opposants au nouveau régime révolutionnaire, quittent le pays. 100.000 Laotiens sont envoyés dans des camps de travail (sur le modèle des « goulags » soviétiques), où plus de 30.000 personnes périront assassinées ou dans la torture, parmi lesquels le roi, la reine, le prince héritier, des ministres, des officiers supérieurs, des fonctionnaires du gouvernement royal, sans oublier de nombreux hmong, car réputés anticommunistes.

■ Une presse sous contrôle.

L’art.3 de la « Loi sur la presse » (2000) « interdit aux groupes ou aux individuels de se servir de leur droit d’expression pour parler ou écrire en public contre les intérêts de l’État ». L’art.4 exige de la presse d'« informer, faire la propagande, défendre la ligne et la politique du Parti, les lois de l’État ». L’art.13 demande aux associations de journalistes d'« être solidaires dans leurs professions pour servir la politique du Parti ». L’art.24 interdit aux journalistes de « critiquer et attaquer la République démocratique populaire lao ». Et depuis le 24 octobre 2000, le Comité national de l’Internet du Laos a décrété qu’il était « interdit à tout individu, toute organisation, toute société au Laos de mentir, de décevoir, ou de persuader les gens à l’intérieur ou à l’extérieur du Laos en vue de protester contre le Parti populaire révolutionnaire lao et contre le gouvernement du Laos […] sous peine d’amende, de rééducation, d’expulsion ou de condamnation selon la loi de la République démocratique populaire lao »

■ La répression des minorités : l’exemple des Hmongs.

29 Voir sur ce sujet l’article : http://fr.wikipedia.org/wiki/Hmong

Le contrôle du clergé.

30C’est le ministère de l’Intérieur qui encadre et dirige les moines bouddhistes. Il exige d’eux qu’ils étudient le marxisme-léninisme, qu’ils envoient des rapports hebdomadaires au ministère de l’Intérieur, et qu’ils obéissent aux directives du Parti.

 

Troisième partie :

COREE DU NORD ET MYANMAR : ENTRE AUTARCIE, ARCHAISME... ET OUVERTURE ?

 

A- La Corée du Nord, dernier régime stalinien du monde.

32Kim Il-Sung (1912-1994) a été le fondateur et le premier dirigeant de la Corée du Nord de 1948 jusqu'à sa mort. Kim Il-sung a occupé les postes de Premier ministre de 1948 à 1972 et de Président de la République à partir de 1972, tout en occupant de manière permanente le poste de Secrétaire général du Parti du travail de Corée. Il était couramment désigné du titre de Grand Leader. Il était surnommé le « Président éternel » ou « professeur de l'humanité tout entière ». Il a instauré un culte de la personnalité démesuré, à l'imitation de ceux de Staline et de Mao.

31Pour en savoir plus : http://fr.wikipedia.org/wiki/Kim_Il-sung

34Kim Jong-Il a succédé à son père, Kim Il-sung, qui a dirigé le pays entre 1948 et 1994. Appelé le « Cher dirigeant », il a occupé jusqu'à sa mort très récente les fonctions de président du Comité de la défense nationale et de secrétaire général du Parti du travail de Corée. La Corée du Nord est, selon sa constitution, placée « sous la direction du Parti du Travail de Corée » et le Comité dirige l'Armée populaire de Corée, dont le rôle est prépondérant dans le pays. La constitution de Corée du Nord, révisée en 1998, précise que le président du Comité est le « Dirigeant suprême de la République populaire démocratique de Corée ». Kim Jong-il était donc l'équivalent du chef de l'État de la République populaire démocratique de Corée, bien que, sur un plan strictement juridique, ce poste pouvait également être attribué à Kim Yong-nam, président de l'Assemblée populaire suprême. Le rôle de ce dernier est cependant en retrait par rapport à celui de Kim Jong-il.

 

■ Portrait d'un dictateur "irrationnel" et "imprévisible", par Philippe Pons, Lemonde.fr, 19 décembre 2011. 

33« Rarement une figure politique aura été plus énigmatique que celle de Kim Jong-il, héritier de la première dynastie communiste. Paré de toutes les vertus par le régime nord, comme son père, Kim Il-sung, d'un culte qui n'a jamais atteint ailleurs – et pour aussi longtemps – une telle ferveur, il passait à l'étranger pour un "lunatique", "irrationnel", "imprévisible" et sybarite à ses heures. Il est mort samedi 17 décembre à 8 h 30 locales.

Son image avait évolué à la suite du premier sommet intercoréen en juin­ 2000. Pour le président du Sud, Kim Dae-jung, le dirigeant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) savait "faire preuve de discernement" et il était "conscient de la nécessité de réformes". C'était aussi l'opinion de l'ex-secrétaire d'Etat américaine, Madeleine Albright qui s'entretint avec lui à Pyongyang en octobre­ 2000­ : "Il m'a surpris par son sens pratique et son caractère décidé", avait-elle déclaré.

A la suite de son second voyage en RPDC en 2004, le premier ministre japonais Junichiro Koizumi le décrivait comme un "homme intelligent", "prêt à plaisanter". "Kim Jong-il n'est pas Satan… mais un cruel produit de plus d'un demi-siècle de révolution en Corée du Nord", écrit Alexandre Mansourov de l'Asia-Pacific Center for Security Studies (Honolulu).

LE MYTHE DE L'ENFANT GÉNÉRAL

La RPDC a été fondée en 1948. Dans le "roman familial" des Kim, qui se confond avec l'histoire nationale, un morceau de bravoure est l'hagiographie de ce "dictateur post-moderne", selon l'historien spécialiste de la Corée, Bruce Cummings, par le mélange d'archaïsmes (les mythes fondateurs du régime) et de promesses d'un futur "radieux" attachées à sa personne.

Le sacré occupe une place non négligeable dans le régime nord-coréen, qui s'est écarté du marxisme léninisme pour intégrer à son idéologie des éléments de la culture traditionnelle. Ainsi, Kim Jong-il serait-il né le 16 février 1942 dans une cabane sur le Mont Paekdu – lieu mythique de la fondation de la Corée devenu le foyer de la révolution et de la lutte anti-japonaise. Une étoile serait apparue au firmament et un arc-en-ciel aurait salué la venue au monde de "l'enfant général". Ce mythe apparu au début des années 1980, époque où se mettait officiellement en place la succession du père par le fils.

Une venue au monde sur le Mont Paekdu "légitime" une succession dynastique puisque "l'enfant général" est censé être animé, du fait de sa naissance en ce haut lieu de la guérilla, par "l'esprit révolutionnaire" paternel. Kim Jong-il "a grandi dans des vêtements imprégnés de l'odeur de la poudre", écrit de son fils Kim Il-sung dans ses Mémoires.

573594 a-group-of-people-bow-at-base-of-giant-bronze-statueDE YURA À JONG-IL

Selon toute vraisemblance, Kim Jong-il est né plus prosaïquement dans le village isolé de Vyatskoïe, à 70 km au nord de Khabarovsk, où son père et un groupe de partisans s'étaient repliés au cours de l'hiver 1940. La date de sa naissance est aussi douteuse­ : il aurait vu le jour un an plus tôt mais la propagande choisit 1942 afin que l'année de sa venue au monde soit un multiple de celle de son père (1912). L'enfant reçut le nom russe de Yura et son frère cadet, celui de Shura.

Ce n'est qu'après le retour de la famille Kim à Pyongyang dans les fourgons des Soviétiques fin 1945 que les deux garçons reçurent des prénoms coréens : Jong-il pour l'aîné et Pyong-il pour le cadet. L'enfance du jeune Jong-il a été troublée par la mort prématurée de sa mère (en 1949), la noyade accidentel de son jeune frère puis le remariage rapide (1951) de son père avec une femme de vingt ans plus jeune et enfin la guerre qu'il passa dans la province chinoise de Jilin. Turbulent et rebelle, il retourna à Pyongyang en 1953 pour étudier au lycée Mangyongdae destiné aux enfants des révolutionnaires puis à l'université Kim Il-sung. Diplômé en 1964, il entra la même année au comité central.

Passionné de cinéma (il a dirigé six films) et féru d'art (auteur des livrets de cinq opéras révolutionnaires), il fera de Pyongyang une ville à la gloire de la Révolution incarnée par son père. Il supervisa la construction du Musée de la Révolution, de la gigantesque statue de bronze de ce dernier et de la tour Juche (170 mètres), érigée pour le 70e anniversaire de Kim Il-sung avec 25 500 blocs de granit blanc (un pour chaque jour de la vie) et il parsema le pays de 35 000 statues du "Grand Dirigeant".

L'ASCENSION DU "COMMANDANT SUPRÊME"

Il y a dans ce déploiement de loyauté une part d'intérêt personnel­ : sans grande réalisation à son actif, Kim Jong-il ne pouvait construire sa légitimité que sur la fidélité au "Père de la Nation". Comme tout enfant en RPDC, il avait été nourri de l'hagiographie paternelle et des vertus confucéennes (telle que la piété filiale) qui mâtinent l'idéologie du régime.

Le processus de succession s'est mis en place au début des années 1970. Kim Jong-il est présenté alors comme "théoricien hors pair" de la doctrine juche (dogme du régime fondé sur l'indépendance et l'autosuffisance). A sa sortie l'université, il avait été affecté au département d'organisation et de propagande du Parti du travail, dirigé alors par son oncle Kim Yong-ju (frère de Kim Il-sung). Il deviendra secrétaire du comité central en 1973 et, l'année suivante, membre du bureau politique. Sa progression est scandée des titres honorifiques pour le désigner sans le nommer ­: "Centre du parti" (1973), "Dirigeant unique" (1975) ; "Cher Dirigeant" (1980) ; "Commandant suprême" (1983)… Premier vice-président de la commission de défense (1990) puis commandant en chef de l'armée (1991), il fut élevé au grade de maréchal (1992).

A partir des années 1980, Kim Jong-il avait pris progressivement en main les affaires de l'Etat dans l'ombre de son père. Les services de renseignements américains et sud-coréens l'accuseront d'avoir ordonné un attentat à Rangoon en 1983 (17 morts parmi les membres du gouvernement de Séoul) et, quatre ans plus tard, contre un appareil de Korea Airlines (117 morts). Les années 1970-80 sont aussi marquées par des enlèvements ­: de Japonais et, en 1977, d'un metteur en scène sud-coréen et de son ex-femme, actrice. Le couple sera traité royalement par Kim Jong-il, qui souhaitait qu'ils contribuent à améliorer la qualité du cinéma nord-coréen. Dix ans plus tard, ils s'échapperont à la faveur d'un voyage en Europe.

Parallèlement à la promotion de Kim Jong-il, arrivent à des postes dirigeants des technocrates et des militaires, enfants eux aussi de la "génération guérilla", c'est-à-dire des partisans ayant combattu les Japonais avec son père. A la mort de celui-ci (1994), la "vieille garde" pesait encore d'un poids important.

36Après les trois ans de deuil national, Kim Jong-il devint secrétaire général du Parti du travail (1997) et président de la Commission de défense (1998). Kim Il-sung demeurait "président pour l'éternité". Afin de consolider la continuité fusionnelle entre le père et le fils fut instauré en juillet ­1997 le "calendrier Juche". Ce calendrier remplace le système grégorien en faisant de 1912 – date de naissance de Kim Il-sung – sa première année : 1997 devenant ainsi la "86ème année Juche".

L'"ère Kim Jong-il" a été marquée par un changement dans la structure de l'Etat ­: l'armée devint l'épine dorsale du régime, reléguant le Parti au second plan. Aux termes de la nouvelle constitution (1998), la commission de défense nationale, présidée par Kim Jong-il, est l'"organe militaire suprême chargé de la souveraineté de l'Etat". Et l'année suivante, le slogan "Primauté à l'armée" confirme que l'Etat s'est restructuré autour de son appareil militaire.

Inquiet de l'effondrement des régimes en Europe de l'Est, Kim Jong-il a vu en l'armée le rempart à une éventuelle "contre-révolution". Une nouvelle page de l'histoire s'ouvrait­ : d'Etat communiste fondé sur la "dictature du prolétariat", la RPDC devient un Etat sous la tutelle militaire.

ÉCONOMIE MORIBONDE ET FAMINE

Kim Jong-il hérite d'un pays au bord du gouffre. La détérioration de la situation économique avait été accélérée par l'abandon des alliés stratégiques de la RPDC. L'effondrement de l'URSS et la nouvelle orientation économique de la Chine la privent de l'assistance des "pays frères". En raison de l'arrêt des approvisionnements en énergie à coût préférentiel, les industries tournent au ralenti et l'agriculture, privée d'engrais, peine à nourrir la population. Les désastres naturels du milieu des années 1990 porteront le coup de grâce à une économie moribonde ­: une famine ravage le pays entre 1995 et 1998, causant la mort de 600 000 personnes (près de 4 % de la population).

A la fin de la première décennie 2000, la RPDC restait dépendante de l'aide alimentaire internationale et son industrie continuait à stagner en dépit de la relative libéralisation de juillet­ 2002. Loin de s'inscrire dans un processus volontariste "par le haut" à la Deng Xiaoping en Chine, ces réformes entérinaient un état de fait­ : avec l'effondrement du système de distribution publique et la désorganisation de l'Etat au cours de la famine était apparue une économie de facto de marché, que le régime n'avait fait que légaliser.

A peine l'économie commençait-elle à se dégager de l'ornière que s'ouvrait un nouveau front­ : la tension avec les Etats-Unis. Alors qu'à la fin du mandat de Bill Clinton, une détente se dessinait, la confrontation s'installe peu après l'arrivée de l'administration Bush.

CRISE NUCLÉAIRE

Pour essayer de dégager la RPDC de son isolement, Kim Jong-il tenta des ouvertures­ : en direction de la Corée du Sud (sommet intercoréen de juin ­2000) et du Japon afin de normaliser les relations entre les deux pays. Lors de la visite du premier ministre japonais Junichiro Koizumi à Pyongyang en septembre­2002, il reconnut que ses services avaient enlevé des Japonais dans les années 1970-1980 et présenta ses excuses.

Ce processus de détente va tourner court avec le déclenchement en octobre­ 2002 de la crise nucléaire­ : Washington accuse Pyongyang de poursuivre un programme clandestin d'enrichissement d'uranium. Une crise qui met fin à l'accord de 1994 qui gelait la production de plutonium sous la surveillance de l'Agence internationale de l'énergie atomique. En dépit des souffrances subies par la population à la suite des sanctions internationales, Kim Jong-il chercha à rétablir un rapport de force avec les Etats-Unis.

Sortie du traité de non-prolifération en janvier­ 2003, la RPDC reprend ses activités de retraitement. Ce n'est qu'après l'essai nucléaire d'octobre ­2006 que Washington accepte une négociation tenant compte des demandes nord-coréennes. Un accord est signé en février­ 2007 dans le cadre des pourparlers à Six (Chine, deux Corées, Etats-Unis, Japon et Russie). Sa mise en œuvre sera laborieuse. Un nouvel écueil – sur les vérifications de la dénucléarisation – intervenait en septembre­ 2008, alors que les rumeurs commençaient à circuler que Kim Jong-il avait été victime en août d'un accident cardio-vasculaire ».

http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2011/12/19/kim-jong-il-mort-du-cher-leader_1620298_3216.html#ens_id=1545482

■ « Comment Kim Jong-il succéda à son père », par Philippe Pons, Lemonde.fr, 19 décembre 2011. 

111218110805 kim jong il« La première succession dynastique dans un régime communiste ne s'est pas opérée sans résistance et elle a pris plus de vingt ans. Kim Il-sung avait évité de justesse que la déstalinisation n'affecte la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et il avait assisté, non sans appréhension, à la "démaoïsation" en Chine. Aussi, pour garantir la continuité de son régime, sa propre place dans l'histoire (comme sa sécurité personnelle) et éviter des batailles de clans, il décida de placer au pouvoir son propre fils.

Au début des années 1970, le "Grand Dirigeant" disposait d'un pouvoir absolu. Bien qu'une succession du fils par le père ait pu apparaître "naturelle" à une partie de la population passée du colonialisme nippon au socialisme sans avoir connu d'expérience démocratique, elle était loin d'aller de soi pour l'élite. Le processus commença par des campagnes idéologiques destinées à promouvoir l'image de Kim Jong-il, dans les années 1970.

NÉPOTISME

A cette époque apparaît le terme de "Centre du Parti" pour désigner, sans le nommer, le futur héritier. L'autorité du Parti du travail de Corée est censée émaner de ce "Centre", auquel il est fait référence comme à une personne puisque les membres étaient invités à lui témoigner "affection" et "fidélité". En février ­1977, un texte publié par l'Association des Coréens au Japon, pro-Pyongyang, et destiné à ses cadres, annonçait la décision du comité central de désigner le "Cher Dirigeant" comme successeur du "Grand Dirigeant".

Selon la biographie officielle de Kim Jong-il (2001), ce dernier avait été désigné successeur dès 1974 "conformément à la volonté unanime du Parti". Ce népotisme suscita quelques résistances. Au sein du clan des Kim, d'abord­ : de la part de Kim Jong-ju, frère de Kim Il-sung, qui avait un temps fait figure successeur, et de la belle-mère de Kim Jong-il, qui entendait placer son fils aîné sur les rangs. D'autres vinrent du Parti et de l'armée. Une opposition qui n'apparut jamais au grand jour, mais ces "déviationnistes" furent peu à peu rayés des rangs du Comité central. Une bonne partie de la "vieille garde" se rallia à l'idée d'une succession dynastique. Outre les capacités à gouverner que les anciens partisans reconnaissaient à l'héritier, cette formule évitait d'ouvrir une lutte pour le pouvoir qui pouvait être désastreuse pour le régime.

Lors du sixième congrès du Parti du travail, en octobre­ 1980, Kim Jong-il fut intronisé comme le successeur désigné. Membre du présidium du bureau politique et premier secrétaire du comité central, il occupait la troisième position dans la commission de défense, derrière son père et le maréchal O Jin-u. »

 

« De quelle Corée du Nord hérite Kim Jong Un ? », Lemonde.fr, 19 décembre 2011.

Asie-Conference-4 5091« La mort soudaine du dirigeant nord-coréen intervient alors que le pays est au milieu du gué, essayant de se dégager de son isolement international et de redresser une économie moribonde. Elle se produit à la veille des célébrations, le 15 avril 2012, du centième anniversaire de la naissance du "père fondateur" de la nation, Kim Il-sung, mort en 1994, qui doivent marquer l'avènement d'un "pays fort et prospère" et auxquelles se préparait Pyongyang, proie depuis des mois à de grands travaux, et alors que le processus de succession de Kim Jong-il par son troisième fils, Kim Jong-un, est à peine commencé.

Annoncé par la télévision lundi 19 décembre en milieu de journée, le décès est survenu samedi matin à bord d'un train dans lequel Kim Jong-il avait pris place pour une de ses visites sur le terrain. La destination n'a pas été révélée. Kim Jong-il aurait été victime d'une crise cardiaque fulgurante. Son fils Kim Jong-un (28 ans) a été présenté par les médias officiels comme le successeur désigné du dirigeant défunt. "Tous les membres du parti, les militaires et le peuple doivent suivre fidèlement l'autorité du camarade Kim Jong-un" et "renforcer le front uni formé du parti, de l'armée et du peuple". Les funérailles ont été fixées au 28 décembre. La personne qui sera désignée pour présider ces cérémonies sera une indication de la nouvelle structuration du pouvoir autour de la figure du successeur désigné. Apparemment, la nouvelle était connue de la population dès le début de la matinée : dans les universités, les étudiants sanglotaient sur leur pupitre, rapporte un témoin. Selon des résidents étrangers, il pèse sur Pyongyang un silence prostré.

La seconde succession dynastique en République populaire démocratique de Corée (RPDC) est présentée par le régime comme la "meilleure solution" afin d'assurer la continuité et la stabilité du pays, qui se considère toujours menacé par les Etats-Unis. Arguments qui avaient déjà été utilisés pour légitimer la mise en place de la succession de Kim Il-sung par son fils Kim Jong-il dans les années 1970-1980. La progression de Kim Jong-il dans l'appareil du parti et de l'Etat avait pris une dizaine d'années. Dans le cas de Kim Jong-un, il est apparu au grand jour il y a à peine deux ans : nommé général à quatre étoiles et vice-président de la commission militaire centrale du Parti du travail au cours de l'assemblée de ses membres en septembre 2010. Par la suite, il avait accompagné régulièrement son père dans des visites sur le terrain, notamment d'unités de l'armée.

Bien que, pour l'instant, tout porte à croire que cette succession a été acceptée par l'élite dirigeante, les experts en Corée du Sud restent prudents, estimant que le jeune Kim sera le symbole de la continuité du régime, mais vraisemblablement solidement encadré par l'entourage immédiat de son père (famille, proches conseillers et militaires) et qu'il ne disposera pas de la même autorité : dans un premier temps au moins, la direction du pays sera collégiale. L'organe suprême de l'Etat est la Commission de défense nationale que présidait Kim Jong-il. Elle comprend, outre de hauts gradés, le beau-frère du dirigeant défunt, Jang Song-taec, qui devrait jouer un rôle charnière dans l'après-Kim Jong-il.

Asie-Conference-4 5092Kim Jong-un et l'élite dirigeante héritent d'un pays en transition. Sous l'apparente immuabilité du régime et la chape de plomb de la répression, la société évolue. L'apparition de facto d'une économie de marché, après la famine de la seconde moitié des années 1990, a donné naissance à une nouvelle classe de marchands et d'affairistes. Cette économie parallèle a aussi accru les disparités sociales et est à l'origine d'une corruption qui s'est étendue à toute la société : l'argent est devenu le fluidifiant indispensable des affaires.

En même temps, l'information, venue de Chine, circule davantage. Conjuguée à cette entre-ouverture de fait d'une partie de la société, l'extension du marché a élargi l'horizon des jeunes au-delà des objectifs collectifs. Le rôle du parti, dont l'appartenance garantissait des privilèges, s'est amenuisé.

Soutenue par la Chine, la RPDC est aussi devenue plus dépendante économiquement et politiquement de son seul allié et plusieurs grands projets de développement économique ont été lancés à la frontière entre les deux pays. De nouvelles mesures visent en outre à attirer les investissements étrangers. "Grâce au général Kim Jong-un, la stabilité politique est garantie dans notre pays", nous disait, il y a quelques semaines à Pyongyang, Kim Ji-hyok, conseiller juridique de la Commission pour les investissements étrangers.

La mort de Kim Jong-il intervient alors que se dessinait une reprise du dialogue avec les Etats-Unis, qui devrait conduire à un retour à la table de négociations à Six (Chine, Corées, Etats-Unis, Japon et Russie) sur la question des ambitions nucléaires nord-coréennes. Un dossier qui appelle des choix que Kim Jong-il avait sans doute l'autorité d'imposer aux éléments les plus durs du régime. En sera-t-il de même pour la nouvelle équipe dirigeante ?

http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2011/12/19/de-quelle-coree-herite-kim-jong-un_1620441_3216.html#ens_id=1545482

 

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« Un nouveau dirigeant méconnu Jong-un, le troisième des Kim », Lemonde.fr, 19 décembre 2011.

« Kim Jong-un est tout le portrait de son grand-père Kim Il-sung lorsqu'il avait son âge (la trentaine). Même corpulence, même coupe de cheveux, même costume Mao. Une ressemblance cultivée afin de rassurer la population, avancent des experts à Séoul.

Troisième fils de Kim Jong-il, né de son union avec une danseuse de la troupe Mansudae, Ko Young-hee, décédée en 2004, Kim Jong-un est peu connu. Sa photo a été publiée pour la première fois dans l'organe du parti, Rodong sinmun, quelques jours après la tenue de l'assemblée des membres du Parti du travail de septembre 2010. Selon les médias officiels, il serait diplômé de l'université militaire Kim-Il-sung et parlerait plusieurs langues étrangères. Il aurait été étudiant en Suisse. Sa date de naissance est inconnue.

Asie-Conference-4 5094Quelques semaines avant la mort de son père, Kim Jong-un était présenté à Pyongyang comme son successeur. Il avait été promu général à quatre étoiles et désigné vice-président de la Commission centrale de défense du Parti du travail. Il a rencontré à plusieurs reprises des dirigeants étrangers. Il aurait le soutien de Pékin.

Une chanson (La Trace), dans laquelle il est mentionné comme le "commandant", et des plaques marquant son passage en certains lieux (usines, unités militaires, écoles) visités en compagnie de son père témoignent de la volonté du régime de lui vouer un culte à la même enseigne que son père et son grand-père. La question est maintenant de savoir si cela lui suffira pour asseoir son autorité.

Asie-Conference-4 5095http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2011/12/19/un-nouveau-dirigeant-meconnu-jong-un-le-troisieme-des-kim_1620395_3216.html

 

■ « 4 questions pour comprendre le programme de missiles de la Corée du Nord », Lemonde.fr, 27 mars 2014.

"Le Conseil de sécurité de l'ONU tient des consultations, jeudi 27 mars après-midi, sur les récents tirs de missiles par la Corée du Nord, a annoncé mercredi 26 mars la mission luxembourgeoise auprès de l'ONU. Pyongyang a procédé mercredi matin à des tirs d'essai balistiques en réponse au sommet de La Haye (Pays-Bas) entre le Japon, la Corée du Sud et les Etats-Unis, qui ont dénoncé une "escalade provocatrice".

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Que sait-on du programme de missiles nord-coréens ?

En violation des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies sanctionnant son programme nucléaire, le régime nord-coréen a lancé deux missiles qui sont apparemment des variantes de missiles Rodong (épelés "Nodong" en Corée du Sud), considérés comme des missiles à moyenne portée avec un maximum allant de 1 000 à 1 500 kilomètres. Lors des quatre dernières semaines, la Corée du Nord a également procédé à de nombreux lancements de missiles Scud de courte portée et de fusées, alors que les Etats-Unis et la Corée du Sud organisaient leurs exercices militaires conjoints annuels. Le dernier essai présumé de missile Rodong par Pyongyang remontait à juillet 2009.

« Pyongyang est soupçonné d'avoir lancé des missiles pour protester contre la pression internationale pour la dénucléarisation exprimée lors du Sommet sur la sécurité nucléaire à La Haye (Pays-Bas) et contre les exercices militaires conjoints en cours entre Séoul et Washington, ainsi que pour montrer la capacité de ses missiles balistiques », selon le Korea Times.

« Le lancement a également eu lieu le jour même où la Corée du Sud commémore le quatrième anniversaire du naufrage de la corvette Cheonan, qui avait été touchée par une torpille nord-coréenne en mer Occidentale, une zone de forte tension. Pyongyang nie toujours son implication dans l'incident qui a tué 46 marins. », ajoute le quotidien sud-coréen. 

Comment ce programme de missiles s'est-il étendu ?

Ces tirs montrent aussi l'étendue du programme de missiles nord-coréens. Pyongyang dispose en effet de plusieurs centaines de missiles, essentiellement à courte et moyenne portée, qu'elle a acquis et développés depuis une trentaine d'années.

Le programme d'acquisition et de développement de missiles de la Corée du Nord aurait commencé vers 1975, selon l'IISS (International Institute for Strategic Studies) de Londres. A partir de cette date, Pyongyang a notamment importé d'Union soviétique des missiles Scud-B à courte portée et a développé à partir de cette technologie ses propres missiles, Hwasong-5 et Hwasong-6, en accroissant leur portée à respectivement 300 et 500 kilomètres.

Ces missiles peuvent frapper des cibles dans toute la péninsule coréenne – un objectif tactiquement utile pour les dirigeants communistes, mais qui ne remplit pas un des objectifs stratégiques : pouvoir frapper des cibles au Japon, bases américaines comprises.

Aussi, la Corée du Nord a décidé d'importer des missiles, probablement de Russie, pour développer à partir de 1988 le Rodong. Il a été testé à partir de 1993. Donnant satisfaction, il a commencé à être exporté à partir de la deuxième moitié des annés 1990, notamment en Iran et au Pakistan – respectivement renommés Shahab-3 et Ghauri.

La Corée du Nord est ainsi devenue un Etat proliférant, accroissant l'instabilité de la planète. La portée de ce missile est de 900 kilomètres. Il peut toucher une partie des bases japonaises et américaines au Japon ou des objectifs civils. Mais le missile n'a été testé que sur 500 kilomètres. En 2010, Pyonyang a présenté une nouvelle version améliorée, le Nodong-2010, qui pourrait théoriquement atteindre 1 600 kilomètres et toucher Okinawa, dans le sud de l'archipel.

Mais Pyongyang cherche aussi à se doter de missiles intercontinentaux depuis la fin des années 1980. Le missile Taepodong-1 a été testé le 31 août 1998, provoquant un choc, notamment au Japon, le missile passant au-dessus du territoire.

 

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Quelle portée peuvent avoir ces missiles ?

Sous la pression internationale, Pyongyang accepta, quelques mois plus tard, en 1999, un moratoire sur les tests de missiles à longue portée, en échange de la levée des sanctions économiques instaurées par les Etats-Unis, moratoire auquel elle mit fin en 2006. Depuis, le Taepodong-1 n'a pas été testé. Reconnaissant ses limites opérationnelles, les ingénieurs nord-coréens ont planché sur une nouvelle version, le Taepodong-2, à partir des années 1990. Il a été testé pour la première fois en 2006. Mais le test de ce missile dont la portée serait d'au moins 4 000 kilomètres a échoué.

