14 décembre 2013 6 14 /12 /décembre /2013 11:47

LE MONDE, 14 décembre 2013

3524067 3 2463 le-robot-d-exploration-le-lapin-de-jade-le-5Pour la première fois en trente-sept ans, c'est-à-dire depuis la sonde soviétique Luna 24 en 1976, un engin venu de Terre a aluni. Il s’appelle Chang'e 3, déesse de la Lune, et est chinois. La sonde lunaire a été lancée avec succès le 1er décembre et s'est posée le 14 décembre sur une plaine de lave basaltique lunaire.

Le rover de 120 kilogrammes à six roues, baptisé Yutu (« le lapin de jade »), chargé d'enregistrer toutes sortes de données physiques et visuelles, a été déployé sur la Lune plusieurs heures après l'alunissage de la sonde spatiale Chang'e-3. L’astromobile y évoluera pendant trois mois sur une surface de près de cinq kilomètres carrés. Il est doté de sept instruments scientifiques, dont un radar pour analyser le sous-sol, de caméras ainsi que d’un télescope pour observer le cosmos depuis la Lune.

Le premier rover à avoir roulé en 1970 sur le sol lunaire, Lunakhod 1, était soviétique. Au cours des dernières décennies, plusieurs pays en Asie – l'Inde, le Japon et la Chine – ont envoyé des sondes s’écraser sur la Lune.

Avec Chang'e 3, la Chine reprend toutefois le relais de l’exploration lunaire et, surtout, franchit une étape-clé de sa marche vers la Lune : d’ici à 2020, le pays, qui a envoyé à cinq reprises des hommes dans l’espace depuis 2003 et a mis en orbite une mini-station spatiale habitable en 2012, devrait en principe maîtriser toute la séquence technologique qui permettra de faire séjourner des taïkonautes sur l’astre des nuits et de les ramener sur Terre.

Deux sondes avaient été préalablement envoyées en orbite lunaire par les Chinois pour reconnaître le terrain en 2007 et 2010 et choisir une région encore inconnue de la Lune. Ce premier atterrissage lunaire, a rappelé le directeur adjoint du programme lunaire chinois Li Zhengben, quelques jours avant le lancement, « comporte des risques » : 80 % des technologies de la mission Chang'e 3 seraient « nouvelles » par rapport au reste du programme spatial chinois.

4334648 3 15b5 ill-4334648-eff0-174984 23aa2b785f070ae0c1ef« Ce genre de mission a un double objectif : scientifique, puisqu'il s'agira de recueillir toutes sortes de données et d'explorer la zone autour de l'atterrisseur, explique Philippe Coué, un expert français qui a consacré plusieurs ouvrages à l’aventure chinoise dans l’espace. Mais surtout technologique, car il s’agit pour les Chinois de valider des technologies qui leur serviront plus tard, comme la navigation du rover, l’utilisation d’un bras télémanipulateur, ou encore le moteur à poussée variable de l’atterrisseur. » Il poursuit : « A partir du moment où l’on sait se poser, se mettre en orbite, revenir, on a toute la séquence. Après, c’est le vol habité. »

A terme, la Chine envisage de créer une base lunaire, tout en continuant son programme de station orbitale. C’est le seul pays au monde à être engagé à ce jour dans un programme aussi ambitieux et aussi complet. Le pari est osé, mais rien n’interdit à la Chine, soulignent les observateurs, d’ouvrir plus tard ses programmes à des participants étrangers : elle attirera de nouveaux financements, tout en gardant la tutelle.

http://www.lemonde.fr/sciences/article/2013/12/02/retour-sur-la-lune_3523974_1650684.html

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