Un autre missile, le Unha-2 – dont on ne sait pas s'il est une réplique du Taepodong-2 ou s'il s'agit d'un nouveau système – a été lancé en 2009. Ce fut également un échec. Mais selon l'IISS, son développement pourrait servir soit au lancement de petits satellites, soit comme missile à longue portée, entre 6 500 et 10 000 kilomètres. Un autre missile à plus courte portée (2 400 ou 4 000 kilomètres, selon les sources), le Musudan, n'a pas encore été testé et est en cours de développement. Enfin, le Unha-3 a été testé, le 12 décembre 2012, avec succès. Il pourrait atteindre, théoriquement, jusqu'à 10 000 kilomètres de portée, atteignant ainsi largement l'intérieur des Etats-Unis ou l'Europe de l'Ouest.

La portée de ces missiles serait donc, pour certains, considérable, mais elle n'est pas confirmée tant le programme est opaque et l'industrie nord-coréenne technologiquement peu avancée. Par ailleurs, certains systèmes sont difficilement détectables, étant installés sur des rampes mobiles. La Corée du Nord disposerait de 200 rampes mobiles de lancement de missiles balistiques, soit le double de ce qui avait été estimé auparavant par les experts sud-coréens, selon l'agence Yonhap, se référant à l'Institut coréen de recherche aérospatiale.

Sur ces 200 rampes, 100 sont destinées aux missiles courte portée Scud, 50 pour les missiles de moyenne portée Rodong, et 50 pour les missiles de moyenne portée Musudan. Selon les experts militaires, ces rampes de lancement sont déployées dans des régions permettant de frapper les bases sud-coréennes et américaines situées dans le sud de la péninsule coréenne.

Quelles sont les conséquences régionales ?

Cet arsenal est d'autant plus inquiétant que Pyongyang développe un programme nucléaire militaire et qu'elle pourrait, dans un avenir peu clair, doter ses missiles balistiques d'ogives nucléaires. Elle a déjà réalisé trois tests nucléaires en 2006, 2009 et 2013.

Par ailleurs, le face-à-face militaire entre Nord et Sud de la péninsule coréenne est impressionnant, ce qui ne va pas dans le sens d'un apaisement des tensions. Alors que Pyongyang a l'avantage quantitatif, mais dispose de matériels souvent obsolètes, Séoul déploie des forces beaucoup plus modernes, appuyées par un contingent militaire américain de 22 000 hommes. Et la Corée du Sud ne cesse de moderniser ses forces. Ainsi, elle devrait acheter prochainement quarante avions de combat furtif F-35 aux Etats-Unis, creusant encore l'écart qualitatif avec sa rivale du nord.

Face à ces menaces, la Corée du Sud, mais aussi le Japon, cherchent à se protéger en développant un programme de défense antimissile."

 http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2014/03/27/missiles-balistiques-l-inquietant-programme-de-pyongyang_4389778_3216.html

 

B- La fin de la dicature en Biramnie ?

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Au sortir de l'indépendance en 1948, la Birmanie est confrontée aux revendications autonomistes de ses minorités. L’ethnie birmane ne représente que 70 % de la population, soit 35 millions de personnes. Parmi les minorités, il y a les Arakanais (2 millions), les Chin (1 million), les Kachin (500 000), les Shan (3-4 millions), les Môn (0,5 à 1 million), les Rohingya (200 000) et surtout les Karens (3 millions) qui se soulèvent contre le gouvernement birman dès l'indépendance en 1948.

 

38Pour rétablir l'ordre, le Premier ministre fait appel au général Ne Win, qui réprime férocement l'insurrection.

Pour en savoir plus : http://fr.wikipedia.org/wiki/Ne_Win

■ En 1988, un coup d'État militaire est organisé et la loi martiale est instaurée à la suite de répressions sanglantes. Le SLORC « Conseil d'État pour le Rétablissement de la Loi et l'Ordre » est en place et on rebaptise le pays sous le nom de « Myanmar » (« pays merveilleux ») puis, à partir de 1989, l’« Union de Myanmar ».

■ Les élections législatives de mai 1990 sont marquées par l’écrasante victoire du parti d'opposition, la « Ligue nationale pour la démocratie », dirigée par Aung San Suu Kyi (fille d’Aung San, héros de l’indépendance). Mais le pouvoir refuse la tenue de la « convention de l'Assemblée du peuple » et poursuit sa politique de répression et de nettoyage ethnique.

39Aung San est un militaire, homme politique et dirigeant nationaliste. Il est le père d'Aung San Suu Kyi.

Pour en savoir plus : http://fr.wikipedia.org/wiki/Aung_San

■ Depuis que les militaires exercent les pleins pouvoirs, c’est le général en chef des Forces armées qui exerce l'autorité législative et exécutive, avec l'aide d'une « Assemblée constituante » en principe élue. La junte au pouvoir muselle les médias, emprisonne les journalistes étrangers, interdit toute forme d'expression dissidente et réprime dans le sang les manifestations en faveur de la démocratie.

40.png■ La Birmanie est dirigée par une véritable narco-dictature. Les régions de production du pavot sont situées dans des zones contrôlées soit par l'armée nationale soit par les milices qui ont signé des accords avec le pouvoir. Les revenus de ce trafic permettent au pouvoir d’augmenter les effectifs de l’armée (45 % du budget de l’État est consacré à l’armée) et de contrôler, par exemple, l’État shan pour réaliser ses grands projets hydro-électriques.

41.jpg■ La recherche de légitimité. Les militaires se montrent, chaque fois qu'ils le peuvent, en compagnie de moines ou de ressortissants des minorités ethniques en costume national. L’objectif est de convaincre le peuple de l'adhésion des couches les plus influentes de la société civile.

45.jpg■ La propagande.

46.png■ Aung San Suu Kyi et la lutte pour la démocratie.

48.png

Fille du leader de la libération Aung San (assassiné en 1947), Suu Kyi est née à Rangoon en 1945, juste avant que la Birmanie ne se libère de la tutelle colonisatrice de la Grande-Bretagne. Sa mère est diplomate et Suu Kyi est élevée en Inde et en Grande-Bretagne. Elle fait des études de philosophie, d’économie et de sciences politiques à Oxford. Elle poursuit une carrière académique jusqu'à ce qu'elle rentre en Birmanie, en 1988, pour soigner sa mère malade.
En juillet 1988, le général Ne Win, à la tête d’une junte militaire depuis 1962, est obligé de démissionner. Les troubles qui suivent cet événement sont brutalement réprimés par l'armée. Influencée par la philosophie et 49.pngles idées du Mahatma Gandhi et de Martin Luther King, Suu Kyi et ses amis politiques fondent, en 1988, la Ligue nationale pour la démocratie (LND). Son engagement, non violent, en faveur de la mise en place d'un régime démocratique lui vaut un grand succès auprès de la population. Ce succès va amener, en 1989, la junte militaire au pouvoir à assigner Suu Kyi à domicile afin de diminuer son influence, mais cette mesure ne va pas empêcher la LND de remporter presque 80% des sièges lors des élections de 1990. Les militaires au pouvoir vont refuser le résultat démocratique sorti des urnes et vont au contraire augmenter la répression et les persécutions vis-à-vis de l'opposition et des minorités ethniques. Malgré cela, Suu Kyi, appelée «la Dame», continue de résister.

50Pour plus de détails, voir l’article :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Aung_San_Suu_Kyi

■ Le général Than Shwe.

51Pour en savoir plus : http://fr.wikipedia.org/wiki/Than_Shwe

52■ Les émeutes de 2007. Les évènements politiques d'août et septembre 2007 en Birmanie ont pour origine l'augmentation brutale du prix de plusieurs sources d'énergies décidée par le régime à partir du 15 août. Les manifestations ont débuté le 19 août à Rangoon. Ces manifestions pacifiques se sont étendues et poursuivies avec le soutien de centaines de bonzes accompagnés de plusieurs dizaines de milliers de personnes, atteignant jusqu'à 100 000 manifestants. Réprimées à partir du 26 septembre, elles n’ont eu aucune conséquence politique.

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Pour en savoir plus :

http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89v%C3%A9nements_politiques_de_2007_en_Birmanie

 

■ Un pays en pleine mutation depuis 2011.

 

Pour comprendre les changements en cours, vous pouvez consulter le complément du cycle de conférences consacré entièrement à la Birmanie contemporaine : ici

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3 février 2015 2 03 /02 /février /2015 09:02

Introduction :

La démocratie constitue un concept qui a longtemps été étranger aux pays asiatiques. A l'issue de la décolonisation, le monde asiatique s'est retrouvé entraîné dans la tourmente de la guerre froide. L'Asie s'est scindée entre régimes autoritaires proaméricains et régimes totalitaires communistes, alignés sur l'URSS ou sur la Chine. La politique de non-alignement amorcée en 1955 à Bandung s'avère rapidement impraticable. L'Indonésie se rapproche ainsi de la Chine communiste sous la férule de Sukarno, ancien promoteur du neutralisme. Par la suite, l'armée indonésienne dirigée par le général Suharto, réprime l'insurrection communiste avant d'évincer Sukarno du pouvoir. Pourtant, la contagion démocratique gagne l'Asie orientale en plusieurs vagues successives.

Qu'entend-t-on au juste par démocratie ? La définition la plus simple et la plus courante de la démocratie est la possibilité pour le peuple de désigner son propre gouvernement par des élections libres. Générale, universelle, cette définition n'est toutefois pas entièrement satisfaisante.

Le constitutionnaliste Georges Burdeau distingue trois caractéristiques de la démocratie : la Liberté, la Justice et le contrôle de la croissance afin qu'elle soit au service de la collectivité. Le principe de Liberté constitue la caractéristique principale de la démocratie. Le peuple doit pouvoir élire librement ses représentants, désigner librement son gouvernement. Des élections libres vont de pair avec la liberté de la presse, la liberté d'opinion, la liberté d'expression, ta liberté syndicale et la liberté religieuse. Le second fondement de la démocratie est ta Justice. La démocratie se confond avec l'Etat de droit. L'Etat, seul détenteur de la violence légitime, régule la société par la loi. En troisième lieu, la démocratie doit s'appuyer sur ta croissance. Cela ne signifie nullement que la démocratie est nécessairement synonyme de croissance, mais plutôt que dans une démocratie, l'Etat s'efforce de réguler la croissance, de la mettre au service de la collectivité. On peut parler de justice sociale lorsque l'Etat s'efforce de corriger les inégalités sociales au profit des plus démunis, par le biais de la redistribution.

Les trois grands principes de la démocratie sont appliqués dans les démocraties asiatiques. Toutefois, en Asie, la démocratie peut adopter des formes extrêmement variées. Certaines spécificités culturelles ancrées dans la tradition peuvent sembler totalement étrangères à la démocratie, telle qu'on la conçoit en Occident. L'Inde se présente comme « la plus grande Démocratie du monde » (par le nombre d'habitants). Pourtant, le système des castes, profondément inégalitaire, qui tend à exclure une partie de la population (les Intouchables), apparaît contraire à la démocratie. En Malaisie, la communauté malaise, qui représente 60 % de la population, bénéficie d'une politique de discrimination positive. Les Bumiputras (Fils du sol malais) se voient accorder la priorité dans l'accès aux postes au sein de l'administration, de l'armée et du gouvernement. Mais peut-on parler d'une discrimination positive en faveur d'une ethnie majoritaire ? Les politiques de discrimination positive s'appliquent généralement à des minorités raciales, ethniques ou religieuses, traditionnellement reléguées au bas de l'échelle sociale (les Noirs aux Etats-Unis, les Intouchables en Inde). Favoriser les membres d'une ethnie numériquement majoritaire équivaut à exclure les minorités de ta vie politique. C'est effectivement le cas des Chinois et des Indiens de Malaisie, qui représentent respectivement 30 % et 8 % de la population du pays.

 

I- L’INDE, LA PLUS GRANDE DEMOCRATIE DU MONDE ?

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• Présentation du système politique indien.

Avec un corps électoral de 714 millions d'électeurs, l'Inde est souvent présentée comme « la plus grande démocratie du monde ».

La constitution indienne, adoptée en 1950, trois ans après l'Indépendance, a fait du pays une république parlementaire fédérale dans laquelle le pouvoir est partagé entre le gouvernement central et les États et territoires. 

Institutions

Promulgué le 26 janvier 1950, la Constitution crée la « République d'Inde » et la dote d'institutions inspirées du parlementarisme britannique.

Le Président de l'Inde est le chef de l'État, mais ses pouvoirs sont avant tout symboliques. Avec le Vice-président, il est élu au suffrage indirect pour un mandat de cinq ans.

L'essentiel du pouvoir exécutif est dans les mains du Premier ministre et du Conseil des ministres de l'Inde. Celui-ci est responsable devant la Lok Sabha (« Chambre du peuple »), élue tous les cinq ans au suffrage universel direct. Le Parlement comprend également la Rajya Sabha (« Chambre des États »), une chambre haute élue au suffrage indirect et renouvelée par tiers tous les deux ans.

La Cour suprême de l'Inde est la plus haute juridiction du pays. Elle est à la fois tribunal fédéral, cour d'appel et cour constitutionnelle. Au fil des ans, la Cour s'est dotée d'un très important pouvoir de contrôle de constitutionnalité des lois et même des amendements à la Constitution. Elle dispose également de pouvoirs particuliers pour remédier aux atteintes aux droits humains. Ses membres sont nommés par le Président de l'Inde.

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Etats et territoires

Après l'Indépendance, les États ont été organisés sur la base des anciennes provinces et États princiers qui existaient pendant le Raj britannique. En 1956 est adopté le States Reorganisation Act, qui réorganise les États selon des bases linguistiques. Cette politique se poursuit dans les années qui suivent par la création de nouveaux États pour atteindre le chiffre actuel de 28.

Dans chaque État, le pouvoir exécutif est détenu par un Gouverneur nommé par le Président de l'Inde, et dont le pouvoir est surtout symbolique, et un Chief Minister responsable devant la législature de l'État. Celle-ci comprend une Vidhan Sabha (Assemblée législative) et, pour sept États plus importants, un Vidhan Parishad (Conseil législatif). En cas d'instabilité dans un État, le gouvernement central peut imposer le President's rule : les institutions représentatives de l'État se voient retirer leurs pouvoirs au profit du Gouverneur, normalement pour un temps limité.

Les territoires de l'Union sont au nombre de sept. À la différence des États, ils sont directement gouvernés par l'État central. Toutefois, deux d'entre eux, Delhi et Pondichéry, ont obtenu le droit d'élire leur propre Vidhan Sabha et Chief Minister.

Depuis 1992, un amendement à la Constitution de l'Inde oblige tous les États à mettre en place des panchayats. Tous les cinq ans dans chaque village est élu au suffrage universel un gram panchayat présidé par un sarpanch. Ces institutions sont chargées de l'administration locale et de préparer les plans de développement économique et pour la justice sociale.

En fonction de leur nombre d'habitants, les villes sont administrés par un nagar panchayat (conseil municipal), nagar palika (municipalité) ou nagar nigam (corporation municipale) élu tous les cinq ans au suffrage universel.

Pour ces institutions locales, un système de quotas existe afin d'assurer la représentation des femmes, des Dalits (intouchables) et des Adivasis (aborigènes).

Contexte politique

Dans les années qui suivent l'Indépendance, le Congrès national indien, le parti du Mahatma Gandhi et de Jawaharlal Nehru (premier Premier ministre de 1947 à sa mort en 1964) domine largement le paysage politique. En 1975, Indira Gandhi, la fille de Nehru, devenue Première ministre en 1966 et impliquée dans des scandales de fraudes électorales, déclare l'état d'urgence et suspend les libertés fondamentales et les élections. À la fin de l'état d'urgence, le Congrès perd les élections de 1977 au profit d'une coalition d'opposition : c'est la première fois que le Congrès se retrouve dans l'opposition.

Depuis, le paysage politique indien se caractérise par la montée progressive de partis régionaux, contraignant les principaux partis à s'engager dans des coalitions parfois instables. En 1999, le Bharatiya Janata Party (BJP, droite nationaliste), devenu au fil des années 1990 le principal opposant au Congrès, parvient à former un gouvernement de coalition qui, pour la première fois, se maintient au pouvoir jusqu'au terme de son mandat de cinq ans. Cependant, en 2004, le Congrès remporte les élections et forme l'Alliance progressiste unie. Cette coalition est reconduite en 2009.

L'actuel Président de l'Inde est Pranab Mukherjee depuis 2012. Comme le Premier ministre Manmohan Singh, il est issu du Congrès national indien. L'Alliance progressiste unie dispose d'une majorité de 262 sièges au Parlement et le Congrès dirige, seul ou en coalition, 13 États sur 28. 

http://fr.wikipedia.org/wiki/Inde#Institutions

 

• Inde : ombres sur la démocratie (F. BOBIN, Le Monde, 13-02-2013)

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"La plus grande démocratie du monde." La formule relève du cliché lorsqu'on évoque l'Inde politique. Techniquement, le titre de gloire est mérité. L'Inde est en effet une démocratie parlementaire fonctionnant cahin-caha au sein d'une population de plus de 1 milliard d'habitants à la vertigineuse diversité. On peut lui trouver bien des imperfections : corruption, émeutes, culture dynastique... Mais le génie indien aura maintenu vivant et vibrant cet héritage unique puisant dans ce que l'économiste et historien Amartya Sen a appelé l'"argumentative India" ("l'Inde ergoteuse"). Et les Indiens ont raison de l'opposer à la Chine autoritaire qui, si elle brille dans la performance économique, végète dans l'archaïsme politique.

C'est justement parce que ce titre de noblesse démocratique du géant d'Asie du Sud suscite respect et admiration qu'il faut s'inquiéter des ombres qui viennent en ternir l'éclat. Depuis quelques années s'enchaînent à un rythme alarmant des incidents altérant gravement la liberté d'expression. Artistes et intellectuels deviennent la cible de groupes imposant leur censure sous la menace de la violence.

A chaque fois, l'argument est le même : l'oeuvre ou le texte visé aurait "blessé les sentiments" de telle ou telle communauté (définie par une affiliation à une religion, une caste, une langue). Dans le pire des cas, c'est l'auteur qui se retrouve brutalement persona non grata dans telle localité.

Salman Rushdie, dont le roman Les Versets sataniques (1988) ne cesse d'empoisonner sa relation avec son pays d'origine, est probablement celui qui personnifie le mieux cette traque des mal-pensants dans l'Inde contemporaine. En janvier 2012, il avait dû renoncer à sa venue au Salon du livre de Jaipur, le rendez-vous littéraire le plus couru d'Asie, sous la pression de groupes musulmans locaux. Un an plus tard, le scénario se répète. Début février, il a dû annuler un déplacement prévu à Calcutta, où il devait assurer la promotion de l'adaptation cinématographique de son roman Les Enfants de minuit (1981).

La même semaine avait été émaillée de deux autres incidents. Le sociologue Ashis Nandy, intellectuel de renom, a dû affronter la justice en raison de ses propos tenus à Jaipur sur l'articulation entre castes et corruption. Des intouchables s'estimant "offensés" ont porté plainte. Quant au cinéaste Kamal Haasan, l'une des vedettes du cinéma tamoul, il a vu son film Vishwaroopam, qui évoque le terrorisme djihadiste, interdit de sortie dans les salles en raison de l'agitation de groupes musulmans. Dans l'espoir d'acheter la paix, l'artiste a dû consentir à une série de coupes dictées par ces censeurs autoproclamés.

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Ce "terrorisme culturel", selon la formule en vogue, avait déjà pris une tournure pathétique en 2006 avec l'exil à Qatar que s'était imposé Maqbool Fida Husain, le monstre sacré de la peinture d'avant-garde indienne. Musulman et auteur d'oeuvres jugées hérétiques - tableaux représentant des déesses du panthéon de l'hindouisme sous la forme de femmes nues et lascives -, le peintre avait été forcé au départ à la suite d'un violent harcèlement orchestré par des groupes extrémistes hindous.

Dans tous ces cas d'intimidation, un point commun émerge : la pression est de nature sociétale et non étatique. Elle monte d'en bas au lieu de tomber d'en haut. Tous les films dans le collimateur de tel ou tel groupe religieux ou social ont en général été agréés par le bureau de certification du cinéma. Cruelle ironie, c'est dans une période où les instances officielles du film indien sont particulièrement libérales qu'un courant rétrograde se déchaîne venant du tréfonds de la société indienne.

L'évolution est d'autant plus consternante qu'elle consacre un dévoiement de ce qui avait été loué un moment comme un approfondissement de la démocratie indienne, à savoir l'affirmation politique des minorités ou des groupes les plus désavantagés. A l'heure où la démocratie élitiste cadenassée par les hautes castes s'essoufflait, la montée en puissance des basses castes dans les années 1990 puis 2000 avait rafraîchi l'enjeu de la démocratie en Inde.

Mais, mêlée à la polarisation religieuse, cette irruption de groupes capitalisant dans le champ électoral sur une mémoire victimaire a accentué une dérive communautaire de la démocratie indienne dont on perçoit aujourd'hui les effets nocifs sur la liberté d'expression. N'importe quel citoyen indien peut porter plainte au motif qu'en qualité de membre de telle communauté ses "sentiments ont été blessés" par un texte ou une oeuvre. Lors de la sortie du film à succès Slumdog Millionnaire, du Britannique Danny Boyle, fin 2008, des habitants d'un taudis de Patna (Bihar) avaient porté plainte, jugeant offensante l'association des mots "bidonville" (slum) et "chien" (dog). Tout est à l'avenant.

Le jeu de ces nouveaux acteurs ne doit toutefois pas dédouaner de leurs responsabilités les partis traditionnels, au pouvoir à New Delhi ou dans les Etats fédérés, qui exploitent habilement à des fins électoralistes les émotions des groupes défavorisés en quête de reconnaissance. Aussi la dérive est-elle plus perverse qu'elle n'y paraît. Et l'inquiétude sur la bonne santé de "la plus grande démocratie du monde" n'en est que plus vive.

 

• L'Inde, "une démocratie à l'épreuve des inégalités" (C. JAFFRELOT, 27 décembre 2012)

3Corruption, castes, fractures sociales... Le système indien tente de guérir ses maux. Quel est son état ? Le politologue Christophe Jaffrelot analyse en spécialiste ses forces et ses faiblesses. Propos recueillis par Laurent Chabrun.

Où la démocratie indienne plonge-t-elle ses racines ?

La démocratie indienne est un héritage du colonialisme britannique. On y retrouve le "système de Westminster": une chambre basse, élue au suffrage universel, d'où est issu le gouvernement, l'homme fort du régime étant le Premier ministre. Ce parlementarisme est stable en Inde depuis plus de soixante ans. C'est donc une république qui a trouvé ses marques. Elle possède, pour atout majeur, un pouvoir judiciaire fort que la Cour suprême incarne. Cette institution serait l'équivalent de notre Conseil constitutionnel, de notre Conseil d'Etat et de notre Cour de cassation réunis. Elle jouit d'un prestige considérable et ses décisions ne souffrent aucune discussion.

Une démocratie accomplie, donc ?

Oui, mais ce dispositif formel a tourné à vide pendant des décennies car le système manquait d'ouverture sociale. Les élites exerçaient une forme d'hégémonie : elles représentaient 15 % des Indiens et 65 % des députés dans les années 1950... Cette mainmise des puissants répondait, de plus, à une logique clientéliste.

C'est encore le cas ?

Non, les lignes ont bougé dans les années 1960-1970. La "révolution verte" a permis à certains paysans de s'émanciper de la tutelle des grands propriétaires fonciers. Ce qui a conduit à l'organisation du monde paysan. En syndicats, d'abord, puis en partis politiques. Ce mouvement a été suivi, dans les années 1980-1990, de l'entrée en scène des basses castes et même des intouchables, qui ont pu profiter de la discrimination positive appuyée sur des quotas. Ces basses castes ont même pu prendre le pouvoir dans certains Etats indiens.

Le système indien, perfectionné par ces avancées sociales, est-il aujourd'hui irréprochable ?

Toute médaille a son revers. L'arrivée des nouveaux partis a provoqué de l'instabilité, surtout entre 1989 et 1999. Ensuite, l'expérience aidant, le système a trouvé un équilibre: l'Inde est entrée à la fin des années 1990 dans l'ère des coalitions. Mais cette stabilité est fragile, car tenir ensemble 15 ou 16 partis n'est pas chose aisée. Et les partis régionaux ont acquis une telle influence que la cohésion nationale est mise à mal.

D'autres difficultés sont-elles apparues avec cette nouvelle donne ?

Oui, d'autres changements ont pesé sur la démocratie indienne. A partir des années 1990, le gouvernement, qu'il soit à majorité BJP (Parti du peuple indien, nationaliste-hindouiste) ou du parti du Congrès, a lancé une politique de réformes économiques soutenue par le FMI. L'économie indienne, jusqu'alors planifiée, s'est libéralisée, ce qui a permis une croissance sans précédent jusqu'à 7 % par an en moyenne dans les années 2000-2010. Mais cette dynamique a eu pour effet de creuser les inégalités ; un processus typique des pays émergents. Des nouveaux riches sont apparus. En gros, ils représentent désormais 10 % de la population, alors qu'ils n'étaient que 2 % auparavant.

La forte croissance n'a-t-elle pas permis de compenser ce creusement des inégalités ?

Tout le monde a bénéficié du fort taux de croissance. Mais seules des miettes sont allées aux couches les plus basses de la société. Du coup, la cohésion sociale a été mise à l'épreuve et le gouvernement a dû réagir.

Comment ?

Ne voulant pas revenir à l'économie administrée et socialisante antérieure, le gouvernement indien a mené deux politiques complémentaires. D'un côté, il a laissé les entrepreneurs s'enrichir, espérant que ce flux financier allait irriguer la société -les entreprises étaient censées investir dans les zones les plus pauvres à mesure que les coûts de production s'élevaient dans les plus développées. De l'autre, le gouvernement a mis en place des programmes d'aide aux plus défavorisés. Les familles rurales dont les membres sont sans emploi perçoivent ainsi une sorte de RMI qui correspond à cent jours de travail par an.

Cela suffit-il à endiguer la colère des plus pauvres ?

Certaines victimes de cette nouvelle économie sont en révolte. Ils ont quitté le jeu démocratique et ont nourri, à partir de 2004, les rangs de la guérilla maoïste, en particulier dans la région du "corridor rouge" -qui s'étend à l'est de l'Inde, du Bihar à l'Andhra Pradesh. Un espace habité par de nombreux aborigènes, des tribus forestières parmi lesquelles, pour échapper à la répression dans les années 1960-1970, des étudiants maoïstes s'étaient réfugiés ; cela explique en partie le poids de ce courant politique dans cette partie du pays. Mais les maoïstes s'y sont aussi développés parce que c'est là que se concentrent les réserves minières les plus importantes. Du coup, les populations locales en ont souvent été délogées, ce qui a nourri leur rancoeur.

Cette guérilla est-elle un danger pour la démocratie ?

Elle est loin d'être anecdotique, mais elle ne fera pas basculer l'Inde. Elle pèse en revanche plus lourdement sur certains Etats que sur d'autres.

Et la minorité musulmane ?

Pendant longtemps, sous le règne du parti du Congrès, une forme de sécularisme a prévalu. La question religieuse n'était pas au centre du jeu politique. A partir des années 1980-1990, la bipolarisation entre hindous et musulmans s'est accentuée. Les nationalistes hindous, pour mobiliser -et unifier- leur communauté avant les élections ont ciblé les musulmans (170 millions d'habitants) comme des ennemis. Les émeutes qui ont suivi ont causé des milliers de morts. Depuis, les musulmans sont toujours victimes d'ostracisme, car même un parti comme le Congrès hésite à les promouvoir dans ses rangs. Ces derniers sont donc, désormais, dans une logique de ghettoïsation. Le système indien tente pourtant de résister. Les autorités viennent, ainsi, de nommer un musulman à la tête des services secrets ; ce qui n'est pas rien. Mais, dans la société indienne, cette promotion demeure isolée car les musulmans décrochent socialement et, en particulier, en matière d'éducation et de logement.

Autre mal de la société indienne, la corruption...

La classe politique indienne est touchée par deux phénomènes de corruption. La corruption de très haut niveau, comme cette affaire qui porte sur la disparition de 38 milliards de dollars lors de la délivrance des licences téléphoniques ; mais aussi la corruption à la petite semaine, qui touche les échelons locaux et régionaux. On y voit, parfois, des élus avec un casier judiciaire employer des hommes de main pour assurer leur pouvoir. Mais la démocratie indienne possède heureusement de forts contre-pouvoirs, à commencer par la justice. Et la presse, qui se montre très vigilante, n'épargne pas les hommes politiques malhonnêtes.

Christophe Jaffrelot est directeur de recherche au Ceri-Sciences po/CNRS. Auteur d'Inde, l'envers de la puissance ; Inégalités et révoltes, CNRS éditions

http://www.lexpress.fr/actualite/monde/asie/l-inde-une-democratie-a-l-epreuve-des-inegalites_1203147.html

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II- LA DEMOCRATIE JAPONAISE ET SES LIMITES.

 

• Présentation du système politique japonais

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Le Japon est une monarchie constitutionnelle. Régie par la Constitution de 1947, où l’empereur n’occupe plus qu’une place honorifique, tandis que l’essentiel du pouvoir politique est détenu par un parlement bicaméral, la Diète. Le pouvoir exécutif appartient au cabinet, responsable devant la Diète, dirigé par le Premier ministre et composé de ministres d’État devant tous être des civils. Le Premier ministre est choisi au sein de la Diète par ses pairs avant d’être nommé par l’empereur. Il a le pouvoir de nommer et de démettre les autres ministres, dont une majorité doit être membre du Parlement. La constitution attribue la souveraineté, qui revenait auparavant à l’empereur, au peuple japonais.

La branche législative, et donc la Diète, se compose tout d’abord d’une chambre basse, la Chambre des représentants de 480 sièges, dont 300 membres sont élus par le mode uninominal à un tour et 180 par la proportionnelle régionale. Les représentants sont élus pour quatre ans au suffrage universel (il faut avoir vingt ans pour voter). La chambre haute, appelée Chambre des conseillers, de 242 membres, est composée de personnes élues pour une durée de six ans, renouvelée par moitié tous les trois ans. Le suffrage est universel et secret. Le mode de scrutin est également mixte : 146 conseillers sont élus par un scrutin majoritaire plurinominal dans le cadre des préfectures, et 96 conseillers à la proportionnelle nationale.

La vie politique a longtemps été dominée après la fin de l’occupation américaine par le Parti libéral-démocrate (PLD), qui a fourni l’ensemble des Premiers ministres au pays de 1955 à 1993, de 1996 à 2009 et depuis 2012. Celui-ci, de tendance conservatrice libérale, gouverne seul ou en coalition, notamment avec le Kōmeitō, parti sous influence de la Sōka Gakkai, dont les députés sont majoritairement issus, entre 1999 et 2009 et depuis 2012. Le principal parti d’opposition a longtemps été le Parti socialiste japonais (PSJ) jusqu’à ce que celui-ci souffre de la perte de son électorat traditionnel suite à son alliance de 1994 à 1998 avec le PLD dans une grande coalition gouvernementale et sa transformation en 1996 en Parti social-démocrate (PSD). Depuis les années 1990, l’opposition non communiste a été animée par le Parti démocrate du Japon (PDJ), fondé en 1996 et réformé en 1998, composé d’anciens dissidents tant de l’ancien PSJ que du PLD et se positionnant au centre voire au centre-gauche de l’échiquier politique japonais avec une idéologie proche de la Troisième voie sociale-libérale. Il est finalement arrivé au pouvoir à l’issue des élections législatives du 30 août 2009 et son président, Yukio Hatoyama, est devenu le 60e Premier ministre du Japon le 16 septembre 2009. Naoto Kan lui succède le 4 juin 2010, avant de laisser sa place à son tour à Yoshihiko Noda le 2 septembre 2011. Il dirige un gouvernement de coalition bipartite avec le Nouveau parti du peuple (NPP, centre-droit). Toutefois, il perd la majorité dès les élections législatives suivantes du 16 décembre 2012, au profit du retour de la coalition PLD-Kōmeitō. Shinzō Abe, déjà Premier ministre de 2006 à 2007, est ainsi revenu à la tête du gouvernement le 26 décembre 2012.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Japon#Politique

 

• Le Japon, laboratoire de la déception démocratique (Août 2010 - Par JEAN-MARIE BOUISSOU Directeur de recherches à Sciences-Po : Ceri, centre d'études et de recherches internationales).

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Article intéressant sur la question des forces politiques japonaise et du quasi-monopole du PLD depuis 1955. Après 3 ans d’alternance, il est revenu au pouvoir en décembre 2012 (photo : le premier ministre Shinzo Abe)

Le 30 août 2009, la victoire du Parti démocrate japonais (PDJ) a été saluée comme un progrès décisif pour une démocratie que l’absence quasi complète d’alternance depuis 1955 faisait souvent considérer comme imparfaite. Le clientélisme effréné du Parti libéral démocrate (PLD) au pouvoir semblait également éloigné de l’idéal démocratique. Cela n’a pas empêché le Japon de connaître jusqu’en 1990 une croissance exceptionnelle, dont les fruits étaient mieux partagés qu’ailleurs. En Asie, où les démocraties étaient rares, l’archipel faisait ainsi beaucoup pour en défendre le prestige.

Depuis vingt ans, la démocratie s’est avérée incapable de sortir le Japon de la crise économique. Dix-neuf Premiers ministres se sont succédé. Un seul, Junichirô Koizumi (2001-2006), a eu le temps et la volonté d’imposer des réformes ; mais elles ont creusé les inégalités et précarisé la société. L’alternance a été accueillie avec espoir, mais elle a déçu : la popularité du Premier ministre Hatoyama s’est effondrée en huit mois, l’acculant à la démission, avant que le PDJ subisse une sévère déconvenue aux élections sénatoriales de juillet.

Le Japon paye la longue confiscation du pouvoir par le PLD. L’alternance est vitale pour la démocratie. En son absence, beaucoup de sièges parlementaires étaient devenus de véritables fiefs héréditaires. Les trois derniers chefs de gouvernement PLD, tous fils ou petits-fils de Premiers ministres, ont montré à quel point ceux qui héritent du pouvoir au lieu de le gagner peuvent être mal à l’écoute de la société, et manquer de caractère face aux difficultés. Dans une opposition trop longtemps marginalisée, c’est l’expérience qui manquait. L’échec d’Hatoyama doit beaucoup aux erreurs de débutant qu’il a commises : incapacité à fixer les priorités, cacophonie au sein de son cabinet, communication déficiente… L’urgence imposée par la crise rend mortels ces péchés de jeunesse.

La trop longue stabilité a aussi nourri une collusion multiforme entre le parti dominant, la haute administration et les lobbies. Cet état de choses n’est pas propre au Japon, mais plus qu’ailleurs, il y fait aujourd’hui scandale. Pour escamoter sa responsabilité dans la crise, la classe politique n’a eu de cesse de stigmatiser l’administration, qu’elle accuse d’avoir usurpé le pouvoir de décision. Le PLD s’est vanté d’avoir démantelé la forteresse bureaucratique en diminuant de moitié le nombre des ministères en 2001, et le PDJ clame sa volonté de mettre les hauts fonctionnaires au pas. Les Japonais, qui ne font pas plus confiance aux uns qu’aux autres, perdent le peu qu’il leur en reste au spectacle de cette empoignade - laquelle est aussi l’occasion de mettre au jour les turpitudes des deux partis.

La corruption et le trafic d’influence sont un mal chronique de la vie politique, au Japon peut-être plus qu’ailleurs en raison des coûts qu’impliquait son fonctionnement clientéliste. Vers 1990, un parlementaire PLD dépensait environ 150 millions de yens par an (1,25 million d’euros aujourd’hui) et bien davantage à chaque élection. Le PDJ veut interdire aux entreprises, aux syndicats et à tous les lobbies de verser le moindre yen aux partis qui devront se contenter de l’argent public et des dons (plafonnés) des citoyens. Mais en la matière, les plus louables mesures sont souvent faites pour être contournées, tant ceux qui les prennent - sous la pression de l’opinion - ont intérêt à se ménager quelques échappatoires, comme ces « minipartis » dont l’opinion française vient de découvrir l’existence à la faveur de l’affaire Woerth-Bettencourt.

Des « affaires », les médias japonais font inlassablement leurs choux gras. La presse et la télévision sont tenues à la neutralité politique, notamment lors des élections. On peut juger cette mesure saine, à voir comment les médias peuvent ici et là être manipulés et attiser les divisions. Mais cette neutralité même fait que les médias nippons chassent en meute. Quelle que soit leur coloration idéologique, tous les grands quotidiens ciblent le lectorat de masse - jusqu’à tirer, pour le plus puissant, à 12 millions d’exemplaires. Pour cela, ils doivent flatter l’opinion, voire courir derrière elle. Leur stratégie commune est de déplorer sans cesse l’incapacité de la classe politique dans son ensemble ; de démontrer leur puissance à intervalles réguliers en jetant bas une figure plus ou moins connue ; et d’accabler tous ensemble ceux que l’opinion est prête à condamner. Au Japon, Eric Woerth ou Julien Dray auraient été dépecés sans qu’un seul journal les épargne… Les médias ont précipité sans états d’âme en enfer les trois derniers chefs de gouvernement PLD et Hatoyama. Ils sont un puissant contre-pouvoir, et la démocratie en a besoin. Mais à privilégier une dénonciation dans laquelle l’opinion se complaît, ils fragilisent les gouvernements, et désabusent les citoyens plus qu’ils ne leur donnent de perspectives.

Il en résulte une volatilité électorale déstabilisante. En 2006, le PLD avait remporté un triomphe ; en 2010, il a été écrasé par le PDJ, battu à son tour aux sénatoriales dix mois plus tard. Tout se passe comme si les élections servaient désormais d’exutoire : désespérant d’autant plus d’influer sur le cours des choses que les responsables politiques, au Japon comme ailleurs, leur répètent qu’on n’y peut pas grand-chose, les citoyens votent moins par espoir que par crainte ou par rancune. La démocratie ne fait plus rêver et la vieille boutade qui y voit «le plus mauvais système à l’exception de tous les autres» ne fait plus rire.

Tandis que le Japon démocratique s’engluait dans la crise, la Chine fonçait de l’avant. Jamais la démocratie n’a été confrontée au défi d’un régime autoritaire gouvernant 20% de l’humanité avec un tel succès, dont dépend tout l’équilibre de l’économie planétaire, et dont la revanche qu’il prend sur l’Occident peut donner à rêver à bien des peuples. La démocratie, au Japon comme ailleurs, s’épuise désormais à courir derrière l’économie et à tenter de maîtriser la communication. Triomphante au XXe siècle, rien n’assure qu’elle survivra à celui-ci. En Asie, l’issue dépendra notamment des performances du système politique japonais. Une bonne raison pour ne pas se désintéresser de l’archipel.

http://www.liberation.fr/monde/0101652963-le-japon-laboratoire-de-la-deception-democratique

 

• Fukushima, symptôme des failles de la démocratie japonaise (R. SOUBROUILLARD, Marianne, 12 mars 2012)

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Népotisme, collusion, aveuglement, un an après la catastrophe de Fukushima, le premier rapport rédigé par une commission indépendante présidée par l'ancien rédacteur en chef du plus grand quotidien de l'archipel met en lumière les failles et l'opacité du système de gouvernement japonais. En un mot, son immaturité. La défiance qui frappe depuis longtemps les politiques, désormais les grands groupes industriels et les médias sera longue à résorber. Il y faudra un long processus de reconstruction démocratique.

« Il est temps de dire adieu à l’énergie nucléaire ! ». C’est un cri du cœur poussé par le Mainichi Daily News, l’un des quotidiens japonais les plus diffusés (plus de 5 millions d’exemplaires).

Un an après Fukushima, seuls 2 réacteurs continuent de tourner sur les 54 que compte l’archipel. Ils devraient, eux aussi, être arrêtés sous peu pour des tests. Tout l’enjeu pour les opposants au nucléaire est de profiter de cette «fenêtre de tir» pour s’opposer localement au redémarrage des réacteurs.

« Les préoccupations économiques ont cependant commencé à « user » la crainte du nucléaire » écrit l’éditorialiste du journaliste, « si le gouvernement a en effet commencé à établir des plans pour réduire la dépendance du pays vis-à-vis du nucléaire, il n'y a pas d’informations quant à un arrêt du nucléaire. D'autre part, nous n'avons pas de vision globale sur la façon dont le gouvernement va désormais évaluer les risques associés à l'énergie nucléaire et de quelle manière le gouvernement envisage de découpler notre économie de cette énergie ». Beaucoup d’inconnues.

Pendant ce temps, le premier Ministre Yoshihiko Noda a appelé à redémarrer les centrales dès que possible, s’engageant néanmoins prudemment pour une sortie progressive du nucléaire. Face à l’hostilité du public, il a promis qu’aucun réacteur stoppé pour maintenance ne redémarrerait sans l’autorisation des autorités locales. Or, d’après un sondage, 79% des autorités locales sont hostiles au redémarrage des réacteurs atomiques.

Même les maires de certaines municipalités qui accueillent des centrales nucléaires et reçoivent en retour des subventions du gouvernement sont majoritairement favorables à une diminution de la dépendance du pays à l'égard des installations nucléaires.

Bref, la peur du nucléaire l’emporte largement. Plus de 50% des résidents des zones sinistrées se disent inquiets pour leur santé et 70% sont convaincus que le gouvernement et la société Tepco ont caché des informations au moment de la crise. D’autant plus que les causes exactes de l’effondrement du réacteur n°1 ne sont toujours pas connues. 

L'absence d'un chef.

Le choc provoqué par Fukushima a bouleversé bien des mœurs politiques dans l’archipel. Le gouvernement japonais s'apprête ainsi à mettre en place un plan de renflouement public de près de 10 milliards d'euros pour Tepco. L’objectif du gouvernement est d’obtenir deux tiers des actions du groupe avec droit de vote au conseil d’administration. Malgré les résistances affichées par le groupe, les sommes qu’envisage d’injecter l’Etat lui permettrait d’obtenir plus de 70% de Tepco ce qui reviendrait à une nationalisation de fait de la société. Par ailleurs, les actionnaires de Tepco réclament 51 milliards d'euros d’indemnités aux dirigeants du groupe.

Sur les quatre rapports qui doivent être rendus sur la catastrophe nucléaire de Fukushima, seule la commission indépendante présidé par un ancien rédacteur en chef du Asahi Shimbun, le quotidien japonais le plus diffusé (12 millions d’exemplaires), a rendu ses conclusions.

Si la commission n’épargne pas l’ancien premier Ministre, elle estime néanmoins que Naoto Kan « a fait le job » et salue notamment sa décision d’empêcher le retrait total des travailleurs de la centrale, ce qui aurait encore aggravé la situation. Paradoxalement la commission met néanmoins en avant « l’absence d’un chef » politique capable de s’adresser à la population pour la tenir informée en temps réel de l’étendue des dégâts.

Car le rapport met en lumière les défauts d’information du public et estime que dans les premiers jours le public n’a tout simplement pas été prévenu de ce qu’il se passait.

Un document officiel, publié vendredi, indique qu'au cours d'une réunion en présence des principaux ministres organisée le 11 mars environ quatre heures après le déferlement de vagues géantes contre le site atomique, un participant non identifié a pour la première fois évoqué le risque de fusion mais le gouvernement n'en a pas informé le public.

Les failles de la gouvernance japonaise.

Le rapport pointe aussi le mauvais fonctionnement de l’alliance Etats-Unis/ Japon dans ce moment de crise :

« Les Etats-Unis ont émis un avis recommandant de ne pas entrer dans la zone dans un rayon de 80 kilomètres de l'usine de Fukushima n °1 lorsque le gouvernement japonais a mis en place une zone de 20 kilomètres de rayon d'évacuation. Le Japon n'a pas non plus donné suffisamment de renseignements aux États-Unis, même s’il faut reconnaître que certaines informations était impossible à obtenir ».

Les autorités japonaises ont été embarrassées et n’ont pas souhaité montrer aux américains l’étendue des dégâts, préférant faire valoir qu’elles étaient capables de gérer la crise elles-mêmes.

« La crise de Fukushima a surtout révélé l’immaturité de la démocratie japonaise et les failles du système de gouvernement » tranche sèchement Yoichi Funabashi, l’ancien directeur du puissant Asahi Shimbun. Ciblant la collusion entre les experts, les lobbys du nucléaire, les médias et les politiques, l'ancien journaliste espère que Fukushima servira de sonnette d’alarme pour briser « les liens confortables qui unissent nos gouvernants et nos industriels, qui sont un héritage de la ruée vers le développement qu’a connu le Japon après la seconde guerre mondiale. Le Japon est une société fortement « emboîtée » où les liens de népotisme prévalent partout. Tout le monde est connecté à quelqu'un, les gens ne veulent pas dire la vérité parce que cela peut causer des ennuis aux autres. Donc, tout le monde reste silencieux, même s’il sait quelque chose et il n'y a pas de discussion. Cela s’est souvent répété dans le passé ».

Pas sûr que des élites aussi délégitimées endosseront « l'irresponsabilité » politique d'amorcer le redémarrage des réacteurs nucléaires après les stress-tests prévus dans les semaines qui viennent au risque de se couper toujours de populations qui ne leur accordent plus aucune confiance. C’est tout un travail de reconstruction démocratique qui attend le Japon .

http://www.marianne.net/Fukushima-symptome-des-failles-de-la-democratie-japonaise_a216214.html

 

SUITE DE LA CONFERENCE (III et IV) : cliquer ici

 
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3 février 2015 2 03 /02 /février /2015 09:02

2ème partie de la conférence :

 

III- LA VAGUE DEMOCRATIQUE DES ANNEES 1980.

 

1- Les philippines.

13

• Présentation du système politique philippin.

Les Philippines obtiennent une indépendance presque totale le 24 mars 1934 par le Tydings-McDuffy Act. Le premier président est élu en 1935, alors que la République des Philippines a obtenu son indépendance totale. Le système gouvernemental des Philippines est inspiré du système américain. La constitution de 1987, adoptée sous le régime de Corazon Aquino, rétablit un système présidentiel avec un pouvoir législatif bicaméral et un pouvoir judiciaire indépendant.

Pouvoir exécutif

Le président, élu au suffrage populaire pour un mandat de six ans, cumule les charges de chef de l’État, chef du gouvernement, et commandant en chef des forces armées. Il nomme et peut démettre les ministres. Il ne peut pas se représenter pour un nouveau mandat, sauf dans le cadre d’une succession constitutionnelle et s’il est en poste depuis moins de quatre ans. Le vice-président est également élu au suffrage universel. Bien que ce ne soit pas toujours le cas, il fait généralement partie du cabinet présidentiel.

Pouvoir législatif

Le parlement philippin est composé de deux chambres : le Sénat et la Chambre des représentants. Les membres des deux chambres sont élus au suffrage universel. Le Sénat compte 24 membres élus sans circonscriptions pour un mandat de six ans. Ils peuvent se représenter une fois. La Chambre des représentants compte 250 membres, dont 206 sont élus par le peuple dans des circonscriptions à siège unique. Les 44 membres restant sont élus selon un système complexe de listes présentées par les partis. Tous sont élus pour un mandat de trois ans et peuvent se représenter deux fois consécutivement. Si un ou plusieurs sièges sont vacants en cours de législature, la chambre peut décider d’organiser une élection partielle. Les candidats élus siègent pour la fin de la législature, ce qui est décompté comme un mandat complet.

Pouvoir judiciaire

La Cour suprême est la plus haute instance judiciaire des Philippines. Le président dit Chief Justice et 14 juges dits Associate Justices sont nommés par le président sur recommandation du Conseil judiciaire.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Philippines#Politique

 

• « Chronologie d’une dictature à une démocratie bancale » (Courrier international)

111965 - Ferdinand Marcos (photo) est élu président. 


1972 - Ne pouvant briguer un troisième mandat, le président proclame la loi martiale pour se maintenir au pouvoir. 



21 août 1983 - De retour d’un exil volontaire, l’opposant Ninoy Aquino, père de l’actuel président, est assassiné à sa descente d’avion à Manille. 


7 février 1986 - Tenue d’élections anticipées, le président Marcos ayant cédé aux pressions de Washington et d’une opposition croissante. Il est déclaré vainqueur face à Cory Aquino, la veuve de Ninoy. Les accusations de fraudes se multiplient. La contestation prend de l’ampleur.

22 février 1986 - Un putsch visant à renverser Marcos est déjoué. Le président perd l’appui d’une partie de l’armée et de l’Eglise. Une foule se masse sur l’Epifanio de los Santos Avenue (Edsa), une des principales artères de la capitale, qui donnera son nom au soulèvement populaire. Le 25 février 1986, Marcos fuit le pays et trouve refuge à Hawaii. Cory Aquino accède à la présidence.

2001 - Le président Estrada est renversé par une nouvelle contestation populaire, baptisée Edsa II.

2010 - Jouissant d’une immense popularité liée à la disparition de sa mère en 2009, Benigno Aquino III est élu président tandis que la veuve de Ferdinand Marcos et son fils font leur entrée au Parlement.

http://www.courrierinternational.com/article/2011/03/03/chronologie-d-une-dictature-a-une-democratie-bancale

 

Biographie de F. Marcos :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Ferdinand_Marcos

Biographie de C. Aquino :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Corazon_Aquino

 

• « Les Philippines : Une démocratie minée » (C. GAUDREAULT, juillet 2008).

12« La démocratie aux Philippines est souvent décrite comme étant une «démocratie spectacle». Pourquoi ? Parce qu’à la vice-présidence, à la présidence il y a eu une vedette du cinéma philippin, Joseph Estrada (photo) et qu’au Sénat «sur les vingt-quatre sénateurs élus en 2001, par exemple, six étaient d’anciens acteurs, présentateurs de télévision ou sportifs reconnus au niveau national» (Camroux 2006). Depuis la chute de Marcos en 1986, les gouvernements ont tenté d’assainir les mœurs politiques et de renforcer le système démocratique. Cependant, la démocratie philippine est bien fragile. Elle est minée par la corruption, par la présence du patrimonialisme et d’une oligarchie très proche du pouvoir. Elle est donc plus une question d’élite que de représentation populaire.

L’oligarchie renvoie à «…l’élite fortunée,…les personnes les plus riches du pays ainsi que leurs familles, un regroupement qui persiste dans une large mesure indépendamment des dirigeants politiques» (Wurfel 2001). La démocratie philippine est grandement influencée par l’oligarchie du pays. L’oligarchie philippine bénéficie des largesses des différents régimes. Elle fait pression pour que les gouvernements appliquent des politiques allant dans le sens ses intérêts. Le patrimonialisme renvoie la quasi-absence de distinction entre la propriété publique et la propriété privée des dirigeants et de leurs proches. Le système patrimonial facilite les actes de corruption et peut entraîner l’instabilité politique et la destitution d’un président.

Selon Wurfel, le patrimonialisme est bien ancré dans le système philippin, car «son État est faible et entouré d’une bureaucratie peu efficace et politisée de longue date, dans la plus part des cas incapable de faire respecter la loi face aux intérêts de l’oligarchie ou des copains…» (Wurfel 2001)Ainsi, les «amis» des anciens régimes ne sont jamais bien loi. Par exemple, «avant la fin du mandat d’Aquino (présidente suite au renversement de Marcos), la plupart des amis de Marcos ont reconquis un rôle au sein de l’oligarchie» (Wurfel 2001). Cela mine considérablement le système démocratique qui tente de se consolider depuis la chute de Marcos.

L’autre clou dans le cercueil de la démocratie philippine est la corruption. Déjà sous le règne de Marcos, la corruption était vive. La famille de l’ancien dictateur aurait pillé à l’économie nationale des Philippines, une somme entre 5 et 10 milliards, qui se retrouva dans des comptes bancaires étrangers (Camroux 2006). En 1998, Joseph Estrada, ancien acteur, a été élu président grâce à sa popularité personnelle. Son administration «…fut tellement corrompue que de nombreux membres, en particulier parmi ses alliés de gauche, l’abandonnèrent» (Wurfel 2001). Parmi ceux qui bénéficiaient des largesses du régime Estrada, ses principaux appuis et anciens proches de Marcos, Lucio Tan et Danding Cojuangco. Lucio Tan a été licencié, car il a été soupçonné d’une «fraude fiscale de 25 milliards de pesos» (Wurfel 2001) et «…est…impliqué dans, la privatisation de la Philippine National Bank. Il avait pu acquérir 46% des parts de la banque et, grâce à une manœuvre complexe appuyée par la Présidence, étendre ensuite son emprise au sein du conseil d’administration» (Wurfel 2001). «…le président Estrada…définit un “ami” comme une personne qui reçoit des prêts d’établissements financiers gouvernementaux sur les ordres du président…» (Wurfel 2001). Le parlement a voulu destituer Estrada « accusé de corruption, de viol de la Constitution et d’abus de pouvoir» (Encyclopédie Universalis 2006). En 2001, il a démissionné et sa vice-présidente Gloria Macapagal-Arroyo s’est emparée de la présidence.

Le dernier élément qui mine la démocratie philippine, est les tentatives de coup d’État. Corazon Aquino n’a pas été épargnée par les tentatives de renversement de son gouvernement au courant de sa présidence de 1986 à 1992. Des membres déloyaux des forces armées ont amorcé «une série de coups d’État contre la présidente Aquino, dont deux aboutirent presque» (Wurfel 2001). Au pouvoir, la présidente Arroyo a déclaré l’état d’urgence en février 2006, pour «officiellement déjouer une menace de coup d’État fomenté par «des activistes de gauche et des aventuriers militaires de droite»» (Camroux 2006).

La corruption, le patrimonialisme, l’oligarchie et les tentatives de coup d’État sont des éléments qui affectent la démocratie aux Philippines et les décisions prises par les différents gouvernements. La Présidente Arroyo s’est engagée dans une lutte contre la corruption et a nommé des réformateurs dans l’administration philippine. Mais il est possible de se questionner sur l’efficacité de ces mesures qui ont pour but de renverser ces tendances qui marquent la démocratie et la politique depuis de nombreuses années ».

http://asiesudest.wordpress.com/2008/07/06/les-philippines-une-democratie-minee/

 

2- La Corée du Sud.

19

• Histoire politique de la Corée depuis la fin de la guerre.

14Le gouvernement Syngman Rhee (photo)

La reconstruction de la Corée du Sud, très affectée par la guerre et ayant un produit national brut par habitant au niveau des nations d'Afrique noire, bénéficie de l'aide américaine distribuée de manière sélective, en particulier aux proches du nouveau régime. Dès son origine, le gouvernement de Syngman Rhee est ainsi marqué par le clientélisme et la corruption, tandis que l'économie sud-coréenne ne progresse pas et que ses habitants restent parmi les plus pauvres de l'Asie. La présence américaine, ininterrompue depuis la guerre de Corée, suscite un fort ressentiment au sein de la population, alors que les troupes étrangères se sont retirées de Corée du Nord depuis la fin des années 1950.

En 1952, en pleine guerre de Corée, Syngmann Rhee réforme la Constitution pour être élu au suffrage universel direct, et non plus par l'assemblée, afin d'éviter d'être mis en minorité par son propre parti. Il fait à nouveau modifier la constitution en 1954 pour pouvoir être réélu une nouvelle fois.

En 1960, la manipulation des élections permet au parti libéral au pouvoir d'obtenir officiellement 87 % des voix. Des manifestations d'étudiants, initiées par les étudiants de Daegu et soutenus par leurs professeurs, provoquent alors la chute de la Première république : Syngmann Rhee démissionne le 26 avril et se réfugie aux États-Unis, à Hawaii.

L'expérience démocratique de 1960 et la Deuxième République (1960-1962)

En avril, un régime parlementaire est instauré, et Yun Po-sun est élu président en août 1960.

Le nouveau pouvoir est toutefois affecté par la crise économique et sociale, ainsi que des dissensions entre le nouveau chef de l'État et son premier ministre Chang Myon, tandis que la Corée du Nord propose une réunification pacifique au sein d'un État confédéral.

Le 16 mai 1961, un coup d'État militaire porte au pouvoir le général Park Chung-hee, nouveau chef du Conseil suprême pour la reconstruction nationale, qui dissout l'Assemblée nationale démocratiquement élue en 1961. Un référendum constitutionnel, organisé en décembre 1962, met formellement fin à la Deuxième République : les Troisième (1962-1972) et Quatrième (1972-1980) Républiques sont des régimes de dictature dominés par le général Park Chung-hee.

15La dictature de Park Chung Hee (photo)

En octobre 1963, Park Chung-hee l'emporte de justesse sur l'ancien chef de l'État Yun Po-sun à l'élection présidentielle, mais son parti (démocrate républicain) obtient une très forte majorité aux élections législatives de novembre. Park, qui proclame l'état d'urgence, dissout le Parlement et établit une dictature, est réélu en 1967 et en 1971, cette seconde fois contre Kim Dae-jung, figure de l'opposition. Les élections sont marquées par la fraude, et l'opposition sans cesse menacée par le pouvoir, tandis que Park Chung-hee avait réussi, avec l'aide de son parti, à réformer l'année précédente la Constitution afin de lui permettre de briguer un troisième terme.

Aussitôt ré-élu, Park Chung-hee proclame à nouveau l'état d'urgence, suspend la Constitution et dissout en octobre 1972 la Constitution. En décembre 1972, il fait adopter par référendum la Constitution Yusin dans un contexte de censure et de fraudes importantes: c'est la Quatrième République de Corée du Sud qui commence, dictature qui ne terminera qu'avec la mort de Chung-hee (1979). Il s'était inspiré pour ce faire sur l'exemple de Ferdinand Marcos, aux Philippines.

En août 1973, le KCIA (Korean Central Intelligence Agency, liée de près à la CIA) enlève l'opposant Kim Dae-jung. L'ordre d'exécution est annulé au dernier moment, alors qu'il était enchaîné avec des blocs de béton sur un bateau en haute mer, grâce à la décision de l'ambassadeur américain, Philip Habib, qui fit tout pour le sauver en exerçant des pressions sur tous les responsables coréens. Dae-jung avait déjà été la cible d'un attentat, en mai 1971, qui avait été maquillé en accident de la route.

La dictature de Chung-hee met parallèlement en place les bases de la modernisation économique de la Corée, parmi les plus rapides de l'histoire économique moderne, tout en se heurtant à l'opposition croissante des intellectuels. L'essor économique a été favorisé par les importants investissements japonais à la suite du traité nippo - sud-coréen du 22 juin 1965.

L'économie de la Corée du Sud explose littéralement depuis 1970 et situant actuellement aux alentours du 13e rang mondial, En 2004, le PNB/hab s'élevait à 19 000 $ par habitant en parité de pouvoir d'achat, ce qui la plaçait au 49e rang mondial au niveau de la Grèce (Corée du Nord : 1 745 $ par habitant).

Au plan international, les relations avec le Japon, ancienne puissance coloniale, sont normalisés en juillet 1965 et conduisent au versement de réparations par le Japon, sans que tous les aspects liés à la période de l'occupation ne soient encore réglés (notamment la question des femmes de réconfort coréennes, esclaves sexuelles pour les soldats japonais pendant l'occupation).

La Corée du Sud a par ailleurs été l'un des alliés les plus fidèles des États-Unis, et parmi les plus impliqués à leurs côtés, dans la guerre du Viêt Nam.

Park Chung-hee est assassiné le 26 octobre 1979, ouvrant la voie à une transition démocratique.

C'est sous sa dictature que s'immola par le feu Jeon Tae-il, militant des droits des travailleurs.

La Cinquième République (1979-1987) et la transition vers la démocratie (1987-1993)

Le 12 décembre 1979, le général Chun Doo-hwan, chef de la sécurité militaire rivale de la KCIA (Korean Central Intelligence Agency), la police secrète sud-coréenne, fait procéder à l'arrestation de militaires de haut rang accusés d'être impliqués dans l'assassinat de Park. Le 27 août 1980, Chun Doo-hwan devient président, après l'éviction du chef de l'État par intérim, le général Choe Kyu-ha, qui était le premier ministre du général Park et avait initié une politique de relative libéralisation politique (ayant notamment conduit à la libération de l'opposant historique Kim Dae-jung.

En mai 1980, le soulèvement de la ville de Kwangju, révélateur des inégalités sociales et régionales dans la forte croissance économique sud-coréenne, est violemment réprimé (trois cent morts selon les chiffres officiels, au moins deux mille d'après des sources officieuses).

Le 7 octobre2 1983, en déplacement officiel à Rangoon, le général Chun Doo-hwan échappe à un attentat qui coûte la vie à l'ensemble des membres du gouvernement qui l'accompagnait, attribué par Séoul à la Corée du Nord malgré les démentis de Pyongyang.

La constitution instituant la VIe république est votée le 25 février 1988, le président est élu pour 5 ans et son mandat est non renouvelable et l'Assemblée nationale de 273 membres est élu pour 4 ans.

Le général Roh Tae-woo, choisi comme héritier par Chun Doo-hwan au sein du parti de la démocratie et de la justice au pouvoir, est élu le 25 février 1988 contre une opposition divisée entre Kim Dae-jung et Kim Young-sam, dans des conditions plus démocratiques que les précédents scrutins présidentiels. Plus de trois mille prisonniers politiques sont libérés entre 1988 et 1990, comme Ri In-mo qui avait été emprisonné pendant trente-quatre ans.

Le régime reste contesté par une forte opposition, notamment des milieux étudiants. La corruption reste endémique : entre 1988 et 1992, le parti du président Roh aurait détourné plus de 600 millions de dollars.

La Corée du Sud depuis 1993

Élu président en 1993 avec le soutien du président sortant Roh grâce notamment aux sommes détournées par le président au pouvoir, Kim Young-sam est le premier civil à occuper ce poste depuis 1961.

La présidence de Kim Young-sam (1993-1998), premier chef d'État de la Sixième République, est marquée par la construction (par la France) du TGV en Corée (KTX), à l'occasion de laquelle un manuscrit ancien détenu par la France à la suite de l'Expédition en Corée du contre-amiral Roze en 1866 est restitué à la Corée du Sud sans que le contentieux sur ces éléments du patrimoine culturel coréen ne soit entièrement résolu (en particulier, la France n'a pas restitué le plus ancien ouvrage connu imprimé en caractères mobiles métalliques au monde, daté du xive siècle, qui est coréen).

Parmi plusieurs catastrophes révélatrices notamment de la corruption du régime, l'effondrement du grand magasin Sampoong dû au non-respect des normes de construction, cause cinq cent morts. La loi du 26 décembre 1996 limitant les libertés syndicales entraîne des manifestions de plusieurs centaines de milliers de personnes. Enfin, la crise asiatique se traduit par la nécessité de solliciter un prêt au FMI de 58 milliards de dollars, ce que les Coréens interprètent comme une humiliation nationale ; la crise conduit au début du démantèlement des conglomérats industriels et financiers coréens, les chaebols.

L'opposant Kim Dae-jung (au pouvoir de 1998 à 2002) succède à Kim Young-sam devenu très impopulaire. Il poursuit la libéralisation économique et opère un rapprochement diplomatique avec la Corée du Nord en rencontrant Kim Jong-il en 2000.

En 2002, le président Roh Moo-hyun appartenant au Parti démocratique du millénaire (PDM), comme Kim Dae-jung succède à ce dernier dont il poursuit la politique d'ouverture au Nord, critiquée par l'opposition de droite. À la suite de la destitution le 12 mars 2004 du président Roh, accusé de corruption, par le Parlement, les élections législatives anticipées du 15 avril 2004 marquent le succès du parti Uri issu de la minorité du PDM restée favorable au chef de l'État. À la suite de plusieurs revers du parti Uri lors d'élections partielles, la majorité parlementaire relative du président Roh a besoin de l'appoint du Parti démocratique du travail de Corée.

Les protestations médiatisées de paysans sud-coréens lors du sommet de l'OMC qui s'est tenu à Hong-Kong, ou la grève générale lancée en février 2006 par la confédération coréenne des travailleurs coréens (KCTU) contre le travail précaire (voir l'article [1]) témoignent d'une importante mobilisation sociale en Corée du Sud.

Au début de l'été 2006, la Corée du Sud a effectué une mission d’étude dans les eaux autour des îles Dokdo sous son contrôle mais dont la souveraineté est réclamée également par le Japon.

16

Park Geun-hye, ancienne présidente du premier parti d'opposition, le Grand parti national (GPN, conservateur), elle est la fille de l'ancien dictateur militaire Park Chung-hee, qui dirigea la Corée du Sud entre 1961 et 1979. De 1998 à 2012, elle est députée à l'Assemblée nationale sud-coréenne. Elle est élue présidente de la République en décembre 2012 et prend ses fonctions le 25 février 2013, devenant ainsi la première femme présidente de la Corée du Sud.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_Corée_du_Sud

 

3- Taïwan.

• Taïwan, un modèle de démocratie en Asie

18

Ancienne dictature sous le joug du parti nationaliste chinois Kuomintang, Taïwan a entamé sa transition démocratique dans les années 1980 et est depuis devenu un exemple pour de nombreux pays.

Il n’est pas rare d’entendre certains érudits proposer la Turquie ou l’Indonésie comme modèle pour les pays où le Printemps arabe a conduit à une véritable transition démocratique. Mais en Asie, certains encouragent vivement la Birmanie, qui s’ouvre aux réformes démocratiques, à suivre l’exemple de Taïwan. Autrefois dictature, l’île est devenue l’exemple type d’une démocratie efficace. Mais tout le monde n’en est pas convaincu.

« Chaque processus de transition est unique à chaque pays », analyse Dafyyd Fell, responsable des études taïwanaises à l’Université de Londres. « Dans le cas de Taïwan, il y a des exemples positifs tels que le débat électoral qui a mené à une véritable amélioration des politiques, de même que la relation entre la démocratie et le combat contre la corruption politique. » Plus d’un aspect de la démocratie taïwanaise pourrait séduire les pays en transition, mais chaque cas est particulier et mieux vaut éviter de reproduire les mêmes schémas d’après les experts.

Une démocratie isolée

Cette démocratie isolée à 177 km des côtes chinoises, qui a réélu en janvier le président sortant Ma Ying-jeou lors de la cinquième élection présidentielle libre du pays, est considérée comme l’un des plus grands succès démocratiques du 20e siècle. La dernière élection est là pour le prouver : taux de participation frôlant les 75 %, aucun signe de violence, procédé juste et équitable… de quoi faire rêver nombre de pays.

Dans les années 1980, Taïwan entame sa transition démocratique et met fin aux quarante années de dictature du parti nationaliste chinois Kuomintang (KMT). Arrivé sur l’île en 1949, après avoir perdu une guerre civile contre les forces communistes de Mao Zadong, le KMT s’est imposé aux Taïwanais avec une répression sanglante d’une dizaine d’années, la « Terreur blanche », faisant 30 000 victimes et des milliers de prisonniers et de disparus.

17À la tête du Kuomintang de 1926 à 1975, Tchang Kaï-chek, surnommé « Cash-My-Check » dans les cercles diplomatiques occidentaux, profitait de sa position d’allié des États-Unis dans leur lutte contre la diffusion du communisme pour diriger librement d’une main de fer. Ironiquement, il était résolument antidémocratique et croyait que seuls les systèmes autocratiques avaient un avenir en Chine.

Un pays rivalisant avec le Japon et la Corée du Sud

Aujourd’hui, la stabilité de la démocratie taïwanaise rivalise avec le Japon et la Corée du Sud et est souvent utilisée comme référence pour les activistes des droits de l’homme en Chine. Dans le sillage des élections couronnées de succès du mois dernier, les Chinois restés sur le continent ont jalousement – et discrètement – demandé à leur gouvernement d’en faire de même.

« Si on compare Taïwan à ses homologues asiatiques, le pays se débrouille extrêmement bien. Les droits des femmes ainsi que leur représentation dans la vie politique sont en avance par rapport à la Corée du Sud ou au Japon. De même que son système politique est bien plus stable et institutionnalisé que dans ces deux pays », ajoute Dafyyd.

Les qualifications de l’île n’en sont pas moins impressionnantes : les forces militaires et policières ont été réformées ; les institutions civiles, les droits de l’homme et le système éducatif ont été renforcés ; l’électorat est passionné de justice sociale et tient à ses libertés durement gagnées.

Le succès de la démocratie taïwanaise

Mais rien de tout cela ne promet la réussite du système taïwanais dans d’autres pays.

La démocratie taïwanaise a été faite sur mesure et a profité d’un timing adéquat d’après George Tsai, vice-président de la Fondation pour la démocratie, un organisme dirigé par le gouvernement taïwanais chargé de travailler sur l’amélioration de la démocratie en Asie.

« Les institutions civiles fonctionnent extrêmement bien, et après cinq élections générales, nous avançons toujours plus vers une démocratie mature. Nous sommes en bonne forme », confiait Tsai. « Mais il était vraiment important d’avoir une solide croissance économique appuyée par un renforcement de la classe moyenne et du système éducatif. Les réformes judiciaires ont suivi. C’est le modèle qu’on a utilisé et ça a plutôt bien fonctionné. »

Toujours selon Tsai, la croissance économique soutenue, une classe moyenne étendue et un bon système éducatif ont été les fondements de la transition. De là, les politiciens de l’île ont été capables de démanteler beaucoup d’héritages autoritaires comme la loi martiale, le système du parti unique ou les lois restrictives concernant les associations et les mouvements citoyens. Plus tard, des réformes législatives ont émancipé d’autres domaines comme la justice, l’armée, l’électorat et les médias, jusqu’à ce que Taïwan soit prêt à tenir sa première élection présidentielle en 1996.

L’impasse birmane

Tsai souligne que cette transition est progressive et que de nombreuses mesures qui ont fait son succès ont vu le jour grâce à l'essor économique de la région. La Birmanie et les pays du Printemps arabe ne profitent pas des mêmes conjonctures. Bien qu’elle soit riche en ressources, l’économie birmane, qui fut la plus puissante d’Asie, est maintenant la deuxième plus petite de la région. Ses infrastructures, son système de santé et d’éducation sont en ruines et les richesses ne sont pas redistribuées équitablement. Ces problèmes, associés au mépris du pays pour les droits de l’homme et aux opérations militaires permanentes contre des groupes ethniques, sont loin d’être les mêmes qu’à Taïwan pendant les années 1990.

Le message est clair : les pays qui s’inspirent de modèles démocratiques sans prendre en compte les réalités historiques, politiques et culturelles ont peu de chance de réussir leur transition.

Un modèle ne pouvant être reproduit

La corruption rampante en Indonésie, l’achat de l’électorat, le non-respect des droits de l’homme, et le fait que les trois candidats à l’élection présidentielle de 2009 étaient d’anciens généraux sous la dictature de Suharto font craindre que ce pays, qui compte le plus de musulmans au monde et qui est le dernier membre du G20, n’est pas là où il le devrait.

Et alors que la Corée du Sud et Taïwan partagent l’expérience d’une dictature militaire avec la Birmanie, la comparaison s’arrête là. « Si la Chine imposait le modèle démocratique des États-Unis, il s’effondrerait pendant la nuit. Nous ne pouvons pas imposer un système aux autres », a ajouté Tsai, qui donne également des cours à l’Université de la culture chinoise à Taipei.

« Si vous prenez l’exemple des Philippines ou de l’Indonésie, elles sont toutes deux des démocraties libérales, mais sont également rongées par la corruption et son développement économique est amorphe et empêche la classe moyenne de s’étendre comme elle le devrait. Ça met fin au développement politique et démocratique. »

Une transition démocratique réussie sans aucune aide

L’électorat taïwanais a beau être profondément divisé entre le Nord et le Sud, les riches et les pauvres, et sur le sujet d’une plus grande intégration avec son ancien ennemi, la Chine, la démocratie a permis de stabiliser le pays. Les citoyens ont puni les politiciens extrémistes dans les urnes, et récompensé les leaders centristes.

Mais ce qui rend la transition démocratique de Taïwan encore plus remarquable, c’est que le pays y soit arrivé sans l’aide de personne. Son isolement diplomatique et la reconnaissance d’une majorité des pays de « la politique chinoise unique » ont fermé l’île à des organismes comme les Nations Unies, la Banque mondiale, le Fonds monétaire international et la Banque de développement asiatique. En dépit de son impressionnant développement économique et démocratique, ce pays de 23 millions d’habitants manque toujours de représentants dans la plupart des organismes mondiaux, et ce, même si Taïwan est l’une des plus grandes places commerciales au monde.

http://www.jolpress.com/article/taiwan-un-modele-de-democratie-en-asie-412653.html

 

IV- LA VAGUE DEMOCRATIQUE DES ANNEES 1980.

1- Singapour.

21

• Le système politique de Singapour. Présentation générale.

20La Constitution singapourienne est inspirée par le parlementarisme britannique. Le Parlement de Singapour est unicaméral (composé d'une seule chambre), c'est le pouvoir législatif de Singapour. Il comprend 84 membres pour un mandat maximum de cinq ans. Le Premier ministre est le chef du gouvernement. Le président de la République de Singapour est le chef d'État de la nation. Le Dr Benjamin Henry Sheares (1907-1981) a été président de la République du 2 janvier 1971 jusqu'à sa mort, le 12 mai 198112.

Dans les faits, le Parti d'action populaire (PAP) domine la politique singapourienne depuis l'indépendance. Le mode de gouvernement se rapproche plus de l'autoritarisme que d’une démocratie multipartiste13.

Depuis 1965, seulement trois premiers ministres, tous membres du PAP, se sont succédé : Lee Kuan Yew, le père de la Singapour moderne jusqu'en 1990, Goh Chok Tong de 1990 à 2004, et enfin Lee Hsien Loong, le fils de Lee Kuan Yew, depuis le 12 août 2004. Quant au président, théoriquement élu au suffrage universel direct pour un mandat de six ans, sa réélection le 17 août 2005 n'en était pas vraiment une car elle s'est faite sans vote : en effet, Sellapan Rama Nathan était le seul candidat au jour de l'élection, les autres candidats ayant été disqualifiés parce qu'ils ne remplissaient pas les critères nécessaires… des critères mis en place par le gouvernement et qui incluent l'obligation d'avoir eu un poste important dans le service public.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Singapour#Politique

 

• Singapour : dictature ou démocratie ? Par S. BARBAS, Université de Montréal, 2008.

1ère partie :

22Singapour s’impose comme un modèle de prospérité. Toutefois, même si officiellement il s’agit d’une démocratie (par la tenue d’élections législatives et présidentielles), il faut admettre que l’encadrement gouvernemental a des airs despotiques. La majorité des critiques à l’endroit de ce régime proviennent de l’Occident parce que les libertés individuelles et les droits de la personne priment dans nos sociétés.
La majorité des critiques à l’endroit de ce régime proviennent de l’Occident parce que les libertés individuelles et les droits de la personne priment dans nos sociétés. En Asie, Singapour est de plus en plus vue comme LE modèle à suivre (Juan 2003).

Depuis sont accession au pouvoir en 1959 le People’s Action Party (PAP) est indélogeable. Cependant, cette longévité n’est pas entièrement due à la qualité de sa gouverne. Au fil du temps, ce gouvernement contrôlé par Lee Kuan Yew a développé une panoplie de moyens lui permettant de se maintenir au pouvoir élection après élection. Comme la plupart des pays d’Asie du Sud-Est, le PAP a tôt fait d’adopter une Loi de sécurité intérieure (ISA) « autorisant l’internement sans procès de toute personne soupçonnée de subversion ou d’activités communistes » (Koninck 2006, 149). Ceci a permis, entre autres, peu avant les élections de 1968, d’éliminer la menace que représentaient deux membres du principal parti d’opposition (Front socialiste). Toutefois, les adversaires politiques ne sont pas les seuls à être touchés par cette loi : des commerçants, des journalistes et des opposants de toute sorte en ont aussi été victimes (Juan 2003). D’ailleurs, dans cette catégorie, le record est détenu par M. Chia Thye Poh qui a passé 23 ans en prison sans jamais faire face à un tribunal.

Compte tenu de la domination de la scène politique par le PAP, il est surprenant de voir qu’une quarantaine de partis politiques ont existé ou existe toujours à Singapour. Toutefois, il est rare que d’autres partis puissent régulièrement présenter des candidats aux élections générales, bien qu’ils y parviennent épisodiquement comme le démontre ce tableau. Malgré cette présence d’une « opposition », les résultats des années passées révèlent que dans les faits, ces adversaires n’ont jamais, depuis la formation d’un État singapourien, réussi à élire suffisamment de représentants pour avoir un contrepoids politique.

Les dirigeants singapouriens utilisent une série de procédés afin d’assurer leur prééminence.

1- En plus d’intimider ses rivaux avec la ISA, le PAP impose des campagnes électorales d’une durée de seulement neuf ou dix jours, ce qui empêche les autres partis de se faire connaître. Comme les rassemblements de foules sont illégaux, ils n’ont pas le temps de le faire entre chaque élection.

2- L’incessante surveillance à laquelle sont soumis les membres de l’opposition les empêche de parler ouvertement, car toute critique envers le gouvernement finit en poursuite pour diffamation.

Les circonscriptions sont souvent délimitées la journée précédent le vote et la carte électorale est organisée de manière à favoriser le gouvernement.

3- Tout rassemblement de plus de cinq personnes à des fins politiques est considéré illégal (Houseman 2000). Les citoyens ne sont donc pas particulièrement friands des discussions politiques.

4- « Tout commentaire négatif de la politique du gouvernement du PAP rendu public par son auteur lui vaut d’être sommé par ledit gouvernement de se déclarer membre officiel de l’opposition. » (Koninck 2006, 150)

Singapour ne possède pas d’entité indépendante régulant les élections. C’est le gouvernement qui s’en charge. Fait intéressant, la participation au vote est obligatoire, mais dans la réalité comme il n’y a pas d’opposants dans la plupart des cas, le taux réel de participation se situe aux alentours de 30-35%. Le gouvernement achète, par ailleurs, les électeurs. En 2001 par exemple, on a offert aux électeurs des actions en bourses. Le hic c’est que ces actions étaient encaissables le jour avant l’élection. Ce n’est pas sans rappeler les ruses cambodgiennes, thaïlandaises et philippines où l’on procède de la même manière en offrant des sandales, du riz, etc. (Juan 2003). D’autre part, en 1997 le gouvernement a menacé les électeurs qui ne voteraient pas pour ses candidats, de laisser dépérir leurs propriétés, maisons et appartements (qui appartiennent tous au gouvernement) et que ces dernières finiraient en taudis.

Finalement, il est intéressant de remarquer les allures monarchiques derrière ce gouvernement « élu ». Car, il ne faut pas oublier que si Lee Kuan Yew tire les ficelles du gouvernement, son fils Lee Hsien Loong, est Premier ministre, président de la Monetary Authority of Singapore et aussi ministre des Finances. La femme de ce dernier contrôle l’une des plus puissantes compagnies du gouvernement. Le deuxième fils de Lee Kuan Yew pour sa part est en charge de la plus grosse compagnie gouvernementale : Singapore Telecom (Juan 2003).

http://asiesudest.wordpress.com/2008/06/29/singapour-dictature-ou-democratie-1ere-partie/

232ème partie :

Pour faire suite au premier billet portant sur le monopole gouvernemental concernant les élections, il sera question ici du contrôle du gouvernement sur sa population et les médias. Pour mieux comprendre ce dont il s’agit, rappelons simplement l’illégalité des rassemblements de cinq personnes ou plus à des fins politiques, ainsi que les poursuites judiciaires systématiques par le gouvernement pour diffamation. Malgré ces lourdes mesures, les Singapouriens ne sont que très peu à quitter le pays.

Les Singapouriens
Le PAP (People’s Action Party) s’est muni au fil du temps d’une panoplie d’outils afin de bien encadrer sa population, du taux de natalité aux déplacements en passant par une myriade de petites actions quotidiennes des habitants. Par exemple, les amendes sont salées pour quiconque laisse traîner ses détritus sans respecter les normes instaurées par la ville. Il en va de même pour les graffitis et cela va jusqu’à faire payer ceux qui oublient de tirer la chasse d’eau dans les toilettes publiques (Houseman 2000). Il est par ailleurs, interdit de jeter sa gomme à mâcher sur le sol. L’amende pour ce délit est de 1000 dollars Singapouriens, mais les cas sont rarissimes puisqu’il est quasi-impossible de s’en procurer sur l’île. De plus, « malgré le fait que la quasi-totalité des résidants soient propriétaires de leurs logements, c’est toujours le HDB, la régie du logement, qui délivre les autorisations de vendre, acheter, louer, résider, rénover, bref qui contrôle tout » (Koninck 2006, 165).

Étant une cité-État à la fine pointe de la technologie, Singapour à tout ce dont elle à besoin pour établir un réseau de surveillance efficace. C’est ce qu’elle a fait avec son Expressway Monitoring and Advisory System. Cette innovation, qui sert à la base à signaler les accidents et les conditions routières, permet au gouvernement de connaître l’itinéraire des conducteurs par le biais d’un système de photographie implanté en plusieurs lieux dans la vile. Ce dernier voit les plaques photographiées à plusieurs endroits et moments de la journée.


La majorité, voire la totalité des médias à Singapour est contrôlée par ou appartiennent aux dirigeants du gouvernement. S’ils n’en sont pas les propriétaires, ce sont des membres de leur entourage qui le sont (Gomez 2000, 86). La presse est particulièrement touchée par la censure gouvernementale. Puisque la presse locale sert les intérêts du gouvernement, il n’y a que la presse étrangère pour offrir un peu d’objectivité. Or, le PAP a sut imposer à ces derniers un contrôle tout aussi efficace. Cette main mise remonte au début de la création de la république. Dès 1971, les journaux défavorables au PAP furent forcés de fermer. En 1974, puis en 1986, la loi évolua en faveur d’un resserrement de l’encadrement des médias (surtout étrangers). Comme c’est le cas pour les opposants politiques, la méthode adoptée par l’État pour contrer la critique reste la poursuite judiciaire. C’est ainsi que le Time, l’Asian Wall Street Journal, l’Asiaweek et le Far Eastern Economic Review (FEER) ont été confrontés devant les tribunaux. « Pour le [FEER] punir, le gouvernement de Singapour contraignit le périodique à limiter pendant un temps sa distribution locale à 500 exemplaires au lieu de 10 000 » (Koninck 2006, 153). La plupart des poursuites intentées contre des médias étrangers sont réglées hors cours. Pour s’assurer de la bonne intention de ces derniers le gouvernement exige dorénavant, d’une part, la présence d’un représentant permanent (qu’on peut poursuivre) à Singapour, d’autre part, un dépôt de 200 000 dollars Singapouriens, afin de s’assurer d’un éventuel paiement en cas de litige. Le même type de surveillance est ressenti à la télé, au cinéma et même sur Internet. Par exemple, le succès « Eyes Wide Shut » de Stanley Kubrick, n’a jamais franchi la barrière de la censure (Kuzmanovic 1999). Dans le cas d’Internet, les sites qui sont jugés provocateurs ou au contenu inadéquat (raciste, pornographique, etc.), sont interdits d’accès. De plus, pour la brève période des élections les blogues et la baladodiffusion sont interdits (Burgis 2006).

Tout cela a comme résultat que l’autocensure devient la norme. Non pas par idéologie ou par appui envers le pouvoir en place, mais simplement afin d’éviter de perdre le droit de publier dans le pays ou simplement pour éviter les poursuites pour diffamation. Cette autocensure est également exercée par la population. Afin d’échapper à tout problème que pourrait engendrer l’expression d’opinions politiques ou de tenir des propos controversés, les gens sont majoritairement apolitiques; ceci n’est pas aidé par le fait que le gouvernement incite les citoyens à dénoncer leurs voisins. Notons aussi que Reporters sans frontières a classé Singapour 141e sur 169 pays en ce qui a trait à la liberté de presse. Finalement, même si les Singapouriens ont le droit de quitter le pays, la majorité n’en fait rien. Selon Gerald Houseman, les résidants sont plutôt satisfaits de leur système et quand vient le temps de s’exprimer, les Singapouriens suggèrent de simplement ignorer la politique. 

http://asiesudest.wordpress.com/2008/06/29/singapour-dictature-ou-democratie-surveillance-censure-et-autocensure/

 

2- Le Cambodge.

Cf. cycle « Voyage à travers l’Indochine », conférence n°4 : cliquez ici.

 

3- La Thaïlande. 

Cf. cycle « Voyage à travers l’Indochine », conférence n°5 : cliquez ici.

 

4- L’Indonésie.

22

• La construction démocratique.

En 1997 et en 1998, l'Indonésie est le pays le plus touché par la crise économique asiatique. Comme les autres pays asiatiques, l'Indonésie fait face à un afflux massif de capitaux étrangers qui se retirent ensuite, déstabilisant la monnaie puis l'économie des pays.

La dévaluation de la roupie indonésienne, est alors suivie de celle du ringgit malais puis du peso philippin et des monnaies de Corée du Sud, Taïwan, Singapour et Hong Kong, avec la fin au système de change fixe ou quasi-fixe qui régnait depuis des décennies dans ces pays.

Le mécontentement populaire s'amplifie et mène aux émeutes de Jakarta de mai 1998. Soeharto démissionne et son vice-président, B. J. Habibie, devient président.

24En août 1999 se tient à Timor oriental un référendum proposant à la population du territoire une autonomie régionale dans le cadre d'un maintien dans la République d'Indonésie. Près de 80 % des votes refusent la proposition. Après 25 ans d'occupation militaire par l'Indonésie qui fut marquée par la condamnation par la communauté internationale de la répression brutale qui y sévissait, les Timorais de l'Est expriment leur souhait d'un détachement de l'Indonésie. Cette même année se tiennent les premières élections démocratiques d'Indonésie depuis 1955. Celles-ci voient la victoire d'Abdurrahman Wahid, destitué en 2001. Sa vice-présidente, Megawati Soekarnoputri, la fille de Soekarno, est élue présidente (photo).

Depuis 2000, l'Indonésie fait face à une vague d'attentats terroristes islamistes dont l'attentat du Jakarta Stock Exchange en 2000 et l'attentat de Bali en 2002. En 2004, grâce à un amendement de la constitution, se tient la première élection présidentielle au suffrage direct. Susilo Bambang Yudhoyono est élu président.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Indonésie#La_construction_d.C3.A9mocratique

 

• « Une démocratie qui se cherche - Indonésie, musulmans contre islamistes » (Par W. Kristianasen, novembre 2010, Le Monde Diplomatique).

Début octobre, la police indonésienne a tué cinq membres présumés d’un réseau terroriste sur l’île de Sumatra. Toutefois, la menace islamiste serait en recul à la satisfaction des organisations musulmanes, qui craignent l’amalgame. De fait, l’Indonésie est plus connue pour ses attentats que pour son élection présidentielle au suffrage universel.

25« Les musulmans doivent obéir aux lois de l’islam. » Ces quelques mots auraient pu faire du jeune Etat indonésien une république islamique. Inscrit au préambule de la Constitution, l’article en a été retiré in extremis le 18 août 1945, et c’est ainsi que l’Indonésie est devenue l’Etat du Pancasila, des « cinq principes » : la croyance en un Dieu unique, l’humanisme, l’unité nationale, la démocratie et la justice sociale. Un compromis historique entre sécularisme et islam.

« L’Indonésie est le siège d’un islam modéré, souriant », assure M. Syafii Anwar, directeur du Centre international pour l’islam et le pluralisme de Djakarta (ICIP). « Il est exact, ajoute-t-il, que, depuis le 11 septembre 2001, nous observons une radicalisation et une montée du conservatisme. Après les attentats de Bali, en 2002 [qui ont fait au moins deux cents morts], nous avons même été montrés du doigt par la communauté internationale. C’est pourquoi mon travail est d’expliquer qu’islam et démocratie sont compatibles. »

La transition démocratique du pays s’est véritablement opérée en 1998, au sortir de deux longues périodes autocratiques. La première, sous la férule du fondateur et président Sukarno (1945-1967), qui eut à composer avec trois forces majeures : le nationalisme, l’islam et le communisme. La seconde, sous la dictature du général Suharto (1967-1998), propulsé au pouvoir au nom de la lutte contre la menace communiste. Le pays reste marqué par les traumatismes causés par le régime Suharto, qui a fait au moins cinq cent mille morts.

Après l’ethnie, la religion
est facteur d’identification

Aujourd’hui, l’Indonésie est la troisième démocratie du monde en nombre d’habitants. « Un fait que les observateurs occidentaux ont tendance à passer sous silence, regrette M. Anies Baswedan, recteur de l’université Paramadina de Djakarta. Ils aiment à nous définir comme le plus grand pays musulman. Nous disons : “Nous sommes une démocratie”, point final. Nous avons une presse libre, une vie politique riche, une société civile très dynamique. Il y a de la corruption, c’est vrai. Il y en a toujours eu. Notre économie résiste à la crise mondiale mieux que celle de plusieurs de nos voisins et le pays est plus prospère qu’il y a dix ans [l’Indonésie avait été particulièrement touchée par la crise asiatique des années 1990]. » Bien sûr, reconnaît-il, « nous avons nos islamistes et nos intégristes, mais ils ont été en partie absorbés par le processus politique et démocratique. »

Le pays compte plus de deux cent quarante millions d’habitants, dont deux cents millions de musulmans, en majorité sunnites. Les deux tiers de la population vivent dans l’île de Java, au cœur de l’Indonésie. Deux courants de pensée, traditionaliste et moderniste, rassemblent la majorité des croyants et s’incarnent dans deux organisations de masse, qui ont vu le jour à Java bien avant le départ des Hollandais et l’indépendance du pays.

Né en 1926, le courant dit « traditionaliste », car il compose avec les cultures et croyances antérieures, est principalement représenté par la Nahdlatul Ulama (NU). Il rassemble quarante millions de croyants, en majorité dans les zones rurales. « La NU ne parle pas d’une seule voix, explique l’écrivain Endy Bayuni, ancien directeur du Djakarta Post. Le mouvement a plusieurs dirigeants, aussi charismatiques qu’indépendants, qui se contredisent souvent, même lorsque le président s’est déjà exprimé sur un sujet. »

La deuxième organisation, qualifiée de « moderniste », compte trente millions de membres. Fondée en 1912, la Muhammadiyah touche davantage les classes urbaines éduquées. On y trouve des fondateurs d’écoles, d’hôpitaux ou d’universités. « Comme les salafistes, nous nous basons en priorité sur le Coran, explique son secrétaire général, M. Abdul Muti, même si nos conclusions diffèrent. Nous sommes puritains, mais tolérants ; notre référence est Muhammed Abdouh, pas les Frères musulmans ou Maududi. Nous croyons profondément aux échanges entre les différentes confessions. En cela, nous sommes plus proches de la NU que des salafistes. L’Indonésie n’est pas un Etat islamique : c’est un Etat séculier. Et nous ne sommes pas au Proche-Orient. »

« L’organisation est comme une famille », commente Mme Arifah Rahmawati, chercheuse à l’université Gadjah Mada de Yogyakarta. Progressiste dans son mode de vie comme dans ses idées, elle a longtemps vécu seule dans une maison dont elle est elle-même propriétaire, ne couvre pas ses cheveux, boit du vin — au risque, avoue-t-elle, d’« énerver son entourage ». « Même si je ne partage pas sa philosophie puritaine, j’éprouve un profond sentiment d’appartenance à la famille Muhammadiyah », affirme-t-elle.

Son collègue, le sociologue Eric Hiariej, ajoute : « Après l’ethnie, la religion est le facteur d’identification le plus fort. A Java, lorsque vous rencontrez quelqu’un pour la première fois, vous lui demandez s’il est santri, c’est-à-dire très attaché au dogme, ou abangan : non pratiquant. Si la personne se définit comme santri, la deuxième question sera : NU ou Muhammadiyah ? »

Au centre de l’île, l’ancienne cité des sultans de Yogyakarta est, avec Solo (Surakarta), le berceau des abangan, qui se réclament des valeurs séculières et syncrétiques propres à la culture javanaise. En avril 2010, le sultan Hamengkubuwono X a fêté son soixante-quatrième anniversaire, soit un multiple de huit, nombre magique qui a justifié des réjouissances exceptionnelles.

Gouverneur de la région, il exerce de réels pouvoirs, mais il jouit également d’une aura spirituelle. En raison de son union mystique avec l’esprit du serpent-reine des mers du Sud, il est « l’axe du monde ». Les traditions de la région convergent en son palais, qui est à son image, mêlé d’influences hindouistes, bouddhiques, chrétiennes et musulmanes. Une étonnante fusion des religions et des cultures, même s’il est lui-même musulman. C’est ici, à Yogyakarta, en réaction à ces valeurs syncrétiques, que la Muhammadiyah a vu le jour. Son fondateur, Ahmad Dahlan, est né dans le quartier musulman, derrière ce palais.

A soixante kilomètres de là, à Solo, dans le palais du sultan, on retrouve ce mélange des cultures et des rites. Hommes et femmes, dont beaucoup de jeunes, s’initient aux rituels javanais, comme l’art de la récitation ou l’impossible pratique de la « marche assise » (mlampah dolok). Tous revêtent le jarik de batik traditionnel noué en une longue jupe, assorti pour les femmes d’un justaucorps de dentelle à manches longues et de coiffures élaborées. Alors que le jour commence à décliner, l’appel à la prière s’élève du Kawman, le quartier musulman voisin, et vient se mêler à la musique du gamelan. Ce jour-là, à la nuit tombée, deux cents personnes sont réunies aux alentours du palais pour assister à une représentation de théâtre d’ombres en plein air. Seules quatre femmes portent le foulard islamique.

A l’instar de la majorité des Javanais, M. Toha Rubin, directeur des relations publiques de l’université Muhammadiyah à Solo, admire les valeurs que perpétuent les anciennes cours de Java : « Il est question de traditions, de l’exercice bienveillant du pouvoir et de la sagesse héritée des règnes anciens. La Muhammadiyah devrait s’ouvrir davantage à cet héritage. »

C’est dans l’est de l’île, à Jombang, que la NU, elle, a pris naissance. Abdurrahman Wahid, affectueusement surnommé « Gus Dur », leader historique du mouvement et président de l’Indonésie de 1999 à 2001, y est enterré. Sa modeste tombe attire toujours des milliers d’Indonésiens venus se recueillir aux abords de l’école coranique (pesantren) fondée par son grand-père. La NU fut pionnière du mouvement de l’éducation coranique pour tous, et Gus Dur est souvent qualifié de « dixième saint », en référence aux neuf saints soufis qui ont œuvré pour le rayonnement de l’islam à Java. « Gus Dur se sentait proche des croyances indigènes, souligne Ahmad Suaedy, directeur du Wahid Institute de Djakarta, très lié à la NU. Il voulait un islam nourri de ses nombreuses origines. Nos imams ne sont pas des ayatollahs. Ils occupent des emplois, font leurs courses ; les gens les consultent pour des questions de récoltes, d’argent, pour toutes sortes de problèmes du quotidien. Tout cela participe d’un réseau religieux et culturel informel. »

La NU comme la Muhammadiyah ont, dès le début, joué un rôle important dans le développement du pays. Elles ont choisi de se recentrer désormais sur les questions sociales et religieuses et de réduire leur rôle politique. Toutes deux ont de nombreuses ramifications (organisations étudiantes, associations), dont certaines, comme le Réseau de l’islam libéral (Jaringan Islam Liberal, JIL), prônent des idées plus progressistes. Une tendance qui ne manque pas d’inquiéter les anciens, contrariés de voir des idées « permissives » professées au nom de l’islam. Dans une fatwa de 2005, le Majelis Ulama Indonesia (MUI), le conseil du culte indonésien, les a condamnés.

Le clivage s’est accentué avec le tournant islamiste emprunté par l’Indonésie dans les années 1990, les musulmans libéraux voulant continuer à prendre part au débat public autour de réformes nationales d’inspiration religieuse. L’islamisation avait commencé dans les années 1980, sous le régime Suharto. La tendance s’est accélérée avec les financements venus du Proche-Orient, qui ont permis la construction de nombreuses mosquées. Les années 1990 ont vu l’émergence d’une classe moyenne musulmane en grande partie éduquée dans les pesantren. Cette mutation est devenue flagrante avec l’apparition du foulard, dont beaucoup de femmes se couvrent désormais la tête — mais on ne croise ni niqab, ni burqa, ni robes noires, et très rares sont les vêtements blancs, signes d’une extrême piété. La plupart des organisations musulmanes prônent le port du foulard et rejettent le voile intégral. Ainsi, M. Abdul Muti estime que

« voir le visage des femmes est important pour la communication en société ». Dans les grands centres urbains, beaucoup, notamment dans les quartiers populaires, continuent d’aller tête nue.

Une classe moyenne
 éduquée dans les écoles coraniques

M. Hiariej se souvient toutefois : « Lorsque j’étais étudiant, au début des années 1990, seule une jeune fille sur soixante portait le foulard. Maintenant, c’est aussi un effet de mode. Sur le campus, les jeunes aiment faire comme tout le monde, ils sont ouverts aux nouvelles tendances. Cela les conduit parfois à rejoindre les mouvements radicaux. » Fondé en 1998, Hizbut Tahrir Indonesia (HTI) est l’un de ces groupes prosélytes. Très organisé, le réseau essaie de convaincre les jeunes de l’urgence de revenir au califat. Son porte-parole, M. Ismail Yusanto, affirme condamner la violence : « L’Indonésie n’est pas une terre de djihad. » Mais il ajoute aussitôt : « En Irak, en Afghanistan ou en Palestine, c’est différent : la violence n’y est pas du terrorisme. » Ce discours n’est pas sans conséquences sur certains jeunes.

Accusées par les médias de nourrir l’intégrisme, la plupart des écoles coraniques appartiennent à la NU ou à la Muhammadiyah. Les parents paient pour que leurs enfants suivent, dès l’école primaire et durant toute leur scolarité, un double cursus, académique et religieux. Les diplômés de l’enseignement secondaire peuvent ensuite se diriger vers des universités musulmanes.

Il existe aussi — mais en petit nombre — des écoles radicales, parmi lesquelles Al-Mukmin de Ngruki, dans la région de Solo. C’est là qu’avaient étudié le sulfureux imam Abu Bakar Bachir, chef du Jamaat-e-Islami, désormais en prison, et ses compagnons djihadistes. S’exprimant en son nom, le directeur de l’établissement, M. Ustadz Wahyuddin, ne cache pas ses objectifs : « Tout musulman aspire à un Etat islamique. Nous voulons nous battre pour la charia, nous ne pouvons pas attendre les bras croisés. Ce pesantren est le moyen de propager les nouvelles valeurs de la loi coranique. Si un ou deux de nos étudiants sont devenus des radicaux, c’est parce qu’ils se sont rendus en Afghanistan ou au Pakistan et qu’ils sont entrés en politique. »

Les intégristes ont profité
de la décentralisation

Accusé d’avoir financé un camp terroriste à Aceh, M. Bachir a été arrêté le 9 août 2010, pour la troisième fois depuis les attentats de Bali. Dans la foulée, les autorités ont découvert un autre réseau, dirigé par Dulmatin, l’un des terroristes les plus recherchés de la région et suspect principal dans les attentats de Bali. La police l’a tué, ainsi que sept de ses compagnons. En 2009, elle avait également abattu Noordin Top, un ressortissant malaisien considéré comme le cerveau des attentats perpétrés à Djakarta en 2003, 2004 et 2009 et à Bali en 2005.

Fort des succès remportés, le gouvernement n’est pas loin de conclure que les activités terroristes sont en déclin. L’analyste Sydney Jones, de l’International Crisis Group, note que « des scissions successives ont affaibli les groupes militants composés d’éléments locaux, d’idéologues et de terroristes organisés en réseau entre l’Indonésie, la Malaisie et les Philippines. En Indonésie, le recours à la violence risque de faire perdre à M. Bachir la sympathie que son mouvement contre la démocratie, le Jemaah Ansharut Tauhid (JAT), inspirait à une partie de la population. »

Bien que la menace djihadiste ne semble pas totalement écartée, sa baisse d’intensité est vécue avec soulagement par la plupart des organisations musulmanes. Mais, à l’instar de nombreux membres de la Muhammadiyah, M. Abdul Muti se dit préoccupé : « Certains des coupables venaient de chez nous, et les radicaux peuvent s’infiltrer, car nous sommes ouverts et donc vulnérables. »

Les groupes extrémistes, notamment le Front de défense de l’islam (FPI) et le Laskar Jihad, continuent en effet à recourir à la violence contre les minorités religieuses. Depuis le début de l’année, vingt-huit attaques ont été recensées dans l’ouest de Java et la région de Djakarta. La dernière en date remonte au 12 septembre, lorsque des chrétiens ont été pris pour cible à Bekasi. La secte des Ahmadi, que certains se refusent à considérer comme musulmane, a même fait l’objet d’une fatwa prononcée par le conseil du culte musulman le 9 juin 2008.

Paradoxalement, c’est le processus de démocratisation mené après la chute du régime Suharto en 1998 qui a ouvert la voie à de fortes revendications portant sur le rôle de l’islam dans les affaires publiques. Deux nouvelles entités politiques ont alors émergé : le Parti du croissant et de l’étoile (PBB) et le Parti pour la prospérité et la justice (PKS). De multiples tentatives pour introduire la loi coranique au niveau national ayant échoué, les partis intégristes se sont engouffrés dans la brèche ouverte en 2000 par la promulgation des lois de décentralisation. Dès lors, ils ont porté leurs efforts sur les collectivités territoriales, afin de faire appliquer la charia à l’échelon municipal ou cantonal. S’appuyant sur les réglementations locales, ils sont parvenus à faire adopter un code juridique coranique (perda charia) dans cinquante localités sur les cinq cents que compte le pays.

Aceh, qui, après trente ans de lutte séparatiste, a acquis un statut particulier d’autonomie grâce à un compromis signé le 15 août 2005, l’a instauré et dispose de son propre tribunal islamique. Bien que peu représentatif de l’ensemble du pays — il est improbable que d’autres provinces accèdent à une telle autonomie —, ce cas a provoqué de vifs débats. Pour M. Suaedy, « l’instauration de la charia à Aceh est artificielle : cela équivaut à transposer des lois du monde arabe médiéval au XXIe siècle, sans consentir l’effort de réflexion (ijtihad) nécessaire ». Mêmes réserves chez M. Adbul Muti, de la Muhammadiyah : « Cinq ans ont passé, et il n’y a aucun progrès significatif à Aceh. Les problèmes de la région étaient avant tout économiques. Et puis les gens vont à Sumatra pour voir des films, alors pourquoi les interdire à Aceh ? La charia exige une uniformité religieuse qui est en contradiction avec l’esprit même de l’islam. »

Toutefois, le vice-président de la NU, le professeur Masykuri Abdillah, assure au contraire que « la charia a été instaurée parce qu’un processus démocratique en a décidé ainsi ». Et de révéler qu’au sein de son organisation, « un débat existe sur la lapidation et la flagellation, car nous ne sommes pas sûrs que ces pratiques puissent s’inscrire dans le Pancasila ». De fait, elles ne le peuvent pas, et la plupart des Indonésiens pensent même qu’elles le contredisent.

Chute des partis religieux aux élections

Pour beaucoup d’Indonésiens, la charia demeure un concept vague. Il leur apparaît difficile de discuter une décision de justice supposée dictée par Dieu. Et les modérés ne souhaitent pas laisser à ces tribunaux de proximité le soin de prononcer des sanctions criminelles.

A une vingtaine de kilomètres de Djakarta, à Tangerang, l’application de la charia impose aux femmes de ne pas sortir seules le soir sous peine d’être accusées de prostitution. A Padang, dans l’ouest de Sumatra, toutes les petites filles scolarisées à l’école publique, musulmanes ou non, doivent porter le foulard. Etrangement, le directeur du département d’histoire et des sciences humaines de l’Andalus State University confie qu’en dehors de l’école, dans la rue, sa fille n’en porte jamais.

Connue pour son interprétation rigoriste de l’islam, la région de Macassar, au sud du Sulawesi, a elle aussi connu plusieurs tentatives de ratification de la charia depuis une dizaine d’années. Selon le Dr H. M. Siradjudden, secrétaire général de la Commission pour l’application de la loi islamique (KPPSI), fondée en 2000 par le chef de la branche locale de la Muhammadiyah, « le but n’était pas de créer un Etat islamique, mais d’établir une société islamique ». Le cas d’Aceh a donné aux habitants de Sulawesi « l’espoir d’obtenir les mêmes droits ». Lors des élections locales de 2002, 91,11 % des électeurs s’étaient prononcés en faveur de la charia. La même année, le pouvoir du département (kabupaten) de Bulukumba interdisait l’alcool. En 2003, il imposait à toutes les femmes, musulmanes ou pas, de porter le voile pour accéder aux services publics, et commençait à prélever la zakat (aumône destinée aux pauvres). En 2006, la province rendait obligatoire l’apprentissage de l’arabe écrit. Toutefois, le nouveau pouvoir de Bulukumba a assoupli la réforme, transformant les obligations en options. Ce dont se réjouit le professeur Abu Hamid, recteur de l’université de Macassar et membre de la KPPSI. Ce point de vue reflète la tendance dominante dans l’ensemble du pays : stopper l’introduction de la charia au niveau local, et tenter de l’assouplir là où elle existe. Le nombre de localités appliquant la perda charia semble avoir atteint un pic en 2003. Il avait considérablement diminué en 2007 et marque le pas depuis les élections législatives d’avril 2009.

Ce scrutin, suivi le 8 juillet de l’élection au suffrage universel du président de la République (8) — la deuxième depuis l’indépendance —, est passé inaperçu dans la presse occidentale. Pourtant, il est intéressant de noter que les scores de l’ensemble des partis religieux ont chuté, passant de 40 %en 2004 et 1999 à 25 %. Les trois principaux partis séculiers ont recueilli la grande majorité des suffrages. Seul le PKS, conçu sur le modèle du Parti pour la justice et le développement (AKP) au pouvoir en Turquie, a connu une percée, avec 7,88 % des votes, mais en raflant les voix des autres partis religieux. Lors de son congrès, en juin, le PKS a abandonné son positionnement islamiste au profit d’une image de pluralisme, promettant de s’ouvrir bientôt aux non-musulmans. La militante féministe Kamala Chandrakirana se dit optimiste : « Après une décennie de turbulences, le terrorisme, le tsunami, la crise économique, la grippe aviaire, peut-être sommes-nous enfin au bout du tunnel. Nous avons un pays si dynamique, une société civile si foisonnante ! Il est possible que les défenseurs du Pancasila deviennent capables de proposer une alternative à l’islamisation qui soit apte à enflammer l’imagination des jeunes. »

http://www.monde-diplomatique.fr/2010/11/KRISTIANASEN/19833

 

Retour à la première partie de la conférence : cliquer ici.

 

 

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1 janvier 2015 4 01 /01 /janvier /2015 17:19

Première partie :  L’ASIE, MOSAiQUE CULTURELLE.

A- Religions, philosophies et cultures asiatiques.

 1- Le bouddhisme 

http://fr.wikipedia.org/wiki/Bouddhisme

01

  ■ Kinkaku-ji - Le pavillon d’or (Kyoto)

132- Le confucianisme.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Confucianisme

02

■ Temples de Confucius, à Beijing.

03

04

3- Le taoïsme

http://fr.wikipedia.org/wiki/Tao%C3%AFsme

■ Lao Tseu :

05

06■ Un moine taoïste :

07

4- Le shintoïsme

http://fr.wikipedia.org/wiki/Shinto%C3%AFsme

Le torii du sanctuaire Miyajima (Hiroshima)

08

  ■ Fushimi Inari Taisha (Kyoto)

09 ■ « Ema » (Tokyo)

http://fr.wikipedia.org/wiki/Ema   

10

11

  ■ Izumo Taisha, le plus vieux sanctuaire du Japon.

14Les « Kami »

20Les kamis s'attachent à des objets sacrés, êtres spirituels, animaux, sources, chutes d'eaux, montagnes sacrées, phénomènes naturels, symboles vénérés. Ils sont réputés favoriser les rapports entre les parents et les enfants et les ancêtres et leurs descendants. Ce sont des esprits célestes ayant des pouvoirs, mais n’étant pas tout-puissants, et aussi des esprits terrestres dispensant des bénédictions ou des sanctions aux gens sur terre.

Les kamis inspirent le plus souvent une crainte respectueuse. On trouve parmi eux des animaux comme le tigre, le serpent ou le loup. L'empereur du Japon lui-même était auparavant considéré comme un kami. Un ministre impérial du IXe siècle est par exemple le kami de la calligraphie. La plus importante divinité est le soleil qui, entre autres vertus, protège contre les invasions. On peut donc dire que le drapeau du Japon est un symbole shintô.

18Il y aurait huit millions de kamis au Japon, qui a pour surnom Shinkoku (« le pays des divinités »). Ce nombre symbolise au Japon l'infini, il y aurait donc en réalité une infinité de kamis, un pour chaque chose qui existe. Car comme dans la religion romaine, avec ses Crepitus et autres Portunus tous les kamis ne sont pas nobles. Parmi les millions de kamis, certains sont humbles : cuisine, lieux d'aisance, sont représentés. Des kamis du peigne, du crachat, des excréments sont répertoriés.

Tout commença grâce au couple divin fondateur, Izanagi et Izanami (cf illustration ci-contre). Issus d'une longue lignée de divinités, ils descendirent de la Voie lactée pour créer les îles du Japon. Ils eurent de nombreux enfants, tous des kamis : de l'eau, du vent, des arbres, des rivières, des montagnes, etc. Izanami mourut en enfantant le dieu du Feu. Izanagi assassina ce dieu et rejoignit son épouse aux enfers. Izanami, furieuse, le fit chasser : Izanagi ne réussit à survivre qu'en jetant derrière lui différents objets (peignes, pêches, grosse pierre), destinés à entraver la course de ses poursuivants.

Le couple, désormais séparé, divisa les rôles : à elle le pouvoir de tuer chaque jour 1 000 êtres humains ; à lui, celui d'en faire naitre 1 500. C'est en se purifiant de son séjour aux enfers qu'Izanagi donna la vie à d'autres divinités dont trois principales : de son œil gauche apparut Amaterasu, déesse du Soleil ; de son œil droit, Tsukuyomi, dieu de la Lune ; de son nez, Susanoo, dieu de la Tempête.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Amaterasu

Le temple de Zojo-ji (Tokyo où l’on  trouve de nombreuses statues de Jizo sont appelés « mizuko jizo », ce qui veut dire « Dieu gardien de l'âme des enfants décédés ».

22

23http://en.wikipedia.org/wiki/Z%C5%8Dj%C5%8D-ji

5- Le Shugendo

http://fr.wikipedia.org/wiki/Shugend%C5%8D

En-no-Gyôja, fondateur du Shugendo.

12

6- L’islam.

 ■ L’islam dans le monde.

24

  ■ Malaisie : mosquées à Penang et Kuala Lumpur.

150

151

  ■ Inde : mosquée Hadji Ali de Mumbai (Bombay)

152

7- Le christianisme

■ Le christianisme dans le monde.

152■ Une église catholique à Kobe (Japon).

153

154

 

B- L’exemple indien : laicité et diversite

Hindouisme, islam, christianisme, bouddhisme, sikhisme, jaïnisme, judaïsme et zoroastrisme : je vous renvoie à une conférence consacrée entièrement, l’année dernière, aux religions indiennes : Conférence n°3

 

***

Deuxième partie :

PEUT-ON PARLER D’UNE « CIVILISATION ASIATIQUE » ?

A- Chine et Japon : des traits communs de civilisation ?

 1- Exemples de pratiques culturelles spécifiquement japonaises, non empruntées à la Chine.

Le sumô.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Sumo

57

58

Le Nô.

59Le théâtre nô est un des styles traditionnels de théâtre japonais venant d'une conception religieuse et aristocratique de la vie. Le nô allie des chroniques en vers à des pantomimes dansées. Arborant des costumes somptueux et des masques spécifiques (il y a 138 masques différents), les acteurs jouent essentiellement pour les shôguns et les samouraïs. Le théâtre nô est composé de drames lyriques des XIVe et XVe siècles , au jeu dépouillé et codifié. Ces acteurs sont accompagnés par un petit orchestre et un chœur. Leur gestuelle est stylisée autant que la parole qui semble chantée. La gestuelle est entrecoupée par les fameux miiye qu'ont représenté les graveurs d'acteurs japonais. Ce sont des arrêts prolongés dans le temps du geste et de la mimique afin d'en accroître l'intensité.

Constitué fin XIIIe siècle au Japon, le nô est une forme théâtrale unissant deux traditions : les pantomimes dansées et les chroniques versifiées récitées par des bonzes errants. Le drame, dont le protagoniste est couvert d'un masque, était joué les jours de fête dans les sanctuaires. Ses acteurs, protégés par les daimyos et les shoguns, se transmettent depuis lors de père en fils les secrets de leur art. Le nô a évolué de diverses manières dans l'art populaire et aristocratique. Il formera aussi la base d'autres formes dramatiques comme le kabuki. Après que Zeami a fixé les règles du nô, le répertoire s'est figé vers la fin du XVIe  siècle et nous demeure encore intact. Le nô est unique dans son charme subtil (yūgen) et son utilisation de masques distinctifs. Lorsqu'ils mettent le masque, les acteurs quittent symboliquement leur personnalité propre pour interpréter les personnages qu'ils vont incarner. Au lieu de narrer une intrigue compliquée, le théâtre nô, hautement stylisé et simplifié, développe donc une simple émotion ou une atmosphère. Fonctionnant sur le même mode que les autocaricatures, la théâtralité permet de passer à une autre interprétation de soi.

Le nô fut une des premières formes d'art dramatique à être inscrite en 2008 (originellement proclamé en 2001) sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité de l'UNESCO, étant un des types de théâtre du nōgaku, conjointement au kyōgen.

http://fr.wikipedia.org/wiki/N%C3%B4 

■ Le Kabuki, théâtre d’acteurs.

60Le kabuki est la forme épique du théâtre japonais traditionnel. Centré sur un jeu d'acteur à la fois spectaculaire et codifié, il se distingue par le maquillage élaboré des acteurs et l'abondance de dispositifs scéniques destinés à souligner les paroxysmes et les retournements de la pièce.

Les trois idéogrammes du mot signifient : chant, danse et habileté technique. Il s'agit vraisemblablement d'ateji (caractères utilisés pour leur seule valeur phonétique), et il semble qu'il s'agisse de la forme ancienne du verbe katamuku à l'époque kabuku, désignant ce qui était peu orthodoxe, en référence à une forme de théâtre considérée à l'époque comme d'avant-garde.

Suite de l’article : http://fr.wikipedia.org/wiki/Kabuki 

 

Le Bunraku, théâtre de poupées.

63Le bunraku est un type de théâtre japonais datant du XVIIe siècle. Les personnages y sont représentés par des marionnettes de grande taille, manipulées à vue.

Tradition théâtrale plus particulièrement originaire de la région d'Ōsaka, le bunraku est interprété par un seul récitant qui chante tous les rôles, et trois manipulateurs pour chaque marionnette. Les marionnettistes sont visibles par le public et utilisent soit la gestuelle furi, plutôt réaliste, soit la gestuelle kata, empreinte de stylisation, selon l'émotion recherchée.

Les manipulateurs respectent une hiérarchie réglée en fonction de leur degré de connaissance dans l'art du bunraku. Ainsi le plus expérimenté (au moins vingt ans de métier) manipule la tête et le bras droit, le second le bras gauche et le dernier (le novice) les pieds. Pour pouvoir être manipulée, la marionnette possède ce qu'on appelle des contrôles ou baguettes sur ces différentes parties.

Afin de manipuler plus aisément la marionnette, les manipulateurs se déplacent en position de kathakali, jambes à demi fléchies. Ils doivent ainsi faire beaucoup d'exercices physiques et d'assouplissement afin d'être les plus agiles possible.

Suite de l’article : http://fr.wikipedia.org/wiki/Bunraku

Le bain.

Les origines du bain japonais.

65Le bain est une des rares pratiques japonaises qui ne viennent pas de Chine, mais qui aurait son origine dans un rituel de purification par l'eau en relation avec le culte Shinto : avant d'entrer dans un temple, il convient de se purifier. Le bain serait donc une pratique à associer à l'usage du sel, dont on dispose des petits tas devant les maisons ou les magasins également à des fins de purification.

Avant l'avènement des bains publics, les temples shinto furent ainsi les premiers endroits où les gens du peuples pouvaient se baigner. Il y avait deux sorte de bains: "yu" (littéralement l'eau chaude), le bain d'eau chaude et "furo" le bain de vapeur. Ces bains se trouvaient typiquement dans un bâtiment spécial dans la cour d'un temple, non loin d'un puits. Dans une première pièce, l'eau était chauffée dans une énorme marmite au dessus d'un foyer. La vapeur qui en résultait était conduite par un tuyau de bambou dans une deuxième pièce, la "yu-ya", ou se trouvait également une grande cuve en bois ou en pierre, qui remplie d'eau chaude servait de bain.

66Les premiers bains publics sont apparus dès le VIIIe siècle (période de Heian). Contrairement aux bains du temple, où l'on rentrait habillés d'un yukata blanc et où régnait le silence, les bains publics autorisent la nudité et le bavardage. Ces bains étaient alors appelé "machiyu", littéralement l'eau chaude de la ville.

Mais c'est surtout pendant la période Edo (début du XVIIe - milieu du XIXe), marquée par le développement des villes, que le bain devint véritablement un lieu de détente et de plaisirs et que le nombre d'établissements de bains publics (sento) se multiplia. Concurrence oblige, les sento multiplièrent les services, ceux-ci allant de la restauration dans des salles de repos, à ceux moins innocents de laveurs (pour les femmes) et de laveuses (pour les hommes). Cette évolution en fit de véritables centres de la vie sociale.

Le développement de la pratique du bain a d'autre part été favorisé par une attitude de tout temps libérale vis à vis de la nudité, notamment dans les couches basses de la population japonaise. Cette attitude était fondamentalement différente de la pudibonderie qui prévalait en occident, où, à partir du moyen âge, la nudité était condamnée par la religion chrétienne. C'est d'ailleurs avec l'arrivée des occidentaux à la fin du XIXe siècle qu'apparut la séparation des sexes dans les bains publics japonais.

Aujourd'hui, le nombre de sento décline régulièrement. Outre la concurrence de la salle de bain privée qui s'est banalisée dans les appartements, ces établissements ferment du fait de l'augmentation de leurs coûts et des investissements qui seraient nécessaires à leur rénovation.

La popularité des onsen.

160Contrairement aux sento, les bains de sources chaudes naturelles ("onsen") sont toujours très populaires. Pays volcanique, le japon compte environ 2000 stations thermales, notamment à Hokkaido, dans le Nord de Honshu, les Alpes, la région du Mont Fuji, la presqu'ile d'Izu et Kyushu, dont le cadre est souvent spectaculaire (paysage montagneux, gorge, bord de mer...).

Les onsen avaient également à l'origine un caractère sacré. Du fait de leur valeurs curatives ils ont longtemps été vus comme des manifestations des "kamis" (dieux shinto), et sont au centre de nombreuses légendes.

L'eau des onsen étant d'origine volcanique, elle est riche en minéraux, notamment en souffre, qui outre les différentes vertus thérapeutiques qui lui sont attribuées, donne au bain une odeur très particulière, et ce d'autant plus si celui-ci est en bois. Le bain s'ouvre normalement sur un jardin ou un paysage, ce qui ajoute encore au plaisir des sens et au sentiment d'harmonie...

161Ces bains se trouvant souvent au sein de Ryokan (auberges traditionnelles japonaises), les onsen sont aujourd'hui devenus des destinations favorites de week-ends en famille, entre amis ou entre collègues de travail, favorisées par un marketing assez agressif : il n'est pas un train ou un métro qui n'affiche une photo idyllique de onsen, avec quelques jeunes filles plongées dans un bain sur fond de nature... Il existe également de nombreux livres, revues spécialisées et sites Internet, permettant de choisir onsen et ryokan en toute connaissance de cause (avec photos et descriptions détaillées du bain, des plats du diner et des chambres).

De même que dans les sento on retrouve voisins et amis du quartier, les onsen ont donc une dimension sociale. Et la nudité engendrant une certaine complicité, le bain pris en commun renforce les liens...

Installations et accessoires pour le bain.

162Une installation de bain, qu'elle soit privée ou publique, comporte 2 zones distinctes: une zone sèche, où l'on s'habille et se déshabille (et qui comprend éventuellement des lavabos), et une zone humide, qui outre la baignoire, comprend un espace avec une évacuation d'eau permettant de se doucher en dehors du bain. L'étiquette veut en effet que l'on ne rentre dans le bain qu'une fois lavé, le même bain devant servir à plusieurs personnes !

Les baignoires japonaises ont évolué d'une forme en tonneau, vers une forme rectangulaire. Ce qui les caractérise néanmoins par rapport aux modèles occidentaux est leur profondeur, puisqu'elle doivent permettre de se plonger dans l'eau jusqu'au cou. Une autre caractéristique du bain japonais est la température très élevée de l'eau... "Atsui" !

Même si le plastique envahit de plus en plus les salles de bains japonaises, les baignoires traditionnelles restent en bois, le plus souvent du "hinoki" (sorte de cèdre) ou du "sugi" (cryptomère). L'odeur de ces bois, très caractéristique, leur couleur douce et chaude, leur toucher presque sensuel au contact de l'eau contribuent à la détente et à l'éveil des sens. Ces baignoires ont également la particularité d'être construites sans la moindre vis.

On trouve encore de telles baignoires en bois dans certains vieux onsen de campagne, ou dans des ryokan haut de gamme. Mais malheureusement, les bains sont le plus souvent en pierre ou en carrelages, surtout dans les Sento.

Un certain nombre d'accessoires ("Furo-oke") sont également utilisés:

- Le "koshikake" est un petit siège sur lequel on s'accroupit confortablement pour se laver et se rincer avant de rentrer dans le bain.

- Le "sunoko" est le nom caillebotis que l'on trouve parfois à coté du bain et sur lequel on se lave.

- Le "maru-ko-oke" est une cuvette utilisée pour se laver (et dans lequel on trempe l'inévitable petite serviette blanche...).

- Le "te-oke" est une cuvette profonde avec un manche qui sert à prélever dans le bain l'eau nécessaire à ses ablutions.

http://www.japonismus.com/art-bain-japon.html

2- Apports et acculturations.

Les arts martiaux.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Arts_martiaux_japonais

68

Un samouraï à l’époque des Tokugawa.

67■ La cérémonie du thé.

69Il semble que la cérémonie du thé au Japon ait d’abord été un dada des moines bouddhistes zen. Cette cérémonie appelée Chanoyu consistait à préparer le thé vert, produit alors à partir d’une poudre verte (matcha), laquelle était fort précieuse puisqu’elle servait également à des fins curatives. Les moines faisaient de ce moment particulier une sorte de rituel qui incitait au calme et à la méditation. Ce rite aboutit finalement à la cour de l’empereur où il fut raffiné à l’excès par un Maître du thé. La cérémonie atteignit dès lors des sommets de perfection et devint une tradition incontournable au cœur des coutumes japonaises.

Selon un ordre prescrit et rigoureux, le Maître du thé doit procéder à la préparation de la pièce destinée à recevoir les hôtes. Il purifiera à l’aide de linges de soie le service qui contiendra le thé, chauffera l’eau à une température précise, versera l’eau sur la mixture et fera naître dans chaque bol, avec un fouet de bambou, une mousse délicate à la surface du thé et présentera une part égale du breuvage à chacun des invités avec respect et humilité. L’invité devra s’acquitter de sa tâche en buvant le thé avec humilité 70et respect à son tour et rendre le bol dans la même position qu’on lui aura remit. Il semble même que, selon certaines écoles, l’invité doive, à la dernière gorgée, incliner la tête vers l'arrière et exécuter une sorte de plainte gutturale pour manifester son appréciation de la dégustation. Souvent, à la fin de la cérémonie, le Maître du thé présente les instruments qu’il a utilisé pour préparer le rituel et indique, par la même l’occasion, le nom des artisans qui les ont fabriqués. La cérémonie du thé se déroule normalement dans une modeste maisonnette (cha-shitu) et elle peut se prolonger de 45 minutes jusqu’à plusieurs heures.

Il est important de bien comprendre que si la cérémonie du thé varie en raison de plusieurs facteurs dans sa célébration (situation géographique du pavillon de thé, nombre d’invités, l’école de laquelle se revendique le maître de thé, etc.), son caractère spirituel, en revanche, reste immuable. Lors de la cérémonie du thé, on célèbre l’harmonie, le respect, la pureté et la tranquillité d’esprit.

71http://www.le-japon.com/the.html

■ Les jardins.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Jardin_japonais

72

74

75

76

Bibliographie sur les jardins.

78

   

- Trois Pierres Cinq Fleurs : petit traité du jardin japonais, traduit du jap. par Bertrand Petit, calligraphies de Keiko Yokoyama, coll. "Pollen", Editions Alternatives, nov.2007, 64 p.

 

- Jardins de Chine et du Japon : conception et organisation de l'espace ; Ed Stock, Coll. Actualité des Arts Plastiques, 2000.

 

B- Les vestiges de la colonisation

■ Les empires coloniaux.

79■ Architecture européenne :

Manille (Philippines)

80

Hanoi (Vietnam) :

82

Calcutta (Inde) :

83Yangon (Myanmar) :

85

Macao (Chine) :

86

Pondichery (Inde) :

170

La diaspora indienne.

90

■ La diaspora chinoise.

91■ La communauté chinoise de Malaisie : 30% de la population.

92

■ « Les chinois en Thaïlande, un modèle d’accommodement raisonnable ». Par Pierre Fiola, juillet 2008. 

 En Thaïlande, près de 80% des capitaux sur le marché appartiennent à des nationaux d’origine chinoise malgré le fait que ceux-ci ne forment pas 10% de la population. Pourtant, ils ne sont pas perçus comme envahissants, ni dérangeants, et encore moins comme des voleurs d’emplois.

L’ethnologue Bernard Formoso mentionne 3 facteurs qui ont contribué à l’essor de la communauté chinoise en Thaïlande : « Une stabilité politique et une croissance économique durables qui ont limité les poussées xénophobes à de courtes périodes historiques; l’esprit de tolérance que prêche le bouddhisme; enfin, l’intérêt très mesuré des Thaïs pour les activités capitalistes, qui, là encore, renvoie à l’emprise du bouddhisme sur les mentalités ». Il existe un autre exemple de l’acceptation de la communauté chinoise par les Thaï. En 1992, le Premier ministre élu  était Chuan Leekpai, un sino-thaï. En 1995,  Banharn Silapa-archa, un autre sino-thaï. En 2001, ce fut au tour du sino-thaï Thaksin Shinawatra d’être élu par la population.  Et depuis janvier 2008, c’est Samak Sundaravej, un autre thaïlandais d’origine chinoise qui est Premier ministre.

94Les Chinois ont commencé à émigrer au Siam dès le XIIIe siècle.  Le Siam, contrairement à la Chine, était sous-peuplé ; l’accueil fait par les Siamois fut donc favorable. Le mouvement d’immigration chinoise augmenta avec le temps et avec le développement des meilleurs moyens de transport.  En 1821, un diplomate britannique nommé John Crawford mentionne dans son journal que :

« La plupart des Chinois au Siam émigrèrent des côtes du Kwang Tung et du Fukien sans emmener de femmes et se marièrent par la suite avec des Siamoises.  Certains se convertirent au Bouddhisme en s’adaptant à la vie siamoise.  Mais ils portaient encore leur costume national  ».

En 1907, le Roi Rama IV demanda à ses compatriotes de ne plus considérer les descendants chinois comme des étrangers, mais comme des citoyens à part entière. Trente ans plus tard, le ministre des Affaires étrangères parle avec fierté de l’accueil de la population siamoise aux étrangers :

« C’est ainsi que les étrangers qui résident au Siam ont toujours bénéficié d’une égale protection et d’un égal traitement de la part des autorités locales ».

Mais cette belle ouverture sur les autres cultures, et entre autres sur les sino-thaïs, tirait à sa fin.  En 1938, les ultranationalistes prennent le pouvoir.  On interdit 27 métiers aux étrangers.  Les journaux mandarins sont interdits.  On ferme les écoles chinoises.  On réduit l’immigration : de 10 000 autorisations d’entrée en 1947, on passe à 200 en 1949.

Ces politiques poussent les descendants chinois à s’adapter à la nouvelle situation.  Plusieurs adoptèrent pour la nationalité et un patronyme thaïlandais.  Les entrepreneurs firent entrer des militaires et des chefs de police dans leurs conseils d’administration.

Toutefois, ce changement d’attitude envers les sino-thaïs se faisait sentir principalement parmi l’élite au pouvoir et dans ses politiques.  La population thaïlandaise a toujours conservé un esprit ouvert et accueillant.  « La xénophobie des ultranationalistes, dont beaucoup étaient des métis sino-thaïs assimilés, trouva peu d’écho au sein de la population ».  Comme les politiques xénophobes du gouvernement n’avaient pas d’assises solides dans la population, le gouvernement détourne tranquillement son attention de la « problématique chinoise » pour concentrer son attention ailleurs.

Lors de la crise de 1997, les Chinois ont passé le test de la loyauté, nombreux sont ceux qui ont soutenu l’État et offert « de l’or et des devises étrangères pour soutenir la monnaie nationale  ».

http://asiesudest.wordpress.com/2008/07/07/les-chinois-en-thailande-un-modele-daccommodement-raisonnable/

« La présence chinoise en Thaïlande inquiète les commerçants », par Mélaine Brou, janvier 2011.

93

« L’ouverture prochaine d’un centre commercial géant destiné à la vente de produits de fabrication chinoise inquiète les commerçants thaïlandais, qui redoutent une concurrence accrue des importations en provenance de Chine sur leur marché.

Le China City Complex, dont la construction débutera en mars prochain, est un gigantesque centre consacré à la vente et à l’échange de produits chinois à travers la Thaïlande et les pays de l’ASEAN. Construit par l’entreprise chinoise Ashima Group, ce centre abritera le Thai-China International Products City, un complexe commercial s’étendant sur deux millions de mètres carré, destiné à la vente de produits de fabrication chinoise.

Installé sur la route très fréquentée Bang Na-Trat dans la proche banlieue de Bangkok, l’ouverture en octobre prochain de cet établissement dédié aux produits chinois inquiète les commerçants thaïlandais qui pensent se faire voler le marché local par la Chine.

Manapol Poosomboon, vice-président de la Federation of  Thai Industries, a déclaré que « les fabricants chinois ont une échelle de production beaucoup plus importante et des coûts par unités moins élevés que les petites entreprises thaïlandaises. J’ai peur que des produits moins chers de Chine soient importés légalement en Thaïlande une fois le centre de Bang Na ouvert, avec les vendeurs chinois. Actuellement, les importations chinoises sont gérées par les commerçants thaïlandais. Cela va certainement permettre aux Chinois d’acquérir une part importante du marché local ».

Les commerçants thaïlandais redoutent la concurrence des produits chinois.

Déjà touchés par l’implantation de grandes franchises étrangères, comme Tesco Lotus ou l’ancien Carrefour, les commerçants thaïlandais redoutent que les prix attractifs des produits chinois ne monopolisent l’attention des acheteurs locaux, et ce au prix d’une qualité pas toujours contrôlée. « De nombreux acheteurs vont se détourner des centres commerciaux locaux comme Platinum, Sampheng ou Baiyoke, et préféreront aller au nouveau complexe pour trouver les bonnes affaires, et cela risque d’affecter et tuer les grossistes thaïlandais », a déploré Jirabool Vittayasing, secrétaire général de Thai Lifestyle Products Federation. Malgré la grogne des commerçants, les relations commerciales entre la Thaïlande et la Chine ne cessent de s’étendre, le Pays du Milieu ayant investi plus de trois milliards de dollars américains en Thailande au cours de ces cinq dernières années. Le China City Complex a coûté près de 45 milliards de bahts et entraînera la création de 70 000 nouveaux emplois ».

http://thailande-fr.com/asean/8800-presence-chinoise-thailande-inquiete-commercants

C- Diversité linguistique.

On peut distinguer 5 systèmes d'écriture en Asie :

1) les idéogrammes chinois et japonais (Chine, Taiwan, Japon)

Chine :

95

Japon :

96 2) l'écriture alphabétique d'origine indienne (Inde, Thaïlande, Laos, Cambodge)

Inde :

97

Thaïlande :

98

Laos :

99Cambodge :

100

3) l'écriture romanisée venue d'Europe (Vietnam, Malaisie, Indonésie, Philippines)

Vietnam :

101 4)  l'écriture birmane

102

  5)  l'écriture arabe utilisée dans les écoles coraniques de Malaisie et d'Indonésie, et chez les minorités Ouighoures de CHINE.

104■ Diversité linguistique en Inde.

105

106

107

108

D- Asie et occident : des systèmes de pensée opposés.

■ Le Japon.

109■ Voici quelques illustrations tirées de l’excellent ouvrage de Yang Liu, publié en Allemagne sous le titre « Ost trifft West » (L’Est rencontre l’ouest).

Moi :

111

Opinion :

112Mode de vie :

113

Gestion des problèmes : 

114

Colère :

115

Contacts : 

116

Le chef :

117

Fête :

118

L’enfant : 

119

Les personnes âgées : 

120

Le temps : 

121

Les transports : 122La file d’attente :

123

Ponctualité :

124

Les rues le dimanche :

126

Au restaurant :

128

Idéal de beauté : 

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En voyage :

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4 novembre 2014 2 04 /11 /novembre /2014 21:06

Première partie : L’ENJEU DEMOGRAPHIQUE.

01

 

A) Les transitions démographique : typologie des pays asiatiques. 

■ Le processus de transition démographique.

1) définition :

La transition démographique correspond au passage d'un régime dit traditionnel (stade "pré-transitionnel") caractérisé par une fécondité et une mortalité élevées à un régime démographique dit moderne, caractérisé par une fécondité et une mortalité faibles.

02 2) analyse :

Le schéma de la transition démographique a été mis en place à partir d'un constat fait sur un grand nombre de pays développés : avec le développement, le taux de mortalité s'effondre, mais le taux de fécondité ne chute que dans un second temps, d'où (pendant une période transitoire) une très vive croissance de la population. C'est le démographe français Landry, en 1909, qui parle le premier de cette révolution démographique mais la théorie ne sera véritablement mise en forme qu'au lendemain de la seconde guerre mondiale.
L'une des questions importantes des années 1960 était de savoir si les pays en développement connaîtraient la même transition. La chose est aujourd'hui certaine. Rétrospectivement, cela permet de relativiser tous les discours néo-malthusiens ou catastrophistes du type "bombe D" (D comme démographique) : les peuples du Tiers-monde ne garderont pas longtemps leur structure démographique actuelle, eux aussi connaîtront un jour les délices du vieillissement, et après une vive progression la population mondiale va connaître un plateau.

3) les stades de la transition

1. Le régime démographique traditionnel

Le régime traditionnel est caractérisé par des taux élevés de natalité et de mortalité. Les taux de mortalité sont par ailleurs très fluctuants, avec des pics lors des famines et des épidémies. L'accroissement de la population est nul ou très faible. C'est le régime "de croisière" de la quasi-totalité de l'humanité pendant les siècles et les millénaires précédant l'âge des révolutions industrielles.

2. La transition démographique

La transition démographique comporte deux phases :

a. Dans la première, la mortalité commence à baisser, tandis que la natalité reste forte ou même s'élève du fait de l'amélioration de l'état de santé des femmes. Par conséquent l'accroissement naturel augmente fortement, dans certains pays de plus de 2% par an.  Quelques pays d'Afrique sub-saharienne se situent encore à ce stade, tandis que d'autres ont été quasiment renvoyés récemment au stade "pré-transitionnel" par les guerres civiles (Grands Lacs) ou par le Sida (Afrique australe).

b. Dans la seconde, la natalité, à son tour, se met à décliner lentement, ce qui entraîne une baisse de l'accroissement naturel et donc une décélération progressive de la croissance démographique. C'est le stade atteint par la majorité des pays d'Asie et d'Amérique latine depuis les années 1970.

3. Le régime démographique moderne

Le régime moderne (ou situation "évoluée"), une fois terminée la transition, est caractérisé par des taux faibles de natalité et de mortalité. Désormais, c'est la natalité qui connaît certaines fluctuations avant de se stabiliser ; la mortalité est à peu près stable d'une année sur l'autre car il n'y a pratiquement plus de poussées épidémiques (quasi disparition des maladies contagieuses). La croissance de la population devient faible ou nulle (hors immigration). Certains pays comme la Russie et d'autres pays de l'ancien bloc de l'Est ont même prolongé ce schéma classique : la mortalité y est devenue supérieure à la natalité ; ce qui, joint à l'émigration des jeunes et aux problèmes occasionnés par l'alcool, entraîne parfois un recul de la population en terme absolu.

4) les facteurs explicatifs

L'explication de la baisse du taux de mortalité est globalement simple et universelle. Si elle a été aussi forte dans les pays en développement, c'est en partie grâce au transfert de médicaments et de compétences médicales des pays du Nord dans les pays du Sud. On note :

a. Les progrès alimentaires, qualitatifs et quantitatifs (diversification…),

b. L'amélioration de l'hygiène, individuelle et publique (meilleur accès a l'eau…)

c. Les progrès médicaux, comme l'antisepsie, la chirurgie et les vaccins

L'explication de la baisse du taux de natalité est plus délicate.

a. La baisse de la mortalité, notamment infantile

Les enfants qui meurent à la naissance ou peu après sont souvent remplacés. Certains portent même le prénom de leur frère décédé. Avec la baisse du taux de mortalité périnatale, le taux de fécondité baisse quasi naturellement. Il faut donc moins de grossesses pour un nombre d'enfants vivant équivalent.

b. Le recul de l'agriculture familiale implique des besoins inférieurs en main d'œuvre

A la campagne, l'enfant est une charge, mais aussi rapidement, un facteur de production. A la ville, il est d'abord une charge. On constate donc que l'urbanisation s'accompagne souvent d'une réduction rapide de la fécondité, accentuée par la promiscuité et des conditions de vie urbaines.
c. Les méthodes contraceptives, l'éducation et le travail des femmes se développent.

d. Des politiques de limitation des naissances ont été mises en place, soit incitatives, soit coercitives, dans de nombreux pays en développement (campagnes de stérilisation en Inde, politique de l'enfant unique en Chine…).

 La transition démographique et la sortie de la trappe malthusienne s'expliquent principalement par l'accélération du progrès technique et des gains de productivité. Par exemple, certains modèles de croissance endogène montrent un processus en boucle tel que :

- Le progrès technique augmente la rentabilité de l'investissement en capital humain (moins d'enfants mais mieux élevés), d'où la demande de scolarisation croissante à partir de la seconde moitié du XIXème.

- L'amélioration de la formation du capital humain a un effet d'entraînement sur la productivité et le progrès technique.

-L'accélération du progrès technique entraîne l'allégement de la contrainte budgétaire sur les ménages qui peuvent consacrer plus de moyens au profit des enfants.

5) conclusion

La transition est un modèle d'évolution, un modèle général de compréhension, elle ne s'est pas effectuée partout au même moment, ni selon le même rythme, ni pour les mêmes raisons. Le phénomène a débuté à la fin du XVIII° siècle en Europe du Nord-Ouest, s'est étalé sur deux siècles et est achevé aujourd'hui dans tous les pays de l'OCDE. Ceux-ci sont donc caractérisés par un accroissement naturel faible et des générations imparfaitement renouvelées ; le recours à l'immigration permet toutefois une croissance de la population, parfois vive (Australie, Israël, Canada,…). Au contraire, dans les pays en développement, la transition a démarré tardivement, dans les années 1940/1960 (selon les continents), et se déroule à un rythme extrêmement rapide, ce qui a conduit temporairement à des croissances démographiques explosives. Celles-ci sont en ralentissement aujourd'hui, mais certaines restent fortes. Il est ainsi possible de distinguer deux modèles généraux, eux mêmes divisés en une grande variété de situations.

 

■ Typologie des pays asiatiques :

Tous les pays d'Asie sont engagés dans le processus de transition démographique, mais tous n'en sont pas à la même étape.

- Le Japon, Taïwan, la Corée du Sud et Singapour ont depuis longtemps atteint la dernière phase de la transition démographique.

- La Chine, confrontée au risque de surpopulation, s'est lancée en 1978 dans une politique de contrôle des naissances.

-  Dans les pays en voie de développement, on en est encore à la deuxième étape de la transition démographique (Inde, Laos, Cambodge, Myanmar, Philippines, Vietnam).

- Enfin, des pays comme la Thaïlande, la Malaisie ou l'Indonésie sont entrés dans la troisième phase de la transition démographique.

 

B) Le Japon : une population vieillissante.

  ■ La croissance démographique au Japon au XXe s.

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■ Evolution de la structure par âge de la population japonaise.

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■ La pyramide des âges actuelle.

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■ Evolution de la natalité et de la fécondité au Japon, 1900-2010.

06 

 

■ Evolution du pourcentage de femmes parmi les cadres au Japon.

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■ Les étrangers au Japon.

08 

 

■ Plutôt la prison que l’isolement et la pauvreté - Courrier International, 23.04.2009

Sur fond de délitement des liens sociaux,  les personnes âgées commettent des délits pour échapper à un quotidien de plus en plus difficile.

 « En raison de la dénatalité et du vieillissement de la société japonaise, la population des plus de 64 ans a doublé au cours des vingt dernières années. Dans le même temps, le nombre de personnes âgées arrêtées pour des motifs autres que les infractions au code de la route a augmenté de façon telle qu’il a aujourd’hui quintuplé (environ 48 600) par rapport au début des années 1990, tandis que celui des personnes âgées traduites en justice et condamnées a été multiplié par six. Qu’arrive-t-il à ces seniors censés incarner la sagesse ?

Il ressort du dernier livre blanc sur la criminalité que les personnes âgées aux prises avec des difficultés économiques ont de plus en plus tendance à commettre des délits. Chez les hommes, 65 % des délits – le plus fort pourcentage – sont des vols, notamment à l’étalage, et dans 66 % des cas ils sont motivés par “les difficultés de la vie”. De leur côté, 59 % des femmes enfreignent la loi “pour des raisons économiques”. Bref, il semble que la paupérisation progresse aussi chez nos aînés. De surcroît, comme les liens avec la famille et la communauté locale sont de plus en plus distendus, certains, envisageant l’avenir avec pessimisme ou las de s’occuper de leur conjoint malade, finissent par commettre des crimes graves. Les difficultés économiques ne sont pas les seuls motifs de cette criminalité ; il y a aussi l’isolement, comme le relève le livre blanc.

Quoi qu’il en soit, quelque 70 % des personnes âgées remises en liberté après avoir purgé leur peine retournent en prison au plus tard cinq ans après leur sortie [pour certains, la prison représente la garantie d’un repas et d’un logement]. Cela montre que les mesures classiques de lutte contre la criminalité ne suffisent pas. Une nouvelle politique s’impose pour combler le fossé entre le monde carcéral et le monde extérieur.

Et cette politique doit aller de pair avec des mesures de protection sociale. Quand un détenu est remis en liberté, il ne peut vivre sans logement. Beaucoup de personnes âgées qui sortent de prison ne savent pas comment bénéficier du revenu minimum ou se procurer une carte d’invalidité. Certaines au­raient également besoin d’être admises dans des établissements publics médicalisés.

Pour faire face à ces problèmes, il faudrait créer un service de conseil en protection sociale dans le milieu carcéral. Les anciens détenus qui n’ont pas de famille devraient pouvoir s’adresser à des organismes d’aide à la réinsertion pour être admis en maison de retraite ou percevoir le revenu minimum. Ceux qui ont la force et l’envie de travailler devraient également bénéficier d’une aide à l’emploi. Bien que le ministère de la Justice et celui de la Santé et du Travail s’y soient attelés, ils n’en sont encore qu’aux tâtonnements. Le secteur privé doit lui aussi comprendre que l’équilibre économique est générateur de stabilité sociale. La part des plus de 64 ans dans la société japonaise, aujourd’hui de 22,1 %, devrait s’élever à 25,2 % en 2013 et à 28,6 % en 2018. Le sentiment d’isolement étant un facteur de criminalité, la société tout entière doit reprendre conscience de l’importance des relations avec la famille et avec la communauté locale ».

 

C) La chine : le défi démographique a-t-il été relevé ?

09 

 

■ Evolution de la population de 1960 aux années 2000.

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■ La pyramide des âges en Chine aujourd’hui.

11■ La politique nataliste de Mao.

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■ La politique de l’enfant unique.

« La mise en place de la politique démographique extrême que l'on nomme la « politique de l'enfant unique » est quelque peu surprenante de premier abord. En effet, la fécondité chinoise a fortement chuté entre 1970 et 1978, passant de 5,75 à 2,75 enfants par femme ce qui montre que la politique démographique précédente (wan-xi-shao) fut particulièrement efficace. Toutefois, en raison d'une fécondité particulièrement élevée lors des années pro-natalistes, la densité du nombre de femmes en âge de procréer va progresser jusqu'au début des années 1990 et la natalité va donc demeurer très élevée pendant encore plusieurs décennies.

13L'origine de la politique fait débat. Certains, dont Susanne Greenhalgh, sont d'avis qu'elle trouve ses racines dans la peur malthusianiste d'une surpopulation. D'autres auteurs, notamment Pascal Rocha da Silva, avancent l'hypothèse que la politique ait avant tout une motivation économique. En effet, elle est mise en place par Deng Xiaoping concomitamment avec les Quatre Modernisations. Celles-ci indiquent que la nouvelle légitimité de l'État chinois se trouve non plus dans le dogme mais dans l'amélioration concrète du niveau de vie. Limiter drastiquement le nombre d'enfants permet d'allouer les maigres ressources de l'État plus pleinement à la croissance économique. En 1995, l'État indique que tel est le but de la politique en ces termes : « le planning familial doit servir et être subordonné à la tâche centrale du développement économique ». Une raison secondaire est que les Quatre Modernisations vont entraîner, de manière prévisible, une baisse de la supervision étatique des campagnes : il n'est dès lors plus possible de poursuivre la politique de wan-xi-shao, qui repose sur la structure de la période maoïste (qui permet de surveiller chacun en tout temps).

14Cependant, à la toute fin des années 1970, la République populaire de Chine, afin de limiter la croissance de sa population, a adopté une règlementation limitant le nombre d'enfant par couple à 1. Les minorités ethniques (à l'exception des Zhuang, la première minorité ethnique de Chine) ne sont, dans un premier temps, pas concernées. En 1984, face au constat que la Politique est insupportable pour les paysans, l'État publie le document 7. Cette préférence pour les garçons découle surtout du simple fait que les assurances sociales (et notamment vieillesse) sont quasi inexistantes à la campagne. Lors du mariage, l'épouse entre dans la famille de son mari et s'occupera de ses beaux-parents et non pas de ses parents biologiques.

15Depuis 2002, le versement d'une somme de 510 euros (5 000 yuans à rapporter au salaire moyen urbain de 1 200 yuans) permet la naissance légale d'un deuxième enfant. Dans le cas de naissances illégales, des pénalités sont prévues : amendes et non délivrance du hukou, petit livret permettant, entre autres, la gratuité des transports, scolarité, etc. Un nombre inconnu d’enfants noirs - ou enfants cachés par les familles par peur de représailles - existe en RPC. D'autre part, les nouveaux riches chinois peuvent payer les amendes.

Toujours dans le but de ralentir l'accroissement naturel, la Constitution chinoise limite les mariages en imposant l'âge minimal de 22 ans pour les hommes et de 20 ans pour les femmes. En retardant la formation des foyers, elle espère réduire la période de fécondité.

16Le 28 mars 2006, Zhang Weiqing, responsable de la Commission d'État pour la population et le planning familial, a indiqué dans une interview accordée au site internet du gouvernement chinois que la politique du planning familial avait aidé la Chine à éviter la naissance de quatre cents millions de bébés au cours des trois dernières décennies. Il a fait remarquer que la Chine avait mis environ trente ans pour réaliser l'objectif du contrôle de la population, alors que cela en avait pris cent dans les pays développés. « L'objectif d'assurer au peuple chinois une vie relativement confortable n'aurait pas pu être réalisé si nous avions quatre cents millions de personnes supplémentaires », a souligné Zhang Weiqing. La Chine faisant actuellement face à un nouveau pic de ses naissances, la politique de l'enfant unique ne sera pas changée dans un futur proche ».

http://fr.wikipedia.org/wiki/Politique_de_l%27enfant_unique

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Le phénomène de l’enfant empereur

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■ « Quand la Chine grisonnera » - Par Isabelle ATTANE, juin 2011 - Démographe et sinologue à l’Institut national d’études démographiques (Ined), Paris, auteure notamment des essais En espérant un fils... La masculinisation de la population chinoise, INED-PUF, Paris, 2010, et Au pays des enfants rares. Vers une catastrophe démographique chinoise, à paraître chez Fayard.

« Si le poids de sa population — et notamment celui des Chinois en âge de travailler — a constitué un atout pour le dynamisme économique du pays, son déclin relatif et la montée du nombre de personnes âgées inquiètent les dirigeants.

Avec 1,35 milliard de personnes en 2010, soit un habitant de la planète sur cinq, la Chine est le pays le plus peuplé du monde. Elle le restera pendant une vingtaine d’années. Dès 2030, elle devrait céder la place à l’Inde, qui compterait alors plus de 20 millions de personnes de plus qu’elle. En 1950, la Chine représentait 22 % de la population mondiale, contre moins de 20 % aujourd’hui. Cet effacement démographique relatif tient en partie au formidable essor de la population de certaines régions du monde en développement, notamment de l’Afrique, dont le poids est monté de 9 % à 15 % entre 1950 et 2010, et de l’Inde, passée de 15 % à 18 %. Mais pas seulement.

L’autre raison tient à la politique de limitation des naissances pratiquée depuis les années 1970 — la plus stricte jamais mise en œuvre sur une aussi longue durée. Après avoir prôné, pendant une petite dizaine d’années (1971-1978), deux enfants par couple dans les villes et trois dans les campagnes, le pouvoir a rapidement radicalisé son contrôle et, dès 1979, la règle de l’enfant unique a été imposée à la majeure partie de la population. A l’époque, la mesure est présentée comme la condition sine qua non pour atteindre l’objectif de modernisation économique porté, à partir de 1978, par le dirigeant réformateur Deng Xiaoping : elle permet d’allouer les ressources de l’Etat à la croissance, tout en améliorant le niveau de vie.

Alors que les Chinoises donnaient encore naissance à près de six enfants en moyenne en 1970, elles en ont actuellement moins de deux, c’est-à-dire presque aussi peu que dans les pays les plus développés de la planète. Ainsi, la population, qui grimpait de 20 millions par an au début des années 1970, ne s’est accrue que de 7,5 millions chaque année durant la décennie 2010 — soit près de trois fois moins. Au milieu du siècle, la prépondérance démographique de la Chine disparaîtra : 16 % de la population mondiale, contre 18 % pour sa rivale indienne et 22 % pour l’Afrique.

Jusqu’à présent, le ralentissement de sa croissance démographique a sans conteste constitué un formidable atout, tant pour son développement économique que pour l’amélioration globale du niveau de vie de ses habitants. En ce début de XXIe siècle, la Chine est ainsi devenue un acteur essentiel sur la scène économique mondiale. Ce succès a pris sa source dans la réforme en profondeur du système de production entamée par Deng Xiaoping à la fin des années 1970, grâce à laquelle la productivité du travail s’est fortement accrue. Mais cette transition économique n’aurait pu être aussi porteuse si elle n’avait bénéficié d’une conjoncture démographique très favorable.

Depuis le milieu des années 1980, la Chine détient une carte maîtresse : un bonus démographique exceptionnel. En effet, la natalité y a fortement baissé alors même que sa population âgée reste encore, en proportion, peu nombreuse. Ainsi elle compte 2,1 adultes par personne économiquement dépendante en 2010, contre 1,3 adulte au Japon, 1,6 en Inde ou 1,8 au Brésil. A l’heure actuelle, près de 70 % des Chinois sont d’âge actif (15-59 ans), contre 56 % des Japonais, 61 % des Indiens et 66 % des Brésiliens. Mais dès 2050 ils ne seront plus que 54 % alors que l’Inde, sa concurrente la plus directe, en comptera 63 %.

Or la force actuelle de la Chine sur la scène économique mondiale tient en partie à ce contexte démographique privilégié, mais transitoire. Dès le milieu du siècle, son bonus démographique aura fait long feu, et la Chine comptera alors presque autant de dépendants que d’actifs, avec un ratio de 1,1 adulte pour une personne dépendante, deux fois moins qu’en 2010.

Les retraités sont souvent à la charge de leur famille.

Ce bouleversement structurel qui se manifeste par un vieillissement exceptionnellement rapide de la population vient davantage de la réduction de la fécondité que de l’allongement de la durée de vie. Il s’agit bien là d’une particularité chinoise : un vieillissement créé de toutes pièces par la politique de contrôle des naissances qui, en restreignant le nombre des enfants, a fait mécaniquement augmenter la part des seniors. D’ici 2050, la proportion de Chinois âgés de 60 ans ou plus aura triplé, atteignant 31 %, et les seniors seront alors... 440 millions, l’équivalent de la population européenne actuelle. Un Chinois sur deux aura plus de 45 ans, contre un sur quatre encore en 2000. Alors, la population atteindra un niveau de vieillissement comparable à celui que connaît actuellement le Japon, pays à la proportion de population âgée la plus forte du monde. Ce qui ne sera pas sans effet sur l’économie chinoise.

L’Etat et la société devront supporter une charge financière accrue, sous le double effet d’une hausse des dépenses de retraite et de santé et d’une baisse des recettes fiscales. Si cela peut présenter certains atouts pour un pays comme le Japon qui, malgré ses 30 % de seniors, reste la troisième puissance économique mondiale, pour la Chine l’équation est plus délicate. D’une part, l’économie nippone est principalement une économie de services : le secteur tertiaire occupe les deux tiers (68 %) de la population active (contre 27 % en Chine en 2008) et assure les trois quarts de son produit intérieur brut (PIB), contre 40 % chez son voisin. D’autre part, alors qu’au Japon, où le revenu disponible des seniors avoisine celui des actifs, le vieillissement est en passe de se transformer en dynamique d’innovation et de consommation, cela est loin d’être le cas en Chine : les personnes âgées, toujours largement exclues du système de retraite, ont un niveau de vie globalement faible. Tout reste à faire, ou presque.

Le régime de retraite par répartition, hérité de l’ancienne économie collective, ne bénéficie qu’à une minorité, presque exclusivement des citadins, et n’octroie bien souvent qu’un minimum vital. L’Etat tente de mettre en place un système de protection sociale généralisé qui pourrait bénéficier à tous. Mais si quelques municipalités vont d’ores et déjà dans ce sens — certaines ayant réussi à instaurer des dispositifs privés qui fonctionnent grâce aux cotisations des entreprises et à celles des salariés —, à l’échelle du pays cela reste une gageure, en particulier dans les campagnes.

Au milieu des années 2000, seul un retraité sur quatre vivait de sa pension. Un autre quart continuait à vivre d’un revenu d’activité tandis que la moitié restante, elle, subsistait principalement grâce à un membre de la famille — souvent un enfant.

Par ailleurs, la cohabitation des générations sous un même toit, qui a longtemps été l’unique solution pour la prise en charge des personnes âgées, atteint ses limites. Si une loi datant de 1996 fait obligation aux familles, et nommément aux enfants, d’assurer la subsistance de leurs parents, la conjoncture actuelle rend ces solidarités familiales difficiles à mettre en œuvre. Avec le renversement de la pyramide des âges consécutif à l’allongement de la vie et à la forte baisse du nombre d’enfants, la charge portée par chaque actif devient insupportable. Comment un jeune Chinois, a fortiori s’il est enfant unique, peut-il, avec son épouse, assurer la subsistance de deux parents retraités — voire quatre, si l’on compte ses beaux-parents ? De plus, les modes de vie, en particulier dans les villes, se prêtent de moins en moins à une cohabitation des générations : les logements, de plus en plus coûteux, restent exigus ; les exigences de confort et d’intimité se font de plus en plus grandes ; la vie est de plus en plus chère.

En outre, le marché du travail oblige bien souvent les jeunes gens à quitter leur localité de naissance pour trouver un emploi qui les éloigne de leurs parents, ce qui complique encore leur prise en charge. Près d’un ménage sur cinq est actuellement composé d’au moins trois générations, mais cette tradition pourra-t-elle résister longtemps aux contraintes de la vie moderne ?

Quant à l’éventualité d’un report de l’âge de la retraite, relativement précoce (60 ans pour les hommes et 55 ans pour les femmes), elle est provisoirement écartée. Tout au moins pour les hommes. Le gouvernement envisage de retarder le départ des femmes pour le fixer au même niveau que celui de leurs collègues masculins.

D’une façon plus générale, le pouvoir peine à s’accommoder du vieillissement de sa population. Si le pays veut conserver, à l’avenir, un rythme de croissance soutenu, il devra réorganiser sa fiscalité pour financer la prise en charge durable de son troisième âge et lui garantir ainsi un niveau de vie décent. Il ne pourra sans doute pas non plus échapper à une restructuration de son économie, en l’axant davantage sur les services et la consommation intérieure, notamment celle des seniors.

Une majorité de Chinois épargnés  par la politique de l’enfant unique.

20Si le vieillissement s’impose comme un défi majeur pour la société et l’économie chinoises, il n’est pas le seul. Car la Chine doit aussi faire face à un déficit croissant de femmes dans sa population alors que les autorités continuent à limiter les naissances. Certes, à l’heure actuelle, seuls 36 % des couples sont soumis à la règle de l’enfant unique. Dans les campagnes de dix-neuf provinces, ils sont autorisés à avoir un second enfant si le premier est une fille — ce qui concerne 53 % de la population. Les 11 % restants, pour la plupart des couples issus des minorités ethniques, peuvent en avoir deux ou plus quel que soit le sexe du premier.

Il reste qu’on estime à 60 millions le nombre de femmes manquantes. Ce déficit résulte d’une forte préférence des Chinois pour les fils qui les conduit, dans certains cas, à éliminer leurs filles soit par des avortements, soit, après leur naissance, par des inégalités de traitement débouchant souvent sur un décès prématuré. La Chine est ainsi devenue le pays du monde comptant la plus forte proportion d’hommes dans sa population (105,2 pour 100 femmes en 2010). D’un point de vue strictement démographique, la situation des femmes est la plus mauvaise qui soit.

Or un tel déséquilibre entre les sexes n’a rien d’anodin. D’abord, en termes de croissance démographique stricto sensu : qui dit moins de femmes aujourd’hui dit moins de naissances demain, et donc une croissance encore ralentie. On estime ainsi qu’à l’horizon 2050 près de 20 millions de naissances n’auront pu survenir du seul fait du déficit féminin. Cette situation atypique contraindra également un nombre croissant d’hommes au célibat : entre 1 et 1,5 million de Chinois pourraient chaque année ne pas se marier, faute de partenaires.

21L’économie chinoise risque d’être directement touchée. Dans l’industrie, qui apporte la moitié des richesses, les femmes sont surreprésentées. Elles sont majoritaires dans les usines qui produisent des jouets, des textiles ou du petit matériel électronique. Dans l’agriculture, de plus en plus délaissée par les hommes, elles compteraient aujourd’hui pour plus des deux tiers de la main-d’œuvre.

A l’avenir, la population active deviendra de plus plus masculine : 54 % d’hommes chez les 15-49 ans en 2050, contre 51 % actuellement. Soit au bas mot, dans cette tranche d’âge, 100 millions de femmes en moins sur le marché du travail. A terme, cela pourrait entraîner une pénurie de main-d’œuvre dans les secteurs industriel et agricole.

Au-delà de ces aspects économiques, la question posée est celle du respect des droits des femmes et de l’égalité entre les sexes — une problématique aujourd’hui relativement délaissée.

Dans les prochaines décennies, la Chine devra donc résoudre deux problèmes d’envergure : pallier les effets du vieillissement de sa population et remédier à sa masculinisation. Une solution globale consisterait à mettre un terme à la politique de contrôle des naissances pour relancer la natalité. En rajeunissant la pyramide des âges, cela permettrait non seulement de ralentir le vieillissement, mais encore de réduire la propension des couples à éliminer leurs filles, et donc d’endiguer progressivement la masculinisation.

A Shanghaï, près d’un habitant sur quatre a d’ores et déjà plus de 60 ans et une pénurie de main-d’œuvre commence à se faire sentir dans certains secteurs. Elle sert de « ville test ». C’est la seule municipalité du pays à mener des campagnes de sensibilisation encourageant activement une partie des couples (ayant été eux-mêmes enfants uniques) à donner naissance à un second enfant. Effort méritoire... mais sans effet. La fécondité y reste parmi les plus faibles du monde : 0,7 enfant par femme en 2005 !

Autant dire que, si le contrôle sur les naissances devait être relâché, il n’est pas certain que cela suffise à juguler le vieillissement de la population chinoise. Contraintes de la vie moderne et hausse des coûts pour l’éducation et l’entretien des enfants obligent, la plupart des couples sont amenés à se limiter d’eux-mêmes. Incontestablement, la solution passe par une réforme en profondeur du système de protection sociale et de l’économie afin d’absorber ces nouvelles contraintes démographiques ».

 

■ « En Chine, les violences de la politique de l'enfant unique continuent d'être taboues » - Le Monde, 3 novembre 2011.

« Les mesures draconiennes du planning familial, mélange de persuasion et de coercition, ont été en Chine la source de multiples conflits depuis l'entrée en vigueur de la politique de l'enfant unique en 1980. Notamment quand les cadres locaux soucieux de ne pas être pénalisés – les résultats du planning familial sont un critère majeur de promotion au sein du parti – lancent des campagnes de rectification des statistiques qui conduisent aux pires violences.

A Linyi, dans le Shandong, le militant aveugle Chen Guangchen a rassemblé en 2005, avec l'aide de deux juristes pékinois, Teng Biao et Guo Yushan, des dizaines de témoignages sur les violences subies par les familles dans lesquelles une femme tentait d'accoucher hors quota, souvent en se rendant dans une autre région. Juriste autodidacte, Chen Guangcheng était une figure locale auprès de qui les paysans prenaient conseil quand ils s'estimaient victimes d'une injustice. Jeté quatre ans en prison en 2006 sous prétexte d'avoir "perturbé la circulation" et "nuit au maintien de l'ordre public", il fut libéré en 2010, mais est aujourd'hui encore séquestré chez lui, avec sa famille, en représailles de son rôle de sonneur d'alarme.

Le rapport auquel a participé Chen Guangcheng, intitulé "Note d'enquête sur le planning familial à Linyi", de Teng Biao, est en ligne, en chinois. Voici une traduction de quelques-uns des témoignages rassemblés par les enquêteurs : Fang Zhongxia habite le village de Xiajiagou (bourg de Liangqiu, comté de Feixian, ville de Linyi). Elle a eu deux filles, puis s'est fait poser un anneau de contraception. Elle est partie travailler dans une autre région. Pendant ce temps, elle est de nouveau tombée enceinte. Les personnels du planning familial se lancent à sa recherche.

Pour la faire revenir, ils arrêteront en tout vingt-deux personnes dont trois enfants, une femme enceinte et une femme de 70 ans. Ils seront maltraités et doivent payer au moins 1 000 yuans pour être libérés (114 euros). Finalement, Fang Zhongxia revient au village alors qu'elle en est à 7 mois de grossesse. Elle se fait avorter. Puis se fait ligaturer les trompes. Ce n'est qu'à ce moment que sa tante, qui avait été séquestrée, est libérée.

Song Houhua, 60 ans, habite le village de Maxiagou, également dans le bourg de Liangqiu. Sa belle-fille Liu Shanhua a eu un fils et n'a pas le droit d'avoir un second enfant. Mais elle découvre qu'elle est enceinte de 5 mois, en novembre 2004. Liu Shanhua dit n'avoir pris aucun médicament et les bilans de santé ne l'ont pas découvert plus tôt. Elle se cache, mais sa belle-mère Song Houhua est alors arrêtée en plein hiver. On lui demande de payer 3 000 yuans pour sortir, mais elle n'en a que 500. Elle sera séquestrée une nouvelle fois pendant vingt-six jours, avec son frère de 65 ans, sa belle-sœur et ses voisins. Les agents du planning familial lui demandent de battre son frère. Elle refuse. Ils demandent à son frère de la battre. Son frère a perdu plusieurs de ses bêtes à cause de la séquestration. Il est en colère contre sa sœur et veut qu'elle lui rembourse 3 000 yuans.

Hu Bingmei, 34 ans, habite le village de Nanjiashi, (bourg de Sunzu, comté de Yinan). On l'a forcée à aller se faire ligaturer. Elle refuse et on l'emmène de force à l'hôpital. Mais les médecins disent qu'elle souffre d'hypertension et qu'il ne faut pas faire l'opération. La vice-directrice du service de planning familial du comté décrète qu'il n'y a pas de problème. Hu Bingmei est forcée de subir l'opération. On l'oblige à signer un document qui atteste qu'elle l'a fait de sa propre volonté. Depuis cette opération, elle dit qu'elle souffre d'un mal au ventre.

Les slogans de planning familial sont extrêmement violents à Linyi : "Posez un anneau de contraception après le premier enfant. Faites-vous ligaturer après le deuxième enfant. Sinon la loi sera appliquée" ; "Faites-le sortir en frappant et en l'avortant. Empêchez-le par tous les moyens de naître" ; "Sans la ligature, la maison s'écroule. Sans l'avortement, les bêtes partent" ; "Mieux vaut dix tombes fraîches qu'un enfant de trop"... »

 

D) L’Inde : bientôt le pays le plus peuplé du monde.

■ Evolution de la population, de 1960 aux années 2000.

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■ Quelques statistiques :

Taux de fécondité : 2,9 enfants/femme

Moins de 15 ans : 35% de la population totale

Plus de 60 ans : 7% de la population totale

Age moyen au mariage pour les femmes : 20 ans

 

■ La structure par âge de la population indienne.

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■ Interview de Bénédicte Manier, auteur de l’ouvrage Quand les femmes auront disparu. L'élimination des filles en Inde et en Asie. Ed. La Découverte, 2006.  

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- Qu'appelle-t-on les "femmes manquantes" en Asie ?

- Ce sont les 163 millions de femmes (nombre estimé par des études démographiques des Nations Unies) qui auraient dû vivre sur ce continent, mais qui n'existent pas : elles ont soit été éliminées par avortement, soit tuées après leur naissance ou bien on les a laissées mourir en bas âge, faute de soins et de nourriture. L'Asie est devenue le continent le plus masculin au monde, parce que les familles y sélectionnent les naissances au profit des garçons. L'accès de plus en plus facile à l'échographie (bien qu'en Inde les médecins aient officiellement interdiction de révéler le sexe aux parents) et à l'avortement favorise cette pratique. En Inde, il manque ainsi une soixantaine de millions de femmes.

- Pourquoi en 2009 la fille est-elle toujours un fardeau pour les familles indiennes ?

- Parce que la dot prend de l'importance. Elle est pourtant interdite depuis 1961, mais en réalité, de plus en plus de catégories sociales la pratiquent. La dot prend de l'ampleur parce que le pays entre dans l'ère consumériste : en plus des cadeaux traditionnels (vêtements, argent, têtes de bétail…), les parents de la mariée doivent désormais offrir réfrigérateur, climatiseur, TV, téléphone portable, scooter ou voiture… Beaucoup de parents économisent toute leur vie ou s'endettent pour payer la dot de leur fille, ce qui les empêche d'accéder eux-mêmes aux biens dont ils rêvent. La dot est donc devenue une charge plus lourde qu'avant. D'autant qu'une dot importante est souvent la clé d'une forme d'ascension sociale : marier sa fille à un homme qui a une bonne situation implique d'offrir une montagne de cadeaux…

- Est-ce que ce sont seulement les filles de milieux pauvres qui sont les victimes de fœticides et d'infanticides ?

- Justement non, ce ne sont pas les pauvres qui éliminent le plus les filles, mais les catégories les plus aisées et éduquées, où la dot est la plus coûteuse, et où, par ailleurs, il faut absolument un garçon pour transmettre ses biens (ferme, entreprise, maison…). C'est pourquoi les régions qui voient naître le moins de filles sont les Etats riches (Punjab, Haryana, Gujarat…), et les zones urbaines, plus prospères que les campagnes. Une ville aisée comme Chandigarh, par exemple, ne compte plus qu'une proportion de 77 femmes pour 100 hommes dans sa population. Dans les villes, les quartiers où vit la classe moyenne émergente (par exemple à New Delhi : Defence Colony, Vasant Vihar, Hauz Khas…) sont aussi davantage touchés que les quartiers populaires. Dans les campagnes, ce sont les fermiers riches. Enfin, dans tout le pays, les hautes castes sont plus concernées que les basses castes. Voilà donc le paradoxe: le développement économique actuel de l'Inde se retourne contre les filles, car il accélère l'inflation de la dot.

- On va célébrer le premier Girl child day, pensez-vous qu'il y a désormais une prise de conscience en Inde des conséquences de ce déficit hommes-femmes ?

- Oui, la presse indienne parle de plus en plus de l'avortement sélectif, les ONG indiennes font de la sensibilisation de terrain et les autorités lancent des campagnes publiques contre l'élimination des filles. En 2008, le lancement du programme expérimental Dhan Laxmi (allocation de 200 000 roupies aux familles qui élèvent et scolarisent une fille) a aussi beaucoup fait parler de lui. Et peu à peu, la société indienne réalise que le manque de filles a un prix : beaucoup de célibataires ne trouvent pas de femme, on constate une montée du trafic d'épouses et une hausse des agressions sexuelles envers les jeunes femmes. Au point que la ministre des droits des femmes Renuka Chowdhury a rendu obligatoire l'an dernier les cours d'autodéfense pour filles dans les écoles publiques de New Delhi. Cela dit, sur le fond, rien n'est vraiment fait pour contrer l'inflation croissante de la dot chez les classes moyennes, ni pour réprimer les milliers de cliniques privées qui prospèrent sur l'avortement sélectif. Les sanctions restent inadaptées à l'ampleur du problème.

- Combien de temps faudra-t-il pour rétablir l'équilibre de ce ratio hommes-femmes en Inde ?

- Même si l'équilibre des naissances filles-garçons se rétablit dans les prochaines années, le déficit actuel ne sera pas rattrapable. Selon le démographe Christophe Guilmoto, l'Inde connaîtra jusqu'à 2040 un surplus d'hommes supérieur à 15% de sa population adulte masculine : concrètement, cela signifie plusieurs dizaines de millions d'hommes de plus que de femmes. Et donc d'hommes qui devraient rester célibataires. Ce qui n'empêche pas d'espérer un changement : le pays compte en effet de plus en plus de femmes qui montrent qu'elles ont autant de valeur qu'un homme, et on voit des jeunes couples qui n'affichent aucune préférence pour le sexe de leur enfant. A terme, les mentalités devraient évoluer et il naîtra peut-être un jour autant de filles que de garçons en Inde. Mais pour le moment, on se trouve bien face à une "génération amputée" de filles. »

 

 ■ La préférence des garçons. Chanson populaire indienne :

« Pourquoi es-tu venue au monde, ma fille,

Quand un garçon je voulais ?

Vas donc à la mer remplir ton seau :

Puisses-tu y tomber et t'y noyer. » 

 

■ En principe, la détermination du sexe du fœtus est interdite. « Ici, la détermination prénatale du sexe (garçon ou fille avant la naissance) n’est pas faite, c’est un acte punissable ».

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■ « En Inde, la coutume de la dot tue toujours », par Neeli Hawa, Aujourd’hui l’Inde, 2008.

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C'est la saison des mariages en Inde. Au cœur de ces unions, la pratique de la dot. Malgré son interdiction en 1961, elle est toujours la norme. Outre le fait de réduire les femmes au rang d’objet, cette coutume est aussi responsable de milliers de victimes chaque année.

 « Soir de mariage dans le petit village de Kalpa, dans les montagnes de l'Himmachal Pradesh. Sous le regard attentif de tout le village, deux hommes comptent et recomptent des liasses de billets. Il s'agit de la dot. Deux lakhs, soit près de 3000 euros, une petite fortune pour ces producteurs de pommes.

En plus de l'argent, la famille donne aussi un réfrigérateur, une machine à laver, une télé couleur, un lit, des meubles et un service de vaisselle. Et en prime, la mariée. Ce soir, elle est couverte de billets de 10 roupies pour mieux souligner sa valeur marchande.

27Avec un sourire un peu crispé, la mère de la mariée se déclare "soulagée". Marier sa fille n'est pas une mince affaire. Cette charge rebute plus d'une famille : avec un ratio de 927 filles pour 1000 garçons, (rapport de l'UNICEF 2007), l'Inde est le deuxième pays après la Chine à avoir situation aussi déséquilibrée. Malgré l'interdiction de révéler le sexe de l'enfant, les avortements sélectifs et les infanticides sont monnaies courantes. "Élever une fille, c'est comme arroser le jardin d'un voisin", dit un vieux proverbe indien.

28Selon le Fond des Nations Unies pour la population, l'Asie a vu le nombre de femmes manquantes passer de 100 à 163 millions entre 1990 et 2005. Mohammed Ahmed, petit employé, est père de deux garcons et d'une petite fille. "Je ne regrette rien mais Dieu ne devrait pas donner de filles aux pauvres gens comme moi. Cela coûte trop cher", explique-t-il.

La sélection à la naissance n'est pas la seule conséquence meurtrière de la dot. Les femmes indiennes sont également victimes de la dowry death, la mort pour cause de dot. Le schéma est généralement le suivant : la famille de la mariée est dans l'incapacité d'honorer la dot ou de l'augmenter. La belle famille, mari compris, commence alors à violenter la jeune femme qui finit par se donner la mort ou par se faire assassiner. Le mari peut alors se remarier et toucher une nouvelle dot.

29Les statistiques officielles sont effrayantes. En 1999, le gouvernement faisait état de 98 victimes par jour. Mais on semble encore loin de la réalité. Vimochana, une association basée à Bangalore, a mené une étude systématique de 1997 à 1999. Elle a établi, que sur les 100 cas de morts violentes de femmes établis par la police de Bangalore tous les mois, la très grande majorité était des dowry crimes. La plupart des victimes sont des jeunes femmes récemment mariées. Les 2/3 d'entres elles ont péri par le feu.

Les assassinats bénéficient du silence des témoins, de la police et des médecins. En effet, même taboue, cette pratique est largement acceptée. En 2000, la Cour Suprême du Karnataka a sévèrement épinglé la police et les magistrats : seuls 6% des poursuites des criminels aboutissent.

30Pour D. Fernandes, activiste de Vimochana, "ce système meurtrier se développe en grande partie sur la mentalité de plus en plus consumériste et matérialiste des Indiens. Le mariage n'est plus qu'une question d'argent et la seule valeur de la femme, c'est sa valeur marchande". On est loin de la tradition originelle de la dot qui consistait à offrir des bijoux et de l'or à sa fille pour la dédommager de la terre dont elle n'héritait pas. »

 

■ « Les quatre commandements du mariage indien », par Dorothée Gieux, Aujourd’hui l’Inde, 2008.

La saison des mariages bat encore son plein en Inde et avec elle son défilé de femmes parées de bijoux, de musiciens folkloriques, et même d’éléphants dans les rues... Plus qu’une union, le mariage indien est un événement social majeur qui répond à des règles traditionnelles parfois compliquées pour des non-initiés. Voici un petit guide.

31 « "Mariage, indien", pris séparément, ces deux mots font déjà rêver. Mis ensemble, c'est un cocktail explosif. Les films de Bollywood véhiculent l'image souvent réaliste d'une profusion de couleurs, de danse, de musique, d'invités... Mais comment s'y retrouver dans ces cérémonies si strictement codifiées ? Si chaque communauté ajoute sa touche personnelle, le mariage indien répond à certaines règles basiques, dont voici quelques extraits.

Arrêter de travailler... et prendre des vitamines. Le mariage indien pourrait aussi bien être le sport national tant il s'apparente à un marathon. Avant le mariage, des rituels très importants sont menés pendant plusieurs mois. Après la soirée des fiançailles, les femmes et les hommes font la fête séparément. Tandis que les femmes organisent la cérémonie du Mehndi (peinture des mains au henné) et la soirée du Sangeet, pendant laquelle elles chantent et dansent toute la nuit, les hommes se réunissent pour le rituel de la tika, pastille de poudre rouge déposée au front du futur marié comme signe de son engagement. La cérémonie du mariage a généralement lieu en plein air sur un autel : les futurs époux font sept fois le tour du feu sacré tout en récitant leurs vœux d'amour.

33S'accorder les faveurs des astres et des dieux... Les familles consultent un astrologue qui fixe la date et l'heure les plus auspicieuses pour le mariage. De même, les gestes et rituels ancestraux sont effectués dans un but symbolique et porte-bonheur. Le henné appliqué sur les mains de la mariée doit être foncé et persistant, comme signe de joie dans le couple. Avant de rejoindre son nouveau foyer, la mariée jette derrière sa tête cinq poignées de riz, signifiant ainsi qu'elle souhaite prospérité à ses parents. Au moment où la voiture des nouveaux mariés va partir, les hommes lancent de l'argent sur les routes pour conjurer le mauvais sort.

Dépenser sans compter... et faire en sorte que les autres le sachent. Le mariage indien célèbre l'amour mais aussi l'argent. De nombreuses familles n'hésitent pas à s'endetter pour offrir des cérémonies fastueuses, devenues une véritable démonstration de pouvoir financier. Et cette tendance ne fait que s'accentuer. L'industrie du mariage en Inde est estimée à 60 milliards de roupies (1 milliard d'euros), avec un taux de progression de 20 à 25 % par an. Les soirées ressemblent parfois à de véritables scènes de films, avec tenues de grands designers, danseurs venus tout droit de Bollywood et plusieurs centaines d'invités.

32Etre blagueur... mais pas trop. L'humour est aussi présent dans le mariage indien, mais les plaisanteries sont codifiées et laissent peu de place à l'improvisation. Ainsi depuis plusieurs siècles, la mère de la mariée essaie de pincer le nez de son gendre pendant le mariage, symbolisant le fait qu'il soit venu demander la main de sa fille en furetant près de la maison. Les plus malines sont les sœurs de la mariée qui, le jour du mariage, prennent les chaussures du marié en otage et ne les rendront qu'en échange de cadeaux. »

 

■ « Les mariages d’enfants, une tradition encore très répandue en Inde », par Julie Tissot, Aujourd’hui l’Inde, 2008.

Bien qu’ils soient interdits par la loi, les mariages d’enfants sont encore très fréquents en Inde, en particulier au Rajasthan. On estime que plus de 15 millions d’enfants indiens sont mariées avant l’âge de 18 ans. Au mois de mai, des centaines de mariages précoces ont lieu pendant la fête de Akha Teej, censée apporter chance et réussite.

34« Dans le calendrier hindou, il y a un jour dans l'année où la Lune et le Soleil brillent au maximum. Parasurama, la sixième incarnation de Vishnu, serait né ce jour-là. Alors tout événement qui a lieu pendant cette journée du mois de mai est une promesse de réussite et de chance.

Les parents choisissent d'organiser le mariage de leurs enfants pendant ce jour propice et béni. À l'âge où ils devraient simplement taper dans le ballon et aller à l'école, ces enfants se retrouvent époux et épouses et déjà futurs parents.

Le quotidien The Hindustan Times raconte comment, dans un district de Jodhpur, Likhma, 8 ans a épousé Genu, une fillette de 5 ans. C'était le jour d'Akha Teej, il y a une dizaine de jours. Un invité explique qu'ils "appartiennent à la caste des Intouchables. Les petites filles pas mariées sont une source constante d'inquiétude pour les parents. Alors nous les marions avant qu'elles atteignent la puberté".

36Au Rajasthan, cette coutume est ancrée depuis des siècles. Pour les parents, c'est une façon de d'organiser la transmission de la propriété et de la richesse au sein des familles. Pourtant, depuis exactement 30 ans, la loi indienne interdit le mariage des filles avant 18 ans et des garçons avant 21 ans.

Les conséquences de ces unions précoces sont graves tant au niveau physique que psychologique. Privés d'enfance et d'adolescence, c'est aussi la fin de toutes chances d'accéder à une éducation. C'est la fin aussi de l'apprentissage de la vie adulte. Ces enfants doivent prématurément assumer les tâches des grands.

Les grossesses précoces vont de pair avec ces mariages. Elles sont dangereuses pour les jeunes filles. Selon un rapport de l'Unicef, les filles de moins de 15 ans ont cinq fois plus de risques de mourir suite à leur grossesse que les femmes d'une vingtaine d'années. Et il est prouvé que la mortalité infantile est plus élevée, deux fois plus dans certains cas, parmi les enfants nés de mères très jeunes que parmi ceux de mères plus âgées.

38Il y a une dizaine d'année, le gouvernement du Rajasthan a mis en place un programme pour retarder ces mariages. Cela consiste à ouvrir un compte d'épargne aux petites filles. Des années plus tard, 25000 roupies (450 euros environ) attendent les jeunes filles majeures si elles sont toujours célibataires. Une aide financière qui sert alors à payer la dot… pour le mariage. »

* * *

 

g>DEUXIEME PARTIE : L’ASIE, TERRE DE CONTRASTES. 

A) D’importants flux migratoires. 

■ Evolution de l’urbanisation depuis les années 1970

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■ Les villes d’Asie, en 2005 et en 2020.

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■ Les flux migratoires.

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■ Les migrations asiatiques – Typologie :

- Pays d'émigration exclusive : Philippines / Indonésie / Vietnam / Birmanie

- Pays d'immigration exclusive : Corée du Sud / Taïwan / Japon / Singapour / Brunei

- Pays d'émigration & immigration : Cambodge / Thaïlande.

 

B) Entre misère et opulence.

L’I.D.H. (Indicateur de développement humain) en Asie.

44L'IDH est un indice composite, sans dimension, compris entre 0 et 1, calculé par la moyenne de trois indices :

- la santé / longévité (mesurées par l'espérance de vie à la naissance), qui permet de mesurer indirectement la satisfaction des besoins matériels essentiels tels que l'accès à une alimentation saine, à l'eau potable, à un logement décent, à une bonne hygiène et aux soins médicaux. En 2002, la Division de la population des Nations Unies a pris en compte dans son estimation les impacts démographiques de l'épidémie du sida pour 53 pays, contre 45 en 2000.

- le savoir ou niveau d'éducation. Il est mesuré par la durée moyenne de scolarisation pour les adultes de plus de 25 ans et la durée attendue de scolarisation pour les enfants d'âge scolaire. Il traduit la satisfaction des besoins immatériels tels que la capacité à participer aux prises de décision sur le lieu de travail ou dans la société.

- le niveau de vie (logarithme du produit intérieur brut par habitant en parité de pouvoir d'achat), afin d'englober les éléments de la qualité de vie qui ne sont pas décrits par les deux premiers indices tels que la mobilité ou l'accès à la culture.

 

■ Les bidonvilles d’Asie. L’exemple de l’Inde.

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Bombay

48Calcutta

 

 C) Chine : une population pauvre dans un pays riche.

■ Nombre d’habitant vivant sous le seuil de pauvreté.

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■ L’I.D.H. en Chine.

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■ En 2020, les villes chinoises compteront 300 millions d’habitants de plus qu’en 2008.

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■ La santé en Chine.

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C) Inde : un lent recul de la pauvrété.

■ « Une publicité contre la mendicité dans les journaux indiens », Aujourd’hui l’Inde,M. Jézéquel. 07/01/2009.

Pour lutter contre la mendicité, la municipalité de New Delhi a lancé une grande campagne publicitaire dans les journaux. Elle y dénonce les réseaux d’exploitation des mendiants. Le message est simple : ne donnez pas.

53« "Ne tuez pas leurs rêves de demain !" En bonne place dans les journaux, une publicité du département de la protection sociale de New Delhi incite les lecteurs à ne pas donner aux mendiants. "Vous avez pris pitié d'un mendiant et vous lui avez donné l'aumône. Vous n'avez pas réalisé que ces personnes sont forcées de mendier par d'autres qui les exploitent et gagnent de l'argent en profitant d'eux. Alors, la prochaine fois que vous ressentirez de la pitié pour un mendiant, arrêtez vous et réfléchissez ! Aidez vous vraiment les nécessiteux ?"

En Inde, chacun a été confronté à la question de la mendicité. Dans les lieux touristiques, les gares, à la sortie des temples, aux feux rouges ou tout simplement dans la rue… les formes de mendicité sont très variées.

Il y a les vieillards et les infirmes. Les enfants des rues, livrés à eux mêmes, envoyés mendier par leur famille ou exploités par d'autres. Il y a les femmes qui, avec un bébé – souvent loué pour mieux mendier – ne demandent pas de l'argent mais du lait en poudre. Elles ont en fait un marché avec l'épicier du coin : elles emmènent le touriste chez l'épicier complice. Le touriste achète une boîte de lait qu'elles viennent rendre quelques minutes plus tard à l'épicier qui leur donne la moitié de l'argent.

A qui donner ? A qui ne pas donner ? Faut-il donner tout court ? Ces questions, toute personne séjournant en Inde s'y trouve confrontée. Pour le département de la protection sociale de New Delhi, il ne faut rien donner, pour ne pas encourager cette pratique. D'autant qu'un certain nombre de personnes, capables de travailler, font le choix de la mendicité, parfois plus rentable.

La municipalité a dit qu'il n'y aurait plus de mendiants en 2010, à l'occasion des jeux du Commonwealth qui se dérouleront dans la ville. Mais comment y parvenir ? Empêcher les gens de donner limitera peut-être la mendicité, mais ne réglera pas le problème de la pauvreté pour autant.

Pour lutter contre ce phénomène, l'Inde a mis en place des maisons de réhabilitation pour les mendiants. Mais leur taux de remplissage se limite à 50 %. Les conditions de vie dans ces établissements sont en effet très mauvaises. Des emplois spécifiques ont aussi été créés pour réintégrer les mendiants dans le monde du travail. Mais pour le moment, aucune de ces initiatives n'a eu d'impact notable ».

 

■ Pauvreté comparée entre l’Inde et quatre autres pays en développement.

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■ L’alphabétisation – inégalités régionales.

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■ L’évolution de la mortalité infantile depuis 1960.

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■ « UNICEF : Deux millions d’enfants meurent chaque année en Inde », par Thomas Pekish, Aujourd’hui l’Inde, 2008.

Un rapport du Fond des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF) sonne aujourd’hui l’alarme sur la santé des enfants indiens : malgré sa croissance économique rapide, le second pays le plus peuplé du monde "ne parvient pas à fournir des soins adaptés aux enfants les plus démunis".

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« Plus de 20% des enfants qui meurent dans le monde avant leur cinquième anniversaire sont indiens, soit près de deux millions d'enfants qui disparaissent chaque année. C'est ce qu'annonce un rapport de l'Unicef, The State of The Asia Pacific's Children Report 2008 (…) qui examine les tendances en matière de santé maternelle et infantile en Asie. Le Sous-continent tient là un triste record, loin devant la Chine, qui ne compte "que" 400 000 enfants morts par an. D'autant que pour l'Unicef, le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans est le baromètre mesurant les progrès réalisés par un pays en matière de développement humain.

La fulgurante croissance économie indienne a pourtant permis à des millions de personnes de "sortir de la pauvreté" ces dernières années. De 115 morts pour 1000 enfants de moins de cinq ans en 1990, le taux de mortalité infantile est ainsi passé à 76 pour 1000 en 2006, une baisse de près d'un tiers. Mais ces progrès sont insuffisants, affirme l'organisation des Nations Unies : "le fossé entre riches et pauvres s'accroît à un rythme inquiétant dans le pays, mettant en danger des millions de mères et d'enfants. Les soins de santé ne parviennent toujours pas à toucher les plus pauvres".

Le "miracle" économique a paradoxalement amplifié les inégalités, particulièrement prégnantes en Inde, explique le rapport. En effet, aux inégalités sociales et géographiques – la mortalité infantile est de 50% supérieure dans les zones rurales - s'ajoutent les discriminations de sexe et de caste. La plupart des quelques 240 millions de miséreux que comptent aujourd'hui le pays sont en effet issus des "basses castes", dont la couverture médicale est quasi nulle : "plus des trois quart des enfants de ces castes sont anémiques, et la grande majorité n'ont jamais vu de médecin", affirme l'Unicef.

La discrimination à l'égard des femmes est également un facteur majeur alimentant la mortalité infantile : selon une récente étude de l'ONG ActionAid, il y aurait plus de 500 000 avortements de fœtus féminins chaque année, et le ratio femmes/hommes vient d'atteindre un taux historiquement bas, avec 927 filles pour mille garçons nés. "Si la discrimination à l'encontre des femmes et des filles n'est pas prise en compte dans les stratégies générales visant à améliorer la santé de la mère et de l'enfant, leurs taux de mortalité resteront obstinément élevés", avertit le rapport.

Touchant de plein fouet ces populations marginalisées, la sous-alimentation (responsable de 50 % de la mortalité infantile) et la pneumonie (30%) sont les principaux responsables de l'hécatombe, dans un pays où les deux-tiers de la population sont de facto exclus des services de santé de qualité. Le taux de malnutrition indien est en effet le plus élevée d'Asie : "Une femme sur trois souffre d'un poids insuffisant : le risque de décès de son enfant est alors 20 fois supérieur à celui de bébés en bonne santé", affirme l'Unicef. Pour l'organisation, seule une augmentation conséquente des dépenses de santé publique -qui ne représentent actuellement qu'1% du PIB- à destination des plus pauvres pourrait améliorer significativement la survie des enfants indiens.

Une étape fondamentale : l'Inde détient la "clef" pour que le monde atteigne les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), conclut le rapport. En 2000 en effet, les 189 pays membres de l'ONU ont signé les OMD, huit objectifs à atteindre d'ici 2015, parmi lesquels figure la réduction de la mortalité infantile. "A moins que l'Inde ne fasse des progrès majeurs sur la santé, la nutrition, l'hygiène, l'éducation, l'égalité des sexes et la protection infantile, les efforts mondiaux pour attendre les OMD sont voués à l'échec", alerte l'Unicef ».

 

■ « L’Inde prend enfin soin des orphelins du sida », par Thomas Pekish, Aujourd’hui l’Inde, 2008.

Le sida demeure un sujet tabou en Inde, et les discriminations envers les séropositifs sont monnaie courante. Le gouvernement vient de prendre une première mesure afin de porter assistance aux orphelins du sida, en première ligne de cette marginalisation.

58« Selon les estimations de l'Onusida, 2.5 millions d'indiens sont aujourd'hui atteints du sida. Dans un pays où la pandémie, apparue à la fin des années 1980, reste un tabou culturel associé à des pratiques sexuelles décadentes, séropositivité est synonyme de marginalité, pour ne pas dire pire.

Qu'ils soient porteurs ou non du virus, les orphelins du sida sont sans doute les plus exposés aux discriminations. L'année dernière, dans l'Etat du Kerala, des parents d'élèves ont par exemple décidé de boycotter une école chrétienne, refusant que leurs enfants y côtoient cinq orphelins séropositifs. Ce n'est que sous l'impulsion du gouvernement qu'ils ont pu réintégrer l'établissement. Selon un rapport publié en 2004 par Human Right Watch, "les cas d'enfants porteurs du virus renvoyés par les écoles, les hôpitaux et les orphelinats sont très nombreux. Pour le moment, la situation des enfants n'a pas été prise en compte par le gouvernement".

Quatre ans après ce lugubre état des lieux, le gouvernement vient enfin de se résoudre à prendre soin des enfants infectés ou affectés par le VIH.  Le numéro deux du ministère de la Santé, Naresh Dayal, vient de donner son feu vert à la National Aids Control Organization (NACO), organisme chargé de mettre en œuvre les programmes gouvernementaux, pour la création de centres d'accueils destinés aux orphelins du sida. "Les enfants dont les deux parents sont morts du sida peuvent trouver des familles d'adoption, mais pour ceux qui ont hérités de la maladie, c'est impossible.  Même leur propre famille refuse de prendre soin d'eux. La création de ces centres est une nécessité", explique le Dr Damodar Bachani, directeur adjoint de la NACO, au Times of India.

Les centres prendront entièrement en charge ces enfants, en leur fournissant un hébergement, des médicaments, des vêtements et de la nourriture. Ils pourront y séjourner jusqu'à ce que la NACO leur trouve une famille d'accueil. Pour l'instant, dix centres d'une capacité de cinquante lits chacun vont être construits, dans les Etats les plus touchés par le VIH, comme l'Andrah Pradesh ou le Karnataka.

Un premier pas qui paraît bien dérisoire face à l'ampleur du phénomène. Il y a aujourd'hui 80 000 enfants de moins de 15 ans atteints du sida en Inde, selon les dernières estimations de la NACO. Seule une moitié d'entre eux est répertoriée, et un sur huit bénéficie d'un traitement antirétroviral gratuit. Selon l'Onusida, seul un traitement débuté dès les premiers mois peut permettre d'augmenter significativement le taux de survie d'un enfant séropositif. »

 

■ Pour plus d’informations sur la population et la société indienne, vous pouvez vous reporter à deux conférences données l’année dernière dans un cycle entièrement consacré à l’Inde contemporaine :

Conférence 4

Conférence 5

     

 

           
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7 octobre 2014 2 07 /10 /octobre /2014 10:50

Première partie : DEFINITION DE L’ESPACE ETUDIE.

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1) Morcellement et immensité

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■ L’Asie du Sud-est

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2) Repères historiques.

■ La colonisation.

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■ L’Indochine française

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■ La seconde guerre mondiale en Asie

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■ La guerre de Corée (1950-1953)

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3) Aspects géopolitiques.

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■ La question de Taïwan, vue par… la République Populaire de Chine :

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 « Le problème de Taiwan englobe trois aspects suivants :

1. Le problème de Taiwan, légué par la guerre civile de la Chine, relève purement et simplement d' une affaire intérieure de la Chine. Le ler Octobre 1949 , a été fondée la République populaire de Chine ; après leur défaite, une partie des personnes militaires et administratives du Kuomintang se sont retirées à Taiwan. Appuyés par le gouvernement américain, ils ont établi par la force armée un régime séparatiste à Taiwan. Ainsi, le problème de Taiwan est-t-il tout d'abord, le problème des relations entre le gouvernement de la République populaire de Chine dont la capitale est à Beijing et qui est l'unique gouvernement légal représentant tout le peuple chinois d'un côté et les autorités de Taiwan de l'autre. Il doit être résolu par les Chinois des deux côtés du détroit de Taiwan.

2. Le problème de Taiwan réside dans le fait que le gouvernement et le peuple chinois sauvegardent la souveraineté et l'intégrité territoriale du pays, défendent la dignité nationale et s'opposent aux interventions étrangères. Le gouvernement américain doit observer strictement les principes des trois communiqués conjoints sino-américains, remédier totalement et mettre fin à toutes ses pratiques erronées visant à intervenir dans les affaires intérieures de la Chine et à empêcher sa réunification en profitant du problème de Taiwan.

3. Le problème de Taiwan est en fait une lutte entre la sécession et l'anti-sécession, entre « l'indépendance de Taiwan » et l' « anti- l'indépendance de Taiwan ». Le coeur du problème est une lutte entre le principe d'une seule Chine et le complot de  « deux Chine ». Le gouvernement et le peuple chinois persistent dans le principe d'une seule Chine, s'opposent résolument à tous les complots visant à diviser la patrie et la nation, à toutes les tentatives de créer «  deux Chine », « une Chine et un Taiwan » ou « l'indépendance de Taiwan ».

http://www.fmprc.gov.cn/fra/ljzg/665/t1420.htm

 

4) Démocratie et droits de l’homme.

■ L’Inde, plus grande démocratie du monde ?

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■ Bibliographie sur les questions politiques en Inde :

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■ La question des droits de l’homme en Chine

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■ Evolution économique et stagnation politique en Chine.

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Deuxième partie : UN ESPACE EN PLEINE TRANSITION.

 

1) L’Asie, une terre de contrastes.

■ Le peuplement du continent asiatique.

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■ Typologie des pays d’Asie :

- Les pays leaders : Japon – Chine

- Les « dragons » : Corée du Sud – Taiwan – Singapour

- Les « tigres » : Malaisie – Indonésie – Thaïlande - Philippines

- Les P.M.A. (Pays les moins avancés) : Laos – Cambodge – Mongolie – Vietnam – Myanmar - Timor oriental - Corée du Nord.

 

2) Richesse et pauvreté

■ L’I.D.H. (Indicateur de Développement Humain) en Asie.

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■ L’A.S.E.A.N : Association des Nations du Sud-Est Asiatique.

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Organisation politique, économique et culturelle regroupant 10 pays  du sud-est asiatique :Bruneï, Cambodge, Indonésie, Laos, Malaisie, Myanmar (Birmanie), Philippines, Singapour, Thaïlande, et Viêt Nam

http://fr.wikipedia.org/wiki/Association_des_nations_de_l%27Asie_du_Sud-Est

 

3) L’environnement

■ CO2 : la Chine responsable de 24% des émissions

18La Chine arrive en tête de liste des pays émetteurs de CO2 avec 24%, suivie par les États-Unis (21%), l’UE-15 (12%), l’Inde (8%) et la Fédération Russe (6%). Ensemble, ces pays représentent 71% des émissions mondiales (…).

Les émissions de la Chine, en augmentation d’environ 8%, représentent les deux tiers de cette hausse globale. De petites contributions sont dues à l’Inde, les États-Unis et la Fédération Russe, contrairement à l’Union européenne (UE-15), où un hiver relativement chaud et le prix élevé du carburant ont eu pour résultat une diminution de 2% dans les émissions de CO2. L’augmentation des émissions de CO2 (…) est principalement attribuable à une augmentation de 4,5% dans la consommation mondiale de charbon, à laquelle la Chine a contribué pour plus de 70%. À l’heure actuelle, les émissions de CO2 par personne en provenance de la Chine, de l’UE-15 et des États-Unis sont environ de 5, 9 et 19 tonnes de CO2, respectivement (…)

Augmentation globale des émissions de CO2 : la tendance se maintient.

19L’Inde, les États-Unis et la Russie sont chacun responsables d’environ 10% de l’augmentation globale. Depuis 1990, les émissions mondiales de CO2 dues à l’utilisation des combustibles fossiles et à la production de ciment ont augmenté d’environ 34%.

Ces chiffres incluent non seulement le CO2 provenant de la combustion de énergies fossiles, mais aussi d’autres activités industrielles, telles que la production de ciment, et autres utilisations des combustibles (par exemple, sous forme de matière première pour la production de produits chimiques) et le torchage et la ventilation des gaz inutilisés dans la production pétrolière et gazière.

Globalement, ces activités ne représentent qu’environ 8% du total des émissions de CO2, mais il y a des exceptions notables, comme la Chine (13%) et le Brésil (11%). Les émissions de CO2 résultant du déboisement, des incendies de charbon souterrains et des feux de tourbe ne sont pas incluses parce qu’elles sont très incertaines, assez mal quantifiées ou non directement liés aux activités humaines.

Les causes sous-jacentes à la croissance des émissions

AL’augmentation des émissions mondiales de CO2 est principalement attribuable à la combustion des combustibles fossiles, charbon, pétrole et gaz naturel. Les combustibles fossiles restent la source d’énergie la plus utilisée pour répondre à la demande croissante d’énergie (…)

Les conditions météorologiques et les prix élevés du carburant influent sur la consommation mondiale d’énergie.

Les prix élevés du pétrole de ces dernières années ont eu un impact sur la consommation de pétrole (…). En Europe, un hiver relativement doux, associé aux prix élevés du carburant, a eu pour effet une atténuation des émissions de CO2 (…).

Le top 5 : Chine, États-Unis, Union européenne, Inde et Russie.

BAprès avoir dépassé les émissions des États-Unis de 8% en 2006, les émissions de la Chine sont maintenant estimées environ 14% supérieures à celles des États-Unis. La Chine arrive en tête de liste des pays responsables d’émissions de CO2, produisant environ un quart du total mondial (24%), suivie par les États-Unis (21%), l’UE-15 (12%), l’Inde (8%) et la Fédération Russe (6%). Ensemble, ces pays représentent 71% des émissions mondiales de CO2. Toutefois, dans la mesure où l’importance de la population et le niveau de développement économique diffèrent considérablement entre ces pays, les émissions par habitant produisent un classement très différent : les émissions de CO2 par personne aux États-Unis, Russie, UE-15, Chine et Inde sont respectivement environ de 19,4, 11,8, 8,6, 5,1 et 1,8 tonne de CO2, actuellement.

La Chine produit la moitié du ciment dans le monde.

CParmi tous les procédés industriels, non compris la combustion de carburant fossiles, la production de ciment est la principale source de CO2. Elle contribue à environ 5% du total des émissions mondiales provenant de l’utilisation des combustibles et des autres activités industrielles. Avec une hausse de production de 10% en 2007, la part de la Chine dans la production mondiale de ciment est d’environ 50% aujourd’hui.

La fabrication du ciment est responsable de près de 20% des émissions de CO2 de la Chine, si l’on inclut celle due à la combustion de combustibles pour le chauffage des fours. La reconstruction des habitations de plus de 5 millions de personnes après le tremblement de terre qui a récemment frappé la province du Sichuan, pourrait faire monter en flèche la demande de ciment. Les autres activités économiques responsables de l’accroissement des émissions de CO2 en Chine sont la production d’électricité et la production d’acier. Bien que les émissions dues au transport routier augment de plus en plus rapidement, en valeur absolue les émissions de CO2 dues à la production d’électricité sont environ dix fois plus importants.

L’exemple de la Chine montre que lorsque d’autres pays commenceront à connaître un processus semblable d’urbanisation rapide et d’industrialisation, les émissions de CO2 de l’industrie du bâtiment seront également renforcées en raison d’une forte augmentation de la fabrication de ciment. Au cours des cinq dernières années, les hausses les plus importantes des émissions liées au ciment dans d’autres pays - en valeur absolue - sont observables en Inde, Turquie, Vietnam, Espagne, Mexique, Pakistan et Arabie saoudite. Toutefois, celles-ci ne sont pas comparables avec l’augmentation constatée en Chine, qui a été dix fois plus forte que celle de l’Inde.

http://contreinfo.info/article.php3?id_article=2066

 

■ Pollution en Thaïlande : l’exemple de Bangkok.

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■ Japon : la « maladie de Minamata »

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Ihttp://fr.wikipedia.org/wiki/Maladie_de_Minamata

 

Troisième partie : EMERGENCE DE LA CHINE : ENJEUX ET DEFIS.

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1) Aspects de la puissance chinoise

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2) Un Etat unitaire et non fédéral.

25'Les entités territoriales de rang provincial, qui relèvent directement du pouvoir central comptent :

23 provinces

4 municipalités :

- 3 grandes métropoles littorales auxquelles ont été intégrés leurs districts périphériques, initialement ruraux (Pékin, Tianjin, Shanghai) ;

- et Chongqing, séparée du Sichuan et créée en 1996, qui réunit l'essentiel des districts le long du réservoir du barrage des Trois Gorges.

5 régions autonomes, qui sont de vastes territoires où la capacité administrative des nationalités minoritaires est reconnue à l'échelle provinciale :

- Mongolie intérieure (nationalité mongole),

- Ningxia (hui ou chinoise musulmane),

- Xinjiang (ouïghoure),

- Tibet (tibé­taine)

- et Guangxi (Zhuang).

2 régions d'administration spéciale : Hong Kong et Macao, depuis leur rétrocession respectivement en 1997 et 1999.

 

3) Déséquilibres.

■ Le peuplement.

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■ L’I.D.H. (Indicateur de développement humain).

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■ Villes et campagnes.

